Portraits de femmes (Selden)/Élisabeth-Louise Vigée Le Brun

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G. Charpentier (p. 193-250).


ÉLISABETH-LOUISE
VIGÉE LE BRUN




Tout ce qui nous peint l’ancienne société française si aimable, et tout ce qui nous montre le passage du dix-huitième au dix-neuvième siècle est bienvenu. Ces sortes de documents sont pour notre monde un extrait de naissance. On se dit, après les avoir lus : voilà ce qu’était la France et voici ce qu’elle est devenue. De ce genre sont les Mémoires de madame Vigée Le Brun. Elle est allée à la cour de Louis XVI et elle a reçu les personnages marquants de la cour de Louis-Philippe. C’est une de nos grand’mères et nous avons droit d’être fiers de son talent, de sa grâce, de son esprit, de son courage et de son bon cœur Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/194 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/195 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/196 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/197 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/198 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/199 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/200 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/201 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/202 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/203 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/204 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/205 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/206 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/207 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/208 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/209 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/210 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/211 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/212 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/213 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/214 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/215 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/216 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/217 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/218 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/219 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/220 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/221 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/222 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/223 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/224 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/225 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/226 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/227 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/228 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/229 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/230 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/231 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/232 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/233 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/234 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/235 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/236 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/237 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/238 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/239 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/240 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/241 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/242 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/243 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/244 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/245 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/246 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/247 Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/248 portrait que ferait l’une, au charmant tableau que fournirait l’autre. » Le naturel reprenait le dessus, la chrétienne s’effaçait devant l’artiste. Celle-ci n’eut jamais à souffrir des incommodités de l’âge. Nulle infirmité ne venait assombrir sa vieillesse honorée et heureuse. Elle ne délaissa jamais le monde et continua jusqu’à la fin à s’intéresser aux choses de l’art. Elle aimait aussi le théâtre, mais y allait rarement, à cause du mauvais air. Elle ne pouvait supporter l’odeur des foules : « Cela sent l’humanité, » disait-elle. En revanche, elle assistait avec plaisir aux élégantes représentations d’amateurs organisées par le comte Jules de Castellane. Elle avait près de quatre-vingts ans, et profitait du calme qui se fait autour de la vieillesse pour rédiger des souvenirs remplis de faits intéressants et de portraits historiques. L’intérêt des événements auxquels elle assista, l’attrait de son style à la fois piquant et simple, font de son livre l’une des meilleures causeries de notre temps. En somme, madame Vigée Le Brun se montre de la bonne école dans ses écrits comme dans sa peinture ; sa vie n’a point démenti son éducation, son langage est demeuré jusqu’à la fin l’expression fidèle de son naturel. Je n’en connais point de plus séduisant, ni de plus digne d’orner un caractère de femme du monde. Elle s’éteignit doucement à la fin d’une fête intime, un dîner de famille égayé par la présence d’un vieil ami. Elle avait quatre-vingt-sept ans ; elle avait assisté à la chute successive d’une demi-douzaine de gouvernements, tous déclarés définitifs et éternels à leur origine.


La famille tenait à conserver le masque de l’illustre défunte, encore belle sur son lit de mort. J’ai respectueusement contemplé ce moulage, touchant souvenir d’une vie de succès et de bonheur. Un dernier trait en achèvera l’esquisse rapide. Par hasard, le jour où M. Tripier Le Franc, son neveu, fit mouler le visage de madame Vigée Le Brun, le mouleur ayant demandé un gros livre pour relever cette tête affaissée, le domestique alla prendre dans la bibliothèque de la défunte un volume in-quarto, et ce volume qu’il apporta fut le tome premier des Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes, de Félibien, où il est parlé de la gloire du grand peintre Charles Le Brun.