Poésies de Th. Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres/Avertissement sur le portrait

La bibliothèque libre.



AVERTISSEMENT
SUR LE PORTRAIT

--

Goguenard, cambré, à tous crins, ce Théophile Gautier est celui des Jeunes-France, de Mademoiselle de Maupin, de la Comédie de la mort ; — si différent du Gautier impérial, aux paupières gonflées, à la chevelure affaissée, à la démarche lente, que notre génération a connu et que MM. Bracquemond et Jacquemart ont gravé.

Il est réduit d’un portrait-charge lithographié par Benjamin Roubaud, de la série du Panthéon charivarique, publié en 1838, avec cette légende :


Théophile Gauthier (sic) est de ce poil énorme
Né coiffé… Quel toupet ! Puisqu’il n’est amoureux
Systématiquement que de la belle forme,
Il devrait bien changer celle de ses cheveux.


Ce méchant quatrain pourrait être remplacé par les vers superbes du Château du souvenir, dans Émaux et camées :


Terreur du bourgeois glabre et chauve,
Une chevelure à tous crins
De roi franc ou de lion fauve
Roule en torrent jusqu’à ses reins.

Tel, romantique opiniâtre,
Soldat de l’art qui lutte encor,
Il se ruait vers le théâtre,
Quand d’Hernani sonnait le cor.