Aller au contenu

Poésies badines et facétieuses/Vers inédits de Piron

La bibliothèque libre.
Bon mot  ►

VERS INÉDITS DE PIRON.

REGRETS DE SA VIEILLESSE.

« Je vous entends d’ici, mignons du nouvel âge :
« Porte, bonhomme, porte ailleurs ton radotage !
« De tout temps le vieillard humoriste et cassé,
« Au présent qu’il envie, opposa le passé.
« Dis-nous : lorsque du sang la douce effervescence
« Échauffait les esprit de ton adolescence,
« Ce beau zèle des mœurs entrait-il dans ton plan,
« Et fut-ce là le ton que tu pris ? Souviens-t’en !
« Je n’ai point oublié mes écarts de jeunesse,
« Ni pour m’en repentir attendu la vieillesse.
« Le Prélat[1] rigoureux qui m’en a châtié,
« S’il eût su mes remords, eût eu plus de pitié. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

  1. Le R. P. Boyer, évêque de Mirepoix, qui, lorsque je fus nommé à l’académie, sans que j’y eusse pensé, força la bonté du Roi à m’exclure, en osant produire à S. M. l’Ode à Priape. L’humanité du prince adoucit sa rigueur d’une pension de cent pistoles sur sa cassette, et j’en jouis depuis 15 ans.
    (Note de Piron).