Poésies (Éphraïm Mikhaël)/La Cène
LA CÈNE
Or maintenant, au fond du Palais ineffable,
Qui pour tapis a les espaces constellés,
Innombrables, autour de la Divine Table
Les Poètes des temps futurs sont assemblés.
Avant qu’ils n’aillent par le Portique superbe
De l’Avenir se disperser dans l’univers,
Le Maître a convié pour la Cène du Verbe
Ceux qui doivent porter aux nations les Vers.
Le Maître, revêtu d’un manteau d’hyacinthe,
Trône à leur table ; et, pour leur soif et pour leur faim,
Leur donne comme Christ la communion sainte
Sous l’espèce du pain symbolique et du vin :
« Prenez, dit-il, ô mes amis et mes apôtres,
Le pain qui rend fécond et le vin qui rend fier ;
Pour que le Verbe issu de mon âme aille aux vôtres,
Prenez, mes fils, ceci c’est mon sang et ma chair ! »
Mai 1885.