Poésies et Œuvres morales (Leopardi)/Poésies/XXVIII
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XXVIII
XXVIII
À LUI-MÊME[1].
Maintenant tu te reposeras pour toujours, mon cœur fatigué. Elle a péri, l’erreur suprême que j’ai crue éternelle pour moi. Elle a péri. Je sens bien qu’en nous des chères erreurs non seulement l’espoir, mais le désir est éteint. Repose-toi pour toujours. Tu as assez palpité. Aucune chose ne mérite tes battements, et de tes soupirs la terre n’est pas digne. Amertume et ennui, voilà la vie : elle n’est rien d’autre : le monde n’est que fange. Repose-toi désormais. Désespère à jamais. À notre race le destin n’a donné que de mourir. Méprise désormais et toi-même et la nature et le pouvoir honteux et caché qui ordonne la ruine de tous et l’infinie vanité de tout.
- ↑ Cette pièce et les quatre suivantes ont été publiées en 1836.