Petits châteaux de Bohême (Didier, 1853)/Troisième château

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Eugène Didier (p. 83-84).

TROISIÈME CHÂTEAU


Château de cartes, château de Bohême, château en Espagne, — telles sont les premières stations à parcourir pour tout poëte. Comme ce fameux roi dont Charles Nodier a raconté l’histoire, nous en possédons au moins sept de ceux-là pendant le cours de notre vie errante, — et peu d’entre nous arrivent à ce fameux château de briques et de pierre, rêvé dans la jeunesse, — d’où quelque belle aux longs cheveux nous sourit amoureusement à la seule fenêtre ouverte, tandis que les vitrages treillissés reflètent les splendeurs du soir.

En attendant, je crois bien que j’ai passé une fois par le château du diable. Ma cydalise, à moi, perdue, à jamais perdue !… Une longue histoire, qui s’est dénouée dans un pays du nord, — et qui ressemble à tant d’autres ! Je ne veux ici que donner le motif des vers suivants, conçus dans la fièvre et dans l’insomnie. Cela commence par le désespoir et cela finit par la résignation.

Puis, revient un souffle épuré de la première jeunesse, et quelques fleurs poétiques s’entr’ouvrent encore, dans la forme de l’odelette aimée, — sur le rhythme sautillant d’un orchestre d’opéra.