Poésies de Benserade/Sur un portrait

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Poésies de Benserade, Texte établi par Octave UzanneLibrairie des bibliophiles (p. 130-131).



Sur un Portrait.

STANCES.


Flatteur, qui sans affection
Charme la douleur qui me tuë ;
Ingénieux trompeur qui, décevant ma veuë,
Satisfais à ma passion ;

Aimable entretien de ma flâme,
Ombre du soleil de mes yeux
Et de la vérité qui plaît seule à mon âme,
Mensonge industrieux ;

Imaginaire Déité
À qui je rends de vrais hommages,
Beaux rayons dérobez du plus beau des visages
Que l’art ait jamais inventé !

Muet témoin de ma constance,
À qui je me plains chaque jour,
Astre, qui dans la nuit de ma cruelle absence
Éclaires mon amour.

Quoique vos attraits décevans
Soient peints d’une main secondée
De l’art et des efforts d’une puissante idée,
Olympe a des yeux plus sçavans.

Le temps a droit de faire outrage,
À tout ce que l’art peut tracer ;
Mais, quand ses doux regards impriment son visage,
Rien ne peut l’effacer.



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