Poème de la prison/Ballade XXIX

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Poésies complètes, Texte établi par Charles d’HéricaultErnest Flammarion (p. 44-45).

BALLADE XXIX.

     Je ne crains Dangier ne les siens.
Car j’ay garny la forteresse
Où mon cueur a retrait ses biens,
De Reconfort et de Liesse ;
Et ay fait Loyauté maistresse,
Qui la place bien gardera.
Dangier deffy et sa rudesse,
Car le Dieu d’Amours m’aydera.
     Raison est et sera des miens
Car ainsi m’en a fait promesse,
Et Espoir mon chier amy tiens,
Qui a maintesfois par proesse,
Bouté hors d’avec moy Destresse ;
Dont Dangier, dueil et despit a.
Mais ne me chault de sa tristesse,
Car le Dieu d’Amours m’aidera.
     Pource, requerir je vous viens,
Mon cueur, que prenez hardiesse ;
Courez lui sus, sans craindre riens,

À Dangier qui souvent vous blesse.
Si tost que vous prandrez l’adresse
De l’assaillir, il se rendra ;
Je vous secourray sans peresse,
Car le Dieu d’Amours m’aidera


ENVOI

     Se vous m’aidiez, gente Princesse,
Je croy que brief le temps vendra
Que j’auray des biens à largesse,
Car le Dieu d’Amours m’aydera.