Petit cours d’histoire de Belgique/p08/ch2

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Maison d'édition Albert De Boeck (p. 142-143).



CHAPITRE II

Charles VI (1715-1740).


1. Traité de la Barrière (1715). Charles VI ne prit possession de nos provinces qu’après avoir signé, au profit de la Hollande, l’humiliant traité de la Barrière ou d’Anvers, en 1715 :

1° Il autorisait les Hollandais à occuper Namur, Tournai, Menin, Warneton, Ypres, Furnes et Knocke. Ces forteresses devaient servir de barrière aux empiétements de la France ;

2° Il leur accordait un subside de 1.250.000 florins pour l’entretien des garnisons ;

3° Il consentait au maintien de la fermeture de l’Escaut.

2. Troubles à Bruxelles. — Charles VI confia le gouvernement des Pays-Bas au prince Eugène, lequel délégua ses pouvoirs au marquis de Prié, ministre plénipotentiaire. Le despotisme de celui-ci provoqua des troubles à Bruxelles ; mais, au moyen de troupes allemandes, le marquis rétablit aisément la tranquillité. Quatre doyens des métiers furent condamnés à un exil perpétuel. Un cinquième, François Anneessens, vieillard de soixante-dix ans, monta sur l’échafaud, le 20 septembre 1719. C’était un simple tourneur de chaises, mais son éloquence et sa probité lui donnaient un ascendant remarquable sur le peuple. Il a été surnommé le dernier martyr des libertés communales.

3. Compagnie des Indes. — Le marquis de Prié, voulant faire revivre l’activité commerciale, favorisa la création de la Compagnie d’Ostende pour le commerce des Indes (1722). Mais les Hollandais et les Anglais, redoutant la concurrence, récriminèrent vivement, et le faible Charles VI suspendit, puis supprima la compagnie (1731). En retour, il obtint l’adhésion de ces puissances à la Pragmatique Sanction. On appelle de ce nom un acte célèbre par lequel Charles VI assurait ses États à sa fille aînée, Marie-Thérèse.