Poètes d’aujourd’hui/Maurice Maeterlinck

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Poètes d’aujourd’huiMercure de France (p. 315-328).


MAURICE MAETERLINCK

1862

Notice

M. Maurice Maeterlinck (Polydore-Marie-Bernard) est né à Gand (Belgique), le 29 août 1862. Il appartient à une vieille famille flamande qui s’était fixée, au xive siècle, à Renaix, localité de la Flandre occidentale, dont Gand est le chef-lieu. Un de ses ancêtres, bailli, aurait, pendant une année de disette, distribué aux pauvres des mesures de grain. De ce fait, et du terme qui servait à désigner cette « mesure », dériverait le nom de Maeterlinck. M. Maurice Maeterlinck fit ses études chez les jésuites, au Collège Sainte-Barbe de Gand, où il eut comme condisciples Charles Van Lerberghe et M. Grégoire Le Roy. Pour satisfaire aux désirs de sa famille, il fit ensuite son droit à l’Université, puis se fit inscrire au barreau de Gand. Il plaida peu, l’esprit tourné uniquement vers les lettres, ayant d’ailleurs commencé à écrire, dès le collège, quelques essais qu’il ne songeait pas à publier. C’est en 1886 que M. Maurice Maeterlinck vint pour la première fois à Paris. Il était accompagné de M. Grégoire Le Roy, dont la vie, à cette époque, se confond avec la sienne. Tous deux prirent contact avec le monde littéraire. « Je voyais souvent, a dit quelque part M. Maurice Maeterlinck, Villiers de l’isle-Adam. C’était à la Brasserie Pousset, faubourg Montmartre. Il y avait là également Saint-Pol Roux, Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, Rodolphe Darzens… Catulle Mendès y passait quelquefois… » La Pléiade, fondée comme il a été dit dans la notice de M. Grégoire Le Roy, M. Maurice Maeterlinck y fit ses débuts avec un conte en prose : Le Massacre des Innocents, et quelques-uns des poèmes dont il devait former, en 1889, son premier ouvrage et son unique recueil de vers : Serres Chaudes. Au bout de sept mois, M. Maurice Maeterlinck quitta Paris, pour retourner vivre en Flandre, passant l’hiver à Gand, et l’été dans sa campagne d’Oostacker, au milieu de ses rosiers et de ses ruches pleines d’abeilles. Présenté en 1887 aux rédacteurs de La Jeune Belgique par Georges Rodenbach, il publia dans cette revue quelques autres poèmes qu’on retrouve également dans Serres Chaudes, puis, à la fin de 1889, il fit paraître La Princesse Maleine, drame en cinq actes, où l’on voulut voir, à tort, une imitation de Shakespeare. C’est de la publication de La Princesse Maleine que date la grande réputation de M. Maurice Maeterlinck. Un écrivain se trouva, en effet, assez curieux pour lire cette œuvre, assez épris des novateurs et assez clairvoyant pour l’apprécier, et assez courageux, si l’on songe à toute la routine d’esprit contre laquelle il allait, pour faire part de son enthousiasme au public. Ce fut M. Octave Mirbeau, et l’article qu’il écrivit à ce sujet dans le Figaro (24 août 1890) rendit célèbre du jour au lendemain le nouvel écrivain. « Je ne sais rien de M. Maurice Maeterlinck, écrivait M. Mirbeau. Je ne sais d’où il est et comment il est. S’il est vieux ou jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. Je sais seulement qu’aucun homme n’est plus inconnu que lui ; et je sais aussi qu’il a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la glapissante lyre — ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés, parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un et comme ils n’en ont écrit aucun jusqu’ici. Enfin, M. Maurice Maeterlinck nous a donné l’œuvre la plus géniale de ce temps, et la plus extraordinaire et la plus naïve aussi, comparable — et oserai-je le dire ? — supérieure en beauté à ce qu’il y a de plus beau dans Shakespeare. Cette œuvre s’appelle La Princesse Maleine. Existe-t-il dans le monde vingt personnes qui la connaissent ? J’en doute… » Une si éclatante révélation de son nom ne troubla point M. Maurice Maeterlinck dans sa vie paisible. Pendant que tout le monde discutait autour de son œuvre, il continua à travailler, et bientôt d’autres drames vinrent s’ajouter à La Princesxe Maleine. D’abord L’Intruse, représentée au Théâtre d’Art en juin 1891, dans une soirée au bénéfice de Paul Verlaine et du peintre Gauguin, puis Les Aveugles, représentés au même théâtre quatre mois après, puis Les Sept Princesses. Entre temps, M. Maurice Maeterlinck avait publié une traduction de L’Ornement des Noces Spirituelles, traité de mystique du moine flamand Ruysbroeck l’Admirable, avec une Introduction qui fut la première de ces méditations métaphysiques qui composent aujourd’hui ces livres universellement connus : Le Trésor des Humbles, La Sagesse et la Destinée, Le Double Jardin, La Vie des Abeilles et Le Temple enseveli. En 1893, MM. Lugné Poe et Camille Mauclair firent représenter aux Bouffes-Parisiens un nouveau drame de M. Maurice Maeterlinck : Pelléas et Mélisande, dans lequel nos critiques dramatiques, toujours bons juges, s’imaginèrent de retrouver toutes les situations théâtrales connues depuis Shakespeare jusqu’à M. Courteline, en passant par Musset, Poe, Feuillet et Augier. M. Maurice Maeterlinck publia ensuite une traduction d’Annabella (Tis pity she’s a whore), drame de John Ford, représenté au Théâtre de l’Œuvre en novembre 1894, — les trois petits drames pour marionnettes : Alladine et Palomides, Intérieur, et La Mort de Tintagiles, dont le deuxième seul a été joué, au Théâtre de l’Œuvre, en mars 1895, — une traduction des Disciples à Saïs et des Fragments de Novalis, — et nous arrivons ensuite au Trésor des Humbles, à La Sagesse et la Destinée, Le Double Jardin, La Vie des Abeilles, Le Temple enseveli, sans oublier Monna Vanna et Joyzelle, deux pièces représentées à Paris ces dernières années. On ne saurait dire en peu de lignes toute la beauté profonde et rare qu’on trouve dans tous les livres de M. Maurice Maeterlinck, la lumière spirituelle qu’ils dégagent, la voix grave et unique qu’on y entend. « Tous les journaux et toutes les revues du monde, a dit M. Camille Mauclair, ont commenté, critiqué, loué, exposé longuement l’esprit original de cette philosophie psychologique et mystique, le style pur de ces drames, leur composition puissamment tragique, la haute et curieuse aisance d’analogies qui s’y révèle, la maîtrise, le sens de perfection simple, l’expansion intérieure qui en vivifient la durable et particulière beauté. Un fait suffit : la voix des foules, qui a obscurément raisonné, prononce couramment le nom de ce jeune homme avec celui de l’auguste vieillard Scandinave, Henrik Ibsen. Ce sont des gloires occidentales, au-dessus de la mode, et il y a là un signe infaillible de grandeur. J’observerai seulement la dualité de cet esprit. Comme celui de Poe, il est également apte à la construction d’œuvres tangibles et saisissantes, et à la spéculation abstraite, conciliation naturelle chez lui et si difficile aux autres esprits : c’est l’intellectuel complet. Il semble pourtant préférer la dissertation métaphysique à la réalisation littéraire directe où il a trouvé la célébrité. Son évolution l’y entraîne, et cet homme, qui a commencé par être un parfait artiste de légendes, finira par renoncer aux drames et aux œuvres imaginatives pour se consacrer exclusivement aux sciences morales. Ce qu’il en a esquissé présage un métaphysicien peut-être inattendu de l’Europe intellectuelle, un surprenant continuateur de la philosophie imagée et artiste de Carlyle. Je répète que M. Maurice Maeterlinck est un homme de génie authentique, un très grand phénomène de puissance mentale à la fin du xixe siècle. L’enthousiaste Mirbeau l’approche à tort de Shakespeare, avec qui il n’a nulle affinité intellectuelle. La vraie figure à qui fait songer M, Maeterlinck, au-dessus de la vaine littérature, j’ose dire que c’est Marc-Aurèle. » (Camille Mauclair : Maurice Maeterlinck. Les Hommes d’aujourd’hui.)

Vers la fin de 1896, M. Maurice Maeterlinck quitta définitivement la Flandre et vint se fixer à Paris, dans une grande et vieille maison de la rue Raynouard, où il a écrit ses derniers ouvrages. Sa vie est simple. Il passe ses hivers dans le midi, l’été il gagne la Normandie, s’installe à l’abbaye de Saint-Wandrille, dans la Seine-Inférieure. Entre temps, il voyage, remonte vers le nord, gagne l’Angleterre ou la Hollande, puis redescend vers l’Italie. Il écrit au Figaro, dans les revues anglaises et allemandes, les magazines américains. Ses livres se trouvent tout naturellement formés des essais qu’il publie ainsi pour une élite. À tout instant des machines roulent pour l’impression de ses spéculations, des théâtres jouent ses pièces avec succès. En même temps qu’une de ses œuvres paraît en France, des éditions en toutes langues en sont faites à l’étranger. C’est ce qui explique l’influence considérable qu’il exerce hors de chez nous, dans les pays anglo-saxons, germaniques et slaves. Sa situation est unique à l’heure présente dans la littérature.

M. Maurice Maeterlinck a collaboré à La Pléiade, 1re série (1886) : Le Massacre des Innocents, conte en prose (mars, n° 3). Cette page, qui n’a pas été réimprimée dans ses œuvres, porte cette signature : Mooris Maeterlinck. — La Jeune Belgique [Bruxelles] (1887-1888-1889-1893) Vers. — La Wallonie (1887-1890). — La Société Nouvelle (1888-1892) : La Princesse Maleine. — La Conque (1891). — Floréal (1892). — Le Réveil [Gand] (1892-1894). — Mercure de France (août 1894, août 1896 et mai 1895), comptes-rendus ; Introduction à un essai sur Jules Laforgue. — Le Figaro (1894 à 1903). Quelques articles réunis ensuite en volume. — Nouvelle Revue (1894-1895). Novalis. Essais : l’âme ; les femmes ; la morale mystique. Nouveaux Essais : la Beauté invisible ; la Beauté intérieure ; la Vie profonde. — L’Idée moderne (1896). — Le Coq Ronge (1896). — L’Aube (1896). — Revue Encyclopédique (1897) : La Mystique flamande. — Revue de Paris, l’Indépendance Belge, The Forum (1898-1902). — La Vogue, nouvelle série (1899). — Wiener Rundschau. Nieue Deutsche Rundschau, Die Zukunſt [Berlin]. — Die Insel [Munich] (1900), etc.

Bibliographie :

Les œuvres. — Serres chaudes, poèmes, frontispice et culs-de-lampe de Georges Minne. Paris, Vanier, 1889, in-8. Tirage : 155 exempl. sur hollande (Réimpressions : Serres chaudes, nouv. édition. Bruxelles, P. Lacomblez, 1890 et 1895, in-8 ; Serres chaudes, suivies de Quinze chansons, nouv. édition. Bruxelles, P. Lacomblez, 1900, in-8). — La Princesse Maleine, drame en 5 actes [couverture et fig. de Georges Minne]. Gand, Imprimerie Louis van Melle, 1889, în-8, publié à 30 exempl. et non mis dans le commerce (Réimpression : La Princesse Maleine. Gand, Impr. Louis van Melle, 1889, in-18 (155 ex.) ; La Princesse Maleine. Bruxelles, P. Lacomblez, 1890, in-18). — Les Aveugles [L’Intruse[1]. Les Aveugles[2]]. Bruxelles, P. Lacomblez, s. d. (1890), pet. in-8, tirage à 150 exempl. (Réimpression : Les Aveugles [l’Intruse. Les Aveugles]. Bruxelles, P. Lacomblez, 1891, in-18). — L’Ornement des noces spirituelles, de Ruysbroeck l’Admirable, traduit du flamand et accompagné d’une introduction. Bruxelles, P. Lacomblez, 1891, in-8 (Réimpression : L’Ornement des noces spirituelles, etc., nouv. édition, Bruxelles, P. Lacomblez, 1900, in-8). — Les Sept Princesses [un acte]. Bruxelles, P. Lacomblez, 1891, in-18. — Pelléas et Mélisande [cinq actes][3]. Bruxelles, P. Lacomblez, 1892, in-18. — Alladine et Palomides, Intérieur et La Mort de Tintagiles : trois petits drames pour marionnettes[4], culs-de-lampe par Georges Minne. Bruxelles, Collection du « Réveil », chez Ed. Deman, 1894, in-18. — Annabella (’Tis pity she’s a whore), drame en 5 actes de John Ford, traduit et adapté pour le théâtre de l’Œuvre. Paris, Ollendorff, 1895, in-18. — Les Disciples à Saïs et les Fragments de Novalis, traduits de l’allemand et précédés d’une introduction. Bruxelles. P. Lacomblez, 1895, in-18. — Le Trésor des Humbles. Paris, Soc. du Mercure de France, 1896, in-18. — Aglavaine et Selysette [cinq actes]. Paris, Soc. du Mercure de France, 1896, in-18. — Douze Chansons, illustrées de 12 planches et 12 culs-de-lampe, par Charles Doudelet, Paris, P. V. Stock (Imprim. par Louis van Melle, à Gand), 1896, in-4 oblong. Tirage 600 exempl. sur papier Ingres. (Cet ouvrage a été imprimé avec des variantes à la suite de Serres chaudes, à Bruxelles, par P. Lacomblez, l900, in-18). — La Sagesse et la Destinée. Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — La Vie des Abeilles. Paris, Fasquelle, 1901, in-18. — Théâtre I. La Princesse Maleine. L’Intruse. Les Aveugles.III. Aglavaine et Selysette. Ariane et Barbe Bleue. Sœur Béatrice. Bruxelles, P. Lacomblez, 1901, 2 vol. in-18. — Théâtre II. Pelléas et Mélisande. Alladine et Palomides. Intérieur. La Mort de Tintagiles. Bruxelles, P. Lacomblez, 1902, in-18. — Le Temple enseveli. Paris, Fasquelle, 1902, in-18. — Monna Vanna, pièce en 3 actes, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre de l’Œuvre, le 17 mai 1902. Paris, Fasquelle, 1902, in-12. — Théâtre de Maurice Maeterlinck (La Princesse Maleine. L’Intruse. Les Aveugles. Pelléas et Mélisande. Alladine et Palomides. Intérieur. La mort de Tintagiles, Aglavaine et Selysette. Ariane et Barbe-Bleue. Sœur Béatrice), avec une préface inédite de l’auteur, illustré de 10 compositions originales lithographiées par Auguste Donnay. Bruxelles, Ed. Deman, 1902, 3 vol. in-8. (Tirage 110 exemplaires). — Joyselle, pièce en 3 actes, représentée pour la première fois au Théâtre du Gymnase, le 20 mai 1903. Paris, Fasquelle, 1903, in-18. — Le Double Jardin. Paris, Fasquelle, 1904, in-18. (Il a été tiré pour la Société des XX : 20 ex. de format in-8, avec la signature de l’auteur.) — L’Intelligence des Fleurs. Paris, Fasquelle, 1907, in-18.

On trouve en outre des extraits de Maeterlinck dans les ouvrages suivants : Le Parnasse de la Jeune Belgique, pièces diverses de dix-huit poètes belges. Paris, Vanier, 1887, in-8. — Poètes belges d’expression française, par Pol de Mont, Almelo, W. Hilarius, 1899, in-18 (xxi pièces tirées de Serres chaudes et de Douze chansons. Portrait de Maeterlinck, d’après une photographie), etc.

Préfaces. — Sept essais d’Emerson, traduits par I. Will, avec une préface de Maurice Maeterlinck. Bruxelles, P. Lacomblez, 1894 et 1899, in-18. — Exposition des Œuvres de M. Franz. M. Melchers, chez Le Barc de Boutteville, 47, rue Le Peletier (ouverture le vendredi 15 novembre 1895), préface de Maurice Maeterlinck. Paris, Edm. Girard, s. d., in-8. — Jules Laforgue, par Camille Mauclair, avec une introduction de Maurice Maeterlinck. Paris, éd. du Mercure de France, 1896, in-18.

Ouvrages mis en musique. — Pelléas et Méllsande, drame lyrique de Maurice Maeterlinck, musique de Claude Debussy, représenté pour la première fois au Théâtre National de l’Opéra-Comique, en mai 1902. Partition piano et chant. Paris, E. Fromont, 1902, gr. in-8. — La Mort de Tintagiles, etc., mis en musique par Jean Nouguès, représenté pour la première fois aux « Matinées de Georgette Leblanc » (Théâtre des Mathurins), le 28 décembre 1905. — Ariane et Barbe Bleue, conte en 3 actes, etc., musique de Paul Dukas, représenté pour la première fois sur la scène de l’Opéra-Comique le 10 mai 1907. — Chansons de Maeterlinck. Dix poèmes précédés d’un prélude, instrum. pour violon, violoncelle et piano, par Gabriel Fabre (Paris, Heugel, in-4). — D’autres ouvrages (drames et chansons) de M. Maurice Maeterlinck ont été mis en musique par MM. Pierre de Bréville ; L. Camilieri ; Ernest Chausson ; Gabriel Fabre ; Gabriel Fauré (Voy. Pelléas et Mélisande, suite d’orchestre tirée de la musique de scène de Gabriel Fauré. Paris, Hamelle 1901, gr. in-8) ; Henry Fevrier ; G. Samazeuilh, Eug. Samuel, etc.

À consulter. — William Archer : Study and Stage. London, Grant-Richard, 1899, in-18. — H. Bahr : Skizzen und Essays. Berlin, Fischer 1897, in-8. — André Beaunier : La Poésie nouvelle. Paris, Soc. du Mercure de France, 1903, in-18. — Ad. van Bever : Maurice Maeterlinck, biographie précédée d’un portr.-frontispice, illustré de divers dessins et d’un autogr. suivie d’opinions et d’une bibliogr. Paris, Sansot, 1904, in-18. — Adolphe Brisson : La Comédie littéraire. Paris, A. Colin, 1895, in-18 ; Portraits intimes, 3e série. Paris, A. Colin, 1897, in-18. — W.-L. Courtney : The development of Maurice Maeterlinck and other sketches of foreign writers. London, Grant Richards, 1904, in-18. — Virginia M. Crawford : Studies in Foreign literature. London, Duckworth, 1899, in-8. — Dr  Van Dyk : Maurice Maeterlinck. Ein studie door. Nimègues, Ten Hoët 1897 in-8. — Eugène Gilbert : En marge de quelques pages. Paris, Plon, l900, in-18 ; France et Belgique. Études littéraires. Paris, Plon, 1905, in-18. — Remy de Gourmont : Le Livre des Masques. Paris, Soc. du Mercure de France, 1897, in-18. — Anselma Heine : Maeterlinck. (Die Dichtung — Bd 33) Berlin, Schuster et Loeffler, 1905, in-12. — Désiré Horrent : Écrivains belges d’aujourd’hui, 1re  série. Bruxelles, P. Lacomblez, 1904, in-8. — R. Hovey : Étude, en tête de la traduction américaine de la Princesse Maleine, l’Intruse, les Aveugles, les Sept Princesses, Pelléas et Mélisande, Alladine et Palomides, Intérieur, la Mort de Tintagiles. Chicago, Stow et Kimball, in-8 — James Huneker : Iconoclasts a book of dramatist. New York, Ch. Scribners 1905, in-8. — Jules Huret : Enquête sur l’Évolution littéraire. Paris, Charpentier, 1891, in-18. — Dr  Monty Jacobs : Maeterlinck. Eine kritische Studie, zur Einführung an seine Werke. Leipzig, Eug. Diederichs, 1902, in-8. — Bernard Lazare : Figures contemporaines. Paris, Perrin, 1895, in-18. — Georges Le Cardonnel et Charles Vellay : La Littérature contemporaine. Paris, Mercure de France 1906 in-18. — Jules Lemaître : Impressions de théâtre : 8e série. Paris, Lecène et Oudin, 1895, in-18. — Georges Leneveu : Ibsen et Maeterlinck. Paris. Ollendorff, 1902, in-18. — Von W. Miessner : Eine literarpsychologische studie uber die Neuromantik. Berlin, Richard-Schroder, 1904, in-12. — Albert Mockel : Quelques livres. Liège, Vaillant-Carmanne, 1890 in-8. — F. Poppenberg : Maeterlinck (Moderne Essays 30). Berlin, 1903. in-12. — Albert Reggio : Au seuil de leur âme. Paris, Perrin, 1905, in-18. — Johannes Schlaf : Maurice Maeterlinck. Berlin, Bard-Marquardt et Co s. d. (1906), in-12. — Édouard Schuré : Précurseurs et Révoltés. Paris Perrin 1904 in-18. — J. Schrjver Dz : Maeterlinck, ein studie. Amsterdam, Scheltema et Holkema, 1900, in-18. — Arthur Symons : The Symbolist Movement in Literature. London. Heinemann, 1900, in-18 ; Plays, acting and music. London Duckworth, 1903, in-8. — Hugo P. Thieme : Guide bibliographique de la littérature française (1800 à 1900). Paris Welter 1907, in-8. — V. Thompson : French Portraits (Being appreciations of the writers of Young France). Boston, Richard G. Badger Co, 1900, in-8. — A.-G. Van Hamel : Het letterkundig leven van Frankryk, Studien en Schetsen. III. Amsterdam, Van Kampen en Zoon, 1907, in-8. — A. B. Walkley : Frances of Mind. London, Grant Richard, 1899, in-8, etc. — Gaston Bonnier : La Science chez Maeterlinck. La Revue 15 août 1907. — P. Bernstein : Maurice Maeterlinck. Wiener Rundschau II 19, 20, 21 août-septembre 1897 ; Maurice Maeterlinck. Monatschrift für neue Literatur und Kunst, II, 8 et 9 mai et juin 1898. — A. Brunnemann : Maurice Maeterlinck. Berlin, Pan, 3e année, 4e livraison, 1898. — Cyriel Buysse : Maurice Maeterlinck, étude publiée avec 5 illustr. et suivie d’une copieuse Bibliographie publiée par A. de R. et G. K., avec des notes du Dr  Bergmans. Den Gulden-Winckel [Baarn], 15 juillet 1902. — Samuel Cornut : Maurice Maeterlinck. La Semaine littéraire [Genève], 18 et 25 janv. 1902. — Lionel Dauriac : Un stoïcien du temps présent. Revue Latine 22 juin 1902. — Gaston Deschamps : La Vie littéraire. Le Temps, 21 avril 1907. — Arthur Drews : Maeterlinck als Philosoph. Preussische Jahrbücher, 1900, XC, pp. 232-262. — André Dreux : Maurice Maeterlinck. Le Correspondant, 25 mars 1897, pp. 1096-1117. — Joseph Galtier : Maurice Maeterlinck raconté par lui-même. Le Temps, 29 mai 1903. — Dr  Carl Hagemann : Maeterlinck und Bolsche. Die Propylaen [Munich], nov. 1903. — Anna Von Hartmann : Maurice Maeterlinck. Deutsche Rundschau, janvier 1903. — Hassé : L’Âme philosophique de Maeterlinck. Ermitage, mai 1896. — Josef Hofmiller : Maeterlinck (Deutsches Theater, II) Monatshefte (Munich et Leipzig), octobre 1904. — Von Adolf Keller : Maeterlinck als philosoph., Neue Zürcher Zeitung [Zurich], 28-29 déc. 1903. Ch. Van Lerberghe : Maurice Maeterlinck. La Wallonie, 1889. — Lilly Jannasch : Monna Vanna in Lichte der sozialen Ethik. Etische Kultur [Berlin], 4 avril 1903. — Camille Mauclair : Maurice Maeterlinck. Les Hommes d’aujourd’hui, n° 434. Paris, Vanier ; Intérieur, Revue Encyclopédique, 1er  avril 1895 ; La Belgique par un Français, Revue Encyclopédique, 24 juillet 1897. — Ch. Maurras : Le Trésor des Humbles. Revue Encyclopédique, 26 septembre 1896. — O. Mirbeau : Maurice Maeterlinck, Figaro, 24 août 1890. — A. Mockel : Une âme de poète. Revue Wallonne (Liège), juin 1894. — E. Norat : Maeterlinck moraliste. Revue Bleue, 11 juin 1904. — F. von Oppein-Bronikowski : Maurice Maeterlinck, avec un portrait. Die Gesellschaft, 9 et 10, 1898 ; Maurice Maeterlinck und der Mysticimus, avec un portrait à l’eau-forte par J. Lindner. Nord et Süd, décembre 1898. — Annibale Pastore : L’Evoluzione di M. Maeterlinck. Nuova Antologia, 16 mars 1903. — Edm. Pilon : Maurice Maeterlinck, Mercure de France, avril 1896 ; Maurice Maeterlinck, La Plume, 1er  mai 1902. — Maurice Rava : Maurice Maeterlinck, Poeta et Filosofo. Nuova antologia, 1er  février 1897. — Octave Uzanne : La Thébaïde de Maurice Maeterlinck. Écho de Paris, 7 sept. 1900. — Alfred Vailette : Pelléas et Mélisande et la Critique officielle, Mercure de France, juillet 1893, etc., etc.

Iconographie :

Mme  Ad. van Béver : Portrait, sépia, reproduit dans la plaquette : Maurice Maeterlinck, par Ad. van Bever. Paris, Sansot, 1904, in-18. — J.-K. Doudelet : Portrait en couleur. (Les Hommes d’aujourd’hui, n° 434. Paris, Vanier, s. d.) — Max Swabinzki : Eau-forte, 1899. — F.Vallotton : Masque, reprod. dans Le Livre des Masques, de Remy de Gourmont. Paris, Soc. du Mercure de France, 1897, in-18. — Théo Van Rysselberghe : Portrait au crayon, reprod. dans la plaq. : Maurice Maeterlinck, par Ad. van Bever, etc. ; Portrait dans le tableau : Une lecture. Musée de Gand (ce tableau a été reprod. diverses fois, entre autres dans l’ouvrage de Vittorio Pica : L’Arte Mondiale alla VII Esposizione di Venezia. Bergamo, Isituto ital. d’Arti Grafiche, 1907, in-4).


HEURES TERNES


Voici d’anciens désirs qui passent,
Encor des songes de lassés,
Encor des rêves qui se lassent ;
Voilà les jours d’espoir passés !

En qui faut-il fuir aujourd’hui !
Il n’y a plus d’étoile aucune ;
Mais de la glace sur l’ennui
Et des linges bleus sous la lune.

Encor des sanglots pris au piège !

Voyez les malades sans feu,
Et les agneaux brouter la neige ;
Ayez pitié de tout, mon Dieu !

Moi, j’attends un peu de réveil,
Moi, j’attends que le sommeil passe,
Moi, j’attends un peu de soleil
Sur mes mains que la lune glace.

(Serres chaudes.)


DÉSIRS D’HIVER


Je pleure les lèvres fanées
Où les baisers ne sont pas nés,
Et les désirs abandonnés
Sous les tristesses moissonnées.

Toujours la pluie à l’horizon !
Toujours la neige sur les grèves !
Tandis qu’au seuil clos de mes rêves,
Des loups couchés sur le gazon,

Observent en mon âme lasse,
Les yeux ternis dans le passé,
Tout le sang autrefois versé
Des agneaux mourants sur la glace.

Seule la lune éclaire enfin
De sa tristesse monotone,
Où gèle l’herbe de l’automne,
Mes désirs malades de faim.

(Serres chaudes.)


RONDE D’ENNUI


Je chante les pâles ballades
Des baisers perdus sans retour !
Sur l’herbe éparse de l’amour
Je vois des noces de malades.

J’entends des voix dans mon sommeil
Si nonchalamment apparues !
Et des lys s’ouvrent en des rues
Sans étoiles et sans soleil.

Et ces élans si lents encore
Et ces désirs que je voulais,
Sont des pauvres dans un palais,
Et des cierges las dans l’aurore.

J’attends la lune dans mes yeux
Ouverts au seuil des nuits sans trêves,
Afin qu’elle étanche mes rêves,
Avec ses linges lents et bleus.

(Serres chaudes.)


VERRE ARDENT


Je regarde d’anciennes heures,
Sous le verre ardent des regrets ;
Et du fond bleu de leurs secrets
Émergent des flores meilleures.

Ô ce verre sur mes désirs !
Mes désirs à travers mon âme !
Et l’herbe morte qu’elle enflamme
En approchant des souvenirs !

Je l’élève sur mes pensées,
Et je vois éclore au milieu
De la fuite du cristal bleu,
Les feuilles des douleurs passées.

Jusqu’à l’éloignement des soirs
Morts si longtemps en ma mémoire,
Qu’ils troublent de leur lente moire,
L’âme verte d’autres espoirs.

(Serres chaudes.)


ÂME DE NUIT


Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d’être lasse,
Elle est lasse enfin d’être en vain.
Elle est triste et lasse à la fin
Et j’attends vos mains sur ma face.

J’attends vos doigts purs sur ma face,
Pareils à des anges de glace,
J’attends qu’ils m’apportent l’anneau ;
J’attends leur fraîcheur sur ma face,
Comme un trésor au fond de l’eau.

Et j’attends enfin leurs remèdes,
Pour ne pas mourir au soleil,
Mourir sans espoir au soleil !
J’attends qu’ils lavent mes yeux tièdes
Où tant de pauvres ont sommeil !
 
Où tant de cygnes sur la mer,
De cygnes errants sur la mer,
Tendent en vain leur col morose,
Où le long des jardins d’hiver,
Des malades cueillent des roses.

J’attends vos doigts purs sur ma face,
Pareils à des anges de glace,
J’attends qu’ils mouillent mes regards,
L’herbe morte de mes regards,
Où tant d’agneaux las sont épars 1

(Serres chaudes.)


CHANSON


Et s’il revenait un jour
EtQue faut-il lui dire ?
— Dites-lui qu’on l’attendit
EtJusqu’à s’en mourir…

Et s’il m’interroge encore
EtSans me reconnaître ?
— Parlez-lui comme une sœur
EtIl souffre peut-être…
 
Et s’il demande où vous êtes
EtQue faut-il répondre ?
— Donnez lui mon anneau d’or.
EtSans rien lui répondre…

Et s’il veut savoir pourquoi
EtLa salle est déserte ?
— Montrez-lui la lampe éteinte
EtEt la porte ouverte…

Et s’il m’interroge alors
EtSur la dernière heure ?
— Dites-lui que j’ai souri
EtDe peur qu’il ne pleure…

(Douze Chansons..)


CHANSON


Les filles aux yeux bandés,
Lesx(Ôtez les bandeaux d’or)
Les filles aux yeux bandés
Cherchent leurs destinées…

Ont ouvert à midi,
Lesx(Gardez les bandeaux d’or)
Ont ouvert à midi,
Le palais des prairies…

Ont salué la vie,
Lesx(Serrez les bandeaux d’or)
Ont salué la vie,
Et ne sont point sorties…

(Douze Chansons..)


CHANSON


J’ai cherché trente ans, mes sœurs,
J’aixOù s’est-il caché ?
J’ai marché trente ans, mes sœurs,
J’aixSans m’en rapprocher…

J’ai marché trente ans, mes sœurs,
J’aixEt mes pieds sont las,
Il était partout, mes sœurs,
J’aixEt n’existe pas…

L’heure est triste enfin, mes sœurs,
J’aixÔtez vos sandales,
Le soir meurt aussi, mes sœurs,
J’aixEt mon âme a mal…

Vous avez seize ans, mes sœurs,
J’aixAllez loin d’ici,
Prenez mon bourdon, mes sœurs,
J’aixEt cherchez aussi…

(Douze Chansons..)


CHANSON


Vous avez allumé les lampes,
— Oh ! le soleil dans le jardin !
Vous avez allumé les lampes,
Je vois le soleil par les fentes,
Ouvrez les portes du jardin !

— Les clefs des portes sont perdues,
Il faut attendre, il faut attendre,
Les clefs sont tombées de la tour,
Il faut attendre, il faut attendre,
Il faut attendre d’autres jours…

D’autres jours ouvriront les portes,
La forêt garde les verrous,

La forêt brûle autour de nous.
C’est la clarté des feuilles mortes,
Qui brûlent sur le seuil des portes…

— Les autres jours sont déjà las,
Les autres jours ont peur aussi,
Les autres jours ne viendront pas,
Les autres jours mourront aussi,
Nous aussi nous mourrons ici…

(Douze Chansons.)



  1. L’Intruse a été représentée sur la scène du Théâtre d’Art à Paris, le 21 mai 1891.
  2. Représentés sur la même scène du Théâtre d’Art, le 7 décembre 1891.
  3. Représenté à Paris au Théâtre des Bouffes Parisiens, le 16 mai 1893.
  4. De ces trois petits drames, deux ont été représentés. L’un, Intérieur, a été donné au public par le Théâtre de l’Œuvre, en mars 1895, et l’autre, La Mort de Tintagiles, mis en musique par Nouguès, a été joué au Théâtre des Mathurins, le 28 déc. 1905.