Pauvres fleurs/La Femme aimée

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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 67-70).



LA FEMME AIMÉE.
À Marie D.


Vous partez donc, Marie,
Et quelqu’un pleurera ?
Pâle de rêverie,
Quelqu’un m’en parlera !
Si vous mourez en route,
Fantôme gracieux,
Quelqu’un mourra sans doute,
Pour vous revoir aux cieux.


Avec votre couronne,
Vos printemps alentour,
Lorsqu’on vous environne,
Parlant trop haut d’amour,
De ce bruit détournée,
Revenez sans remord,
Au seul qui, détrônée,
Vous suivrait dans la mort !

Lorsqu’à travers l’absence,
Quelqu’un cherche après nous,
C’est sentir la présence
D’une âme à nos genoux :
On peut dire, je t’aime !
En étendant sa main,
Sûre que ce mot même,
Nous répond en chemin.

Sous un prisme enfermée
Aux suaves couleurs,
Tout pour la femme aimée,
Se fait encens ou fleurs !

Oh ! que c’est beau la vie,
Qui donne de tels jours ;
Devancée ou suivie
D’un chant qui dit : toujours !

Sans que personne pleure,
Moi, je peux m’en aller ;
Sans qu’un atôme meure,
Mon sort peut s’exhaler ;
Sans que rien me réponde,
Moi, je peux dire : adieu !
Marie, et seule au monde,
Je marche seule à Dieu.