Petits poèmes (LeMay)/À mes petites sœurs

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Petits poèmes (LeMay)
C. Darveau (p. 233-235).

À MES PETITES SŒURS



Plus loin que le nuage
À la frange d’azur
Dont l’inconstante image
Roule au fond du lac pur ;

Plus loin que ce beau voile
Aux replis radieux
Où scintille l’étoile,
Cette perle des cieux,

Le chœur brillant des anges,
Adorant le Seigneur,

Célèbre ses louanges
Et chante en son honneur ;

Lui porte la prière
Du matin et du soir,
Les pleurs de la misère
Et les chants de l’espoir !

Dans ce chœur qui proclame
Du Très-Haut les douceurs,
Deux esprits tout de flamme
Furent ici vos sœurs.

Elles étaient gentilles
Comme le fruit naissant
Que le long des charmilles
Vous cueillez en passant.

Deux anges de leurs ailes
Protégeaient leur berceau,
Comme deux fleurs nouvelles
Couvrent un nid d’oiseau.

Mais un jour ils leur dirent :
« Laissez ce triste lieu. »
Et toutes deux sourirent
Et volèrent à Dieu.


Et notre pauvre mère
Prit le deuil et gémit.
Sa peine fut amère
Mais sa foi se soumit.

Elle pria sans cesse,
Sans cesse avec amour.
Dieu calma sa tristesse…
Et vous vîtes le jour.