Politesse canadienne/30

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Imprimerie l’Union (p. 100-103).


RÉCEPTIONS


Une maîtresse de maison agit avec sagesse et prudence en déterminant un jour de réception. Dés qu’il a été indiqué aux amis et connaissances, elle ne peut plus se dispenser de les recevoir ce jour-là.

Si un évènement imprévu la forçait de s’absenter, sans qu’elle puisse donner un mot d’avertissement, elle devra aller elle-même, le plus tôt possible, rendre visite aux personnes qui se sont dérangées inutilement, leur exprimer ses regrets, en donnant les raisons qui l’ont forcée à agir ainsi.

Pour un jour de réception, Madame porte toujours une fraîche toilette : mais elle se garde bien de chercher à éclipser celles de ses invitées.

Il est inconvenant de se faire attendre dans l’antichambre, à moins d’être retenue par une affaire urgente. Si la personne que l’on reçoit est considérable, la politesse exige qu’on aille au-devant d’elle jusqu’à l’antichambre, dès qu’elle est annoncée.

Si un visiteur frappe à la porte du salon, la maîtresse de maison doit aller ouvrir et non l’inviter à entrer.

La maîtresse de maison reçoit généralement au salon. Si elle n’a pas de salon, ou qu’il se présente un visiteur en dehors du jour de réception, elle peut recevoir dans la pièce où on se tient, le vivoir, la salle à dîner, etc. pourvu que tout soit propre et en ordre.

Si l’on a pas de salon, et que l’on reçoive dans une chambre à coucher on ne peut recevoir que des amis.

Une femme ne prend pas le chapeau d’un visiteur ; elle lui indique seulement l’endroit où il faut le placer. Elle ne tient pas non plus le manteau d’un monsieur à moins qu’il ne s’agisse d’un vieillard ou d’un infirme.

Les décorations florales sont certainement les plus jolies ; cependant il faut éviter un trop grand encombrement de fleurs odorantes ; il en est dont le parfum fait mal.

La maîtresse de maison se met à l’entière disposition de ses visiteurs, se montrant accueillante et aimable à tous. Elle doit quitter toute occupation, pendant la visite : même interrompre son repas, si elle est à table, jusqu’à ce qu’on l’ait, à plusieurs reprises, invitée à continuer.

Un fonctionnaire à son bureau, un médecin, un avocat à son cabinet, reçoit sans quitter son siège, mais doit reconduire la personne qui le visite, au moins jusqu’à la porte de la pièce où ils se tiennent.

Une maîtresse de maison ne doit pas quitter ses visiteurs sous aucun prétexte (Baronne de Staffe.)

Si elle n’a pas d’autres visiteurs, elle peut elle-même, ainsi que les membres de sa famille qui l’entourent, reconduire ses visiteurs jusqu’à la porte d’entrée : s’il y a d’autres visiteurs, elle reconduira ceux qui partent, jusqu’au seuil de l’appartement.

Si la visite se prolonge, on peut offrir des rafraîchissements, mais sans consulter ses visiteurs auparavant.

Les places d’honneur appartiennent de droit aux personnes les plus considérables. S’il s’y trouvait un prélat, un prêtre, un religieux, ou même un simple ecclésiastique, il est entendu qu’il a la préséance sur les dames.

Une maîtresse de maison commet une impolitesse grave, si elle laisse voir de sa contrariété ou de son ennui à recevoir, si elle n’accorde qu’une attention distraite à la conversation de ses visiteurs.

En l’absence de son mari, une femme ne doit pas recevoir les amis de celui-ci, en dehors du jour de réception. Si elle ouvre elle-même la porte, elle fait entrer l’ami ; mais son attitude et sa conversation réservées feront comprendre que la visite doit être courte. S’il restait plus qu’il ne convient, la jeune femme sera habile à trouver un prétexte gracieux pour mettre fin à l’entretien.

Quand un visiteur se lève pour prendre congé, la maîtresse de maison ne se lève qu’un instant après ; comme à regret de perdre si tôt un hôte si aimable.

« C’est un art délicat que de bien recevoir. Faites en sorte que chacun se retire, de chez vous, enchanté de l’hospitalité qu’il y a reçue »[1]

  1. A. de la F.