Petit manuel de politesse et de savoir-vivre à l’usage de la jeunesse/Préliminaires

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La civilité consiste à bien régler ses discours et ses actions.

2. Celui qui ne connaît pas les règles de la civilité manque souvent aux usages reçus dans le pays où il se trouve, et devient par là l’objet du mépris général.

3. Veiller sur toutes nos actions, éviter avec soin de mettre nos défauts en évidence, être indulgent pour les défauts d’autrui, avoir pour chacun les égards qui lui sont dus suivant son âge et sa condition, donner à tout le monde des marques d’une bienveillance sagement entendue : voilà ce que la civilité, ou si l’on veut, la politesse, exige plus particulièrement de nous.

4. « La politesse, dit La Bruyère, est une certaine attention à faire pour que, par nos discours et par nos actions, les autres soient contents de nous et d’eux-mêmes. »

Elle est le supplément de beaucoup de vertus, puisqu’elle s’oppose souvent à nos démarches, nous fait renoncer à nos mauvaises habitudes, mesurer nos discours, et donner à nos actions un but utile au prochain.

5. On distingue deux sortes de politesse : l’une, celle du cœur, qui dérive de vertus chrétiennes ou morales (l’humilité, la charité, la modestie et la bienveillance) : l’autre, celle d’apparence, qui a sa source dans l’amour-propre, la vanité et l’intérêt.

6. L’homme que la vertu rend poli, ne fait jamais rien de désobligeant ; il sent tout ce qui lui manque, et par cette raison, il est très modeste, extrêmement indulgent pour autrui, et très sévère pour lui-même. Sa bienveillance le porte à excuser les autres, à leur trouver du mérite et à les servir de tout son pouvoir, quelque soit leur rang ou les circonstances où il les voit placés.

7. L’homme poli par calcul, est vain, présomptueux, égoïste ; il n’aime, n’estime et n’oblige personne que par intérêt. Ses protestations d’amitié, ses attentions, ses prévenances, sont autant de grimaces qui n’offrent qu’un simulacre de politesse.

8. Ce n’est sans doute pas ce dernier qu’il faut chercher à imiter ; mais quelque méprisable qu’il soit, sa présence est moins dangereuse, moins insupportable que celle d’un enfant grossier, brusque et malpropre.

9. Un auteur estimable a dit : « dans ce siècle poli, la grossièreté est le premier des défauts ; il faudrait un mérite bien supérieur pour se la faire pardonner. La politesse, au contraire, forme seule une recommandation, elle tient lieu de bien de talents : on aime à voir dans les jeunes gens une perfection qui honore toutes les conditions de la vie et qui embellit également tous les âges. »