Poèmes choisis (Cadou)/L’Homme au képi de garde-chasse
L’HOMME AU KÉPI DE GARDE-CHASSE
Qu’est-ce que je suis moi Pacifique Liotrot
Depuis qu’on a enterré les personnes du château ?
Depuis qu’on a enterré les personnes du château ?
Un rien une clé perdue dans un massif
Un survivant des derniers feux d’artifice
Un survivant des derniers feux d’artifice
Et le vieux garde-chasse en rond s’assied
Dans le soleil avec sa tristesse à ses pieds
Dans le soleil avec sa tristesse à ses pieds
Ce n’est pas d’avoir arrosé les glaïeuls
Qui le rendra ce soir un peu moins seul
Qui le rendra ce soir un peu moins seul
Voilà vingt ans qu’il n’a pas bu de bon café
Mais de l’eau rouge sur des glands éclatés
Mais de l’eau rouge sur des glands éclatés
Et qu’il dort comme un enfant d’asile dans un lit-cage
Entouré de vieilles photographies de mariage
Entouré de vieilles photographies de mariage
Mais ce soir c’est plus fort que lui si l’air est doux
Si la sueur colle à la jointure de ses genoux
Si la sueur colle à la jointure de ses genoux
Il est debout dans sa jeunesse et il s’habille
De velours vert avec des boutons qui brillent
De velours vert avec des boutons qui brillent
Entendez-moi je suis Pacifique Liotrot
Je suis le garde-chasse du château !
Je suis le garde-chasse du château !
Qu’est-ce qu’il porte là dans ses deux mains brisées ?
Un cor de cuivre noir comme un poulet vidé.
Un cor de cuivre noir comme un poulet vidé.