Politesse canadienne/01

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Imprimerie l’Union (p. 5-7).


LA POLITESSE


Ce simple mot de politesse possède en lui, une influence magnétique, irrésistible, devant laquelle on s’incline avec une respectueuse admiration.

« Guide plein de sagesse, pilote sûr et indispensable »[1], la politesse fait éviter bien des écueils sur les flots changeants de la mer du monde.

« Charme principal de toutes relations sociales, elle contribue à rendre, tous ceux avec qui nous sommes en rapports, contents d’eux-mêmes et de nous »[2].

Elle a la mission sublime de faire des heureux !

Elle porte, avec elle, un cachet d’indéfinissable suavité, délicat parfum de vertu, qu’il fait bon respirer sur la route de la vie !

Maints auteurs lui ont donné les noms les plus beaux, les définitions les plus hautes, et tous ont unanimement reconnu sa pratique indispensable à tout individu, de tout âge et de toutes conditions.

« Monnaie destinée à enrichir, non celui qui la reçoit, mais celui qui la dépense ».[3], elle a cours dans tous les pays et est à la portée de chacun.

Elle joue dans la société un rôle si important, que sans elle, il ne saurait y avoir de vraie vie possible.

La politesse, qu’on appelle la bonté complaisante et aimable, a été appelée par quelques uns : « une demi-vertu », et surnommée par d’autres : « La vertu des mondains ». Elle est pratique de vertu, pour tous, puisqu’elle est toute faite d’actes méritoires et bons. Pratique de vertu par les exigences qu’elle réclame, par le bien qu’elle procure.

Elle comprend le respect de soi-même et des autres, les droits et les égards dus à chacun. Avec elle, c’est l’ordre et la paix ; sous sa dépendance, tout serait harmonie parfaite au sein de l’humanité.

À la base de tous rapports, de toutes relations, elle fait la joie des foyers, le bonheur des individus. Elle met un frein aux passions, tue l’égoïsme, et favorise le dévouement.

Fille ou sœur de la charité, dont elle est une admirable extension, la politesse a des secrets de support, d’aimables conventions, de vertueuses condescendances.

En effet mettre son bonheur à faire celui des autres, ne va pas sans sacrifices, sans renoncements… Il faut de la douceur, de la bienveillance, de la bonté !

Être poli, c’est être bon, charitable, indulgent… C’est savoir recevoir une injure sans s’irriter… c’est savoir pardonner, oublier !… c’est s’oublier soi-même, se gêner pour plaire aux autres ; être dévoué, compatissant, ingénieux à rendre service, même à ceux qui nous ont fait quelque tort ou quelque mal. C’est la plus noble des vengeances, la seule permise !

Être poli c’est l’expression d’une âme loyale et haute, d’un cœur noble et bon, d’un esprit sain et droit, d’une éducation parfaite !

  1. A. de la F.
  2. Mgr Th. G. R.
  3. Proverbe persan.