Ils ne sont plus, ces jours délicieux
Où mon amour respectueux et tendre
À votre cœur savoit se faire entendre ;
Où vous m’aimiez, où nous étions heureux !
Vous adorer, vous le dire et vous plaire,
Sur vos désirs régler tous mes désirs,
C’étoit mon sort, j’y bornois mes plaisirs ;
Aimé de vous, quels vœux pouvois-je faire ?
Tout est changé ; quand je suis près de vous,
Triste et sans voix, vous n’avez rien à dire ;
Si quelquefois je tombe à vos genoux,
Vous m’arrêtez avec un froid sourire,
Et dans vos yeux s’allume le courroux.
Il fut un tems, vous l’oubliez peut-être !
Où j’y trouvois cette molle langueur,
Ce tendre feu que le désir fait naître,
Et qui survit au moment du bonheur.
Tout est changé, tout, excepté mon cœur !