Poésies choisies de André Chénier/Derocquigny, 1907/Le Courroux d’un Amant

La bibliothèque libre.

XXIII


Le courroux d’un amant n’est point inexorable.
Ah ! si tu la voyais, cette belle coupable,
Rougir et s’accuser, et se justifier.
Sans implorer sa grâce et sans s’humilier,
Pourtant de l’obtenir doucement inquiète.
Et, les cheveux épars, immobile, muette.
Les bras, la gorge nue, en un mol abandon,
Tourner sur toi des yeux qui demandent pardon
Crois qu’abjurant soudain le reproche farouche,
Tes baisers porteraient son pardon sur sa bouche.