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Poésies badines et facétieuses/Le sifflet

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LE SIFFLET.

Après-dîner, en une galerie
Qui dominait sur l’écurie,
La jeune Agnès pissait, mais de telle façon,
Que son cocher Lucas, éveillé par le son.
Dit, en lâchant un mot de sucrerie :
« Ah ! bijou, si je te tenais,
« Comme autrement tu sifflerais ! »
Fille à quinze ans est toujours curieuse ;
Le cocher fut mandé. « — Voyons, — dit la princesse,
« Si vous ferez siffler cela… »
Lucas n’osait ; mais l’humeur s’en mêla ;
Agnès était impérieuse ;
Elle voulut ; il obéit,
Et la renverse sur un lit,
Après avoir fermé la porte.
Là, mon gaillard y va de telle sorte,
Qu’Agnès, expirant de plaisir,
Surprise de ne rien ouïr,
Lui dit, articulant à peine :
« Mais… mon cher… il… ne… siffle pas ? »
« — Parbleu, je le crois bien. — lui répondit Lucas ;
« Siffleriez-vous, madame, ayant la bouche pleine ? »