Poème de la prison/Ballade XXXVI

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Poésies complètes, Texte établi par Charles d’HéricaultErnest Flammarion (p. 51-52).

BALLADE XXXVI.

     Je ne vous puis ne sçay amer,
Ma Dame, tant que je vouldroye ;
Car escript m’avez pour m’oster
Ennuy qui trop fort me guerroye :
« Mon seul amy, mon bien, ma joye,
« Cellui que sur tous amer veulx,
« Je vous pry que soyez joyeux
« En espérant que brief vous voye. »
     Je sens ces motz mon cueur percer
Si doulcement que ne sauroye
Le confort, au vray, vous mander
Que vostre message m’envoye.
Car vous dictes que querez voye
De venir vers moy ; se m’aid Dieux,
Demander ne vouldroye mieulx,
En espérant que brief vous voye.
     Et quant il vous plaist souhaidier
D’estre emprès moy, où que je soye,

Par Dieu, nompareille sans per,
C’est trop fait, se dit l’osoye.
Se suis ge qui plus le devroye
Souhaidier de cueur tressoingneux,
C’est ce dont tant suis desireux,
En espérant que brief vous voye.