Pauvres fleurs/Milan

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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 257-258).
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MILAN.


À Milan, quand on se promène,
Sur deux rangs dans la Contrada,
Quand le soir, de sa fraîche haleine,
A balayé la ville pleine
De tout le feu qui l’inonda ;
Quand l’aile de la brise apporte
Des jardins l’amoureux poison ;
C’est triste à voir sur chaque porte,
Le pauvre nain de la maison !


Quand chaque madone éclairée
De lampes brûlant au soleil,
D’enfans, de femmes entourée
Sourit dans sa gloire honorée
De bouquets à l’encens vermeil ;
Pourquoi, parmi les brunes filles,
Dont elle bénit l’oraison
Donne-t-elle à tant de familles,
Le pauvre nain de la maison !

Quand du dôme la voix immense
Roule dans l’air et dit : « Venez,
Dans mon amour, dans ma clémence,
Cacher vos peurs, votre démence,
Mes innocens ! mes pardonnés ! »
Christ ! au parvis plein de prière,
Plein d’âmes de toute saison,
Épure l’humaine poussière,
Des nains de ta grande maison !