Poésies diverses (Chateaubriand)/Pour le mariage de mon neveu

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XI.

POUR LE MARIAGE DE MON NEVEU.


Au Ménil, 1812.


L’autel est prêt ; la foule l’environne :
Belle Zélie, il réclame ta foi.
Viens, de ton front est la blanche couronne
Moins virginale et moins pure que toi.

J’ai quelquefois peint la grâce ingénue
Et la pudeur sous ses voiles nouveaux :
Ah ! si mes yeux plus tôt t’avoient connue,
On auroit moins critiqué mes tableaux.

Mon cher Louis, chez la race étrangère
Tu n’iras point t’égarer comme moi :
À qui la suit la fortune est légère ;
Il faut l’attendre et l’enfermer chez soi.

Cher orphelin, image de ta mère.
Au ciel pour toi je demande ici-bas
Les jours heureux retranchés à ton père
Et les enfants que ton oncle n’a pas.

Fais de l’honneur l’idole de ta vie ;
Rends tes aïeux fiers de leur rejeton,
Et ne permets qu’à la seule Zélie
Pour un moment de rougir à ton nom.