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Poème de la prison/Ballade LI

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Poésies complètes, Texte établi par Charles d’HéricaultErnest Flammarion (p. 68-69).
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BALLADE LI.

     La première fois, ma Maistresse,
Qu’en vostre présence vendray,
Si ravi seray de liesse
Qu’à vous parler je ne pourray ;
Toute contenance perdray,
Car, quant vostre beauté luira
Sur moy, si fort esbloïra
Mes yeulx que je ne verray goutte ;
Mon cueur aussi se pasme a,
C’est une chose que fort doubte.
     Pource, nompareille Princesse,
Quant ainsi devant vous seray,
Vueilliez, par vostre grant humblesse,
Me pardonner, se je ne sçay
Parler à vous, comme devray ;
Mais tost après, s’asseurera
Mon cueur et puis vous contera
Son fait, mais que nul ne l’escoute ;
Dangier grant guet sur lui fera,
C’est une chose que fort doubte.
     Et se mettra souvent en presse
D’oüir tout ce que je diray

Mais je pense que par sagesse
Si tresbien me gouverneray
Et telle maniere tendray
Que faulx Dangier trompé sera,
Ne nulle riens n’appercevra ;
Si mettra il sa painne toute
D’espier tout ce qu’il pourra ;
C’est une chose que fort doubte.