Poèmes (Canora, 1905)/À Compiègne, un jour gris

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(p. 36-37).

À COMPIÈGNE, UN JOUR GRIS

Pour mademoiselle Marguerite Gerhardt.


Sur les bois pensifs qu’effleure l’automne,
Sur le vieux palais, désert et jauni,
Sur les droits massifs des jardins fleuris,
La pluie, en frissons, glisse monotone,
Une Cloche mélancolique sonne,
Douce, douce, sous le ciel gris…

C’est comme une voix, c’est comme une plainte,
Si grave, qu’on croit parfois, à l’ouïr,
Comme au temps défunt des splendeurs éteintes,
Voir des spectres blancs de reines surgir…
Une cloche mélancolique tinte,
Lourde, lourde de souvenirs.


Ô ce vieux palais plein d’ombres charmantes,
Qu’il vous en souvienne… où furent bercés
Un jour qu’il pleuvait, nos rêves lassés,
Par le vain fracas des cités bruyantes.
Une cloche mélancolique chante,
Grave, grave, les temps passés.