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Poésies badines et facétieuses/La robe du capucin

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LA ROBE DU CAPUCIN.

Le plus savant Esculape
Des accidents divers où s’expose Priape
L’autre jour, par un Capucin,
Fut choisi pour le médecin
D’un mal dont il faisait mystère.
« Monsieur, — lui disait le bon Père ;
Avec un air tout déconfit,
« Vous voyez quel est notre habit :
« Dur et pesant, sujet à la poussière,
« Plus mortifiant qu’une haire.
« Mais nonobstant cet embarras.
« Et la frugalité de nos maigres repas,
« Que prescrit une règle austère.
« Un mouvement involontaire
« M’a provoqué l’érection,
« Et m’a fait, par la friction
« D’une laine dure et grossière,
« Certaine excoriation
« Dont je ressens douleur amère,
« Et que je vous avoue avec confusion. »
Le docteur rebattu de fadaises pareilles :
« ça, — dit-il, — mon Père, voyons :
« Vous nous contez ici merveilles ;
« Mais en telles occasions.
« J’en crois mes yeux et non pas mes oreilles ! »
Aussitôt le moine fripon
Troussant son immonde jupon,
Lui fait voir un oiseau qui porte sur sa tête
Les rouges fleurons d’une crête
Qui ne croissent jamais sur celle d’un chapon.

« Ah ! par ma foi, le tour est drôle,
S’écria l’Esculape, en voyant le poupon.
« Père, qui vous a fait ce don,
« Vrai gibier de Pharmacopole ? »
C’est ma robe, — dit-il, — il n’est que trop certain.
« Quittez la donc : sur ma parole,
Répliqua le railleur avec un ton malin ;
« Votre robe est une putain
« Qui vous donnera la vérole. »