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Poèmes (Canora, 1905)/La princesse au jardin

La bibliothèque libre.
(p. 60-61).

LA PRINCESSE AU JARDIN



Au chant plaintif des harpes lentes
Et dolentes,
Dans son hamac de soie et de satin,
La princesse rêve au jardin…
Des parfums montent des Jasmins
Tièdes et fins,
Mais dans ses yeux bleus des larmes brillantes
Perlent au chant des harpes lentes.

En vain la lune caressante
Triste, argente
Les cheveux blonds et les petites mains,
Les parfums montent des jasmins,
La princesse a le cœur chagrin.
Qu’il est loin
Le Prince guerrier à la voix grisante !
En vain la lune est caressante !


Une cuirasse d’or sanglante,
Bruissante
Du heurtement sourd des piques d’airain,
La princesse a le cœur chagrin.
Ah ! S’il tombait par les chemins,
Quels lendemains
Aux baisers, à l’étreinte frémissante,
Une cuirasse d’or sanglante !

Au bercement des harpes lentes
Et dolentes,
Dans son hamac de soie et de satin,
La princesse pleure au jardin.