Pour cause de fin de bail/Clara ou le Bon Accueil princièrement récompensé
CLARA OU LE BON ACCUEIL
PRINCIÈREMENT RÉCOMPENSÉ
PREMIER ACTE
Où vas-tu, blanc vieillard, par ces tristes novembres ?
Cherches-tu quelque endroit où reposer tes membres ?
Vas-tu chez l’Espagnol ou bien chez le Kroumir ?
L’épave choisit-elle un lieu pour y dormir ?
Que sais-je ? Ah ! mes enfants, voici la nuit qui tombe,
Peut-être, au lieu d’un toit, trouverai-je une tombe !
Pourquoi ne viens-tu pas, alors, chez mes parents ?
(Demande à mes amis qui s’en portent garants)
Ils te réserveront une place à leur table.
Dis plutôt, camarade, une place à l’étable ;
Car ton père fort dur et ta mère sans cœur
Recevront ce pauvre homme avec un air moqueur.
Vieillard viens chez mon oncle. Il est garde champêtre.
Vois ces riches troupeaux qui s’en vont aux champs paître :
À leurs maîtres, il peut dresser procès-verbal.
Papa tient cabaret, épicerie et bal.
Chez lui, sans crainte, avant de reprendre ta route ;
Ô pâle voyageur, viens-t’en boire une goutte.
Vivant d’une pension de veuve de sergent,
Ma mère, cher Monsieur, n’a pas beaucoup d’argent.
Mais, ce qui vaut bien mieux, elle est jeune et jolie.
De tous ces galopins, c’est toi la plus polie,
Blonde enfant ! Conduis-moi jusques à ta maman
Car (je le sens déjà) je l’aime énormément.
DEUXIÈME ACTE
Accourez tous, enfants, vieillards et hommes mûrs !
Celui que vous voyez aujourd’hui dans vos murs
N’est pas — et tant s’en faut ! — ce qu’un vain peuple pense.
La bonté, tôt ou tard, trouve sa récompense.
J’épouse cette dame au si charmant accueil.
Pour elle, ils sont finis, les sombres jours de deuil !
Du bonheur mérité, Clara, voici l’aurore !
Qu’un beau soleil d’amour te caresse et nous dore !
Si haut placé qu’il soit, honte à celui qui ment !
Je suis le sous-préfet de l’arrondissement.