Poèmes mesurés/9
IX
Le champ de blé mûr est un carré de soleil
posé à terre avec, dessus, le pré du ciel.
Un souffle fait s’entrechoquer les chaumes longs
et effeuille un coquelicot dans un sillon.
La caille à croupe courte est comme l’eau courante :
sa course ondule à la lumière, et elle chante
sur un ton clair qui se déplace et qui déroute.
Les ombres bleues des peupliers barrent la route
qui monte et qui descend et ne se laisse voir
que çà et là comme une gerbe dans du noir.