Politesse canadienne/12

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Imprimerie l’Union (p. 38-40).


MAÎTRESSE DE MAISON


C’est un rôle assez compliqué et bien difficile à jouer que celui d’une vraie maîtresse de maison. Ce qu’il en faut du tact et du savoir-faire !… Que de susceptibilités à ménager, de mécontentements à éviter !

Que de peine, il faut parfois s’imposer pour essayer seulement de satisfaire les autres !

Une maîtresse de maison doit, tout d’abord, être maîtresse d’elle-même. Elle ne fait supporter à personne l’effet de sa mauvaise humeur ou la surexcitation de ses nerfs.

Il est très important qu’une maîtresse de maison sache, par elle-même, en quoi consiste la tenue d’une maison : elle sait alors commander avec plus d’à-propos, apprécier les choses à leur valeur et arrive à un meilleur résultat en tous points. Les revers sont fréquents dans la vie ! Obligée de se servir elle-même, serait bien embarrassée, celle qui aurait toujours dépendu du dévouement et de l’habileté des autres !

La maîtresse de maison aime à surveiller et à mettre la main au pot-au-feu. Qui sait, si un jour, une visite imprévue n’arrivera pas juste au moment où la bonne sera malade ou absente ? Madame saura alors se tirer joyeusement d’embarras : elle n’aura pas la honte de voir son mari obligé d’emmener ses amis dîner à l’hôtel ou au restaurant, parce que, celle qu’il a choisie pour femme, et qui joue admirablement le rôle de poupée amusante au salon, les ferait tous mourir d’inanition, ne sachant pas préparer le repas.

Elle sait aussi que les petites douceurs et friandises, préparées à la maison, sont infiniment plus appréciées que toutes les sucreries des confiseurs en vogue. Chacun y trouve des saveurs douces d’exquise amitié… « Fait à la maison ! » en tout, c’est la meilleure marque, la plus recherchée.

Une femme, de quelque condition qu’elle soit, est toujours propre et digne dans sa tenue. Ses vêtements d’intérieur diffèrent de ceux de sortie, mais sont toujours irréprochables de décence et de modestie.

C’est bien chez elle, dans l’intérieur de sa maison, que la femme a le plus de charmes réels, au milieu des siens ! À qui, en effet, doit-elle de se montrer le plus aimable, si ce n’est pour son mari, pour ses enfants ? Pour qui se pare-t-elle ? si ce n’est pour eux, qui la trouvent si bonne, la voudraient conserver toujours aussi jeune, aussi jolie !