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Poésies (Desbordes-Valmore, 1822)/Le Pardon

La bibliothèque libre.
Théophile Grandin (p. 156).

LE PARDON.

Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable ;
De ce dernier moment veux-tu charmer l’horreur,
Viens encore une fois presser ta main coupable
Sur mon cœur.

Quand il aura cessé de brûler et d’attendre,
Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
Mais tu diras : Ce cœur, qui pour moi fut si tendre,
N’aime plus !

Vois l’Amour qui s’enfuit de mon âme blessée :
Contemple ton ouvrage et ne sens nul effroi.
La mort est dans mon sein, pourtant je suis glacée
Moins que toi.

Prends ce cœur, prends ton bien. L’amante qui t’adore
N’eut jamais à t’offrir, hélas ! un autre don ;
Mais en le déchirant, tu peux y lire encore
Ton pardon.