Pauvres vieilles cités (Verhaeren)
PAUVRES VIEILLES CITÉS
Dites de quel grand plan de gloire,
Vers la vie humble et dérisoire,
Ni ce que disent aux nuées
Tant de pierres destituées
Tout est muet et léthargique,
Tout semble aller à pas logiques
Sur le trottoir, ses éventaires,
Un peu de vie hebdomadaire
Ou bien, quand la kermesse et ses cortèges d’or
Mènent leur ronde autour des rues,
L’émoi des foules accourues
Buissons corrects, calmes verdures,
Mais une odeur de moisissure
Vous ne penchez sur vos négoces
Que des yeux mornes ou féroces,
Se complaisent aux moindres choses,
Et de pauvres apothéoses
Et vivez à la dérobée
Des miettes d’ombre et d’or tombées
Notre rêve ne veut pas croire
Que plus jamais la belle gloire
Damme, Courtrai, Ypres, Termonde,
Pour n’être plus au vent du monde
En ces heures de somnolence,
Où le visage du silence