Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens/Chapitre Ier

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CHAPITRE I.er

État actuel des études sur les Hiéroglyphes, et sur l’Écriture phonétique égyptienne employée dans la transcription des noms propres de Rois grecs ou d’Empereurs romains.

La science archéologique n’avait retiré aucun fruit des immenses travaux de Kircher sur les hiéroglyphes ; ses nombreux ouvrages, accueillis d’abord avec une confiance aveugle, parce que les études égyptiennes commençaient à peine, et que leurs fondemens véritables, les monumens, étaient alors fort rares, ont été beaucoup mieux jugés dans la suite, et la saine critique les a réduits à leur juste valeur. Les écrits de Warburton sont purement théoriques, leur auteur s’étant borné à discuter les passages classiques relatifs aux écritures égyptiennes, en essayant de les coordonner avec son système entièrement spéculatif, système que les monumens sont bien loin de confirmer sur les points les plus essentiels.

Dans le dernier siècle et dans le nôtre, il a paru un assez grand nombre d’essais spéciaux sur l’écriture hiéroglyphique ; mais leur application aux monumens, la véritable pierre de touche des opinions qu’on s’était formées sur ce sujet, en a déjà montré toute l’insuffisance ou toute la fausseté. Le monde savant, défavorablement prévenu, non sans quelque raison, s’était en quelque sorte prononcé d’avance contre toutes les tentatives qui avaient pour but de parvenir à l’intelligence des inscriptions égyptiennes ; et à cet égard une seule opinion paraissait bien établie, celle de l’impossibilité d’arriver à cette connaissance si vainement et si laborieusement cherchée jusqu’ici.

Pour réveiller l’attention publique et ranimer toutes les espérances, il ne fallut rien moins que la découverte d’un texte hiéroglyphique accompagné de sa traduction en langue grecque ; découverte de la plus haute importance, dont nous sommes à la veille peut-être de recueillir des fruits précieux, et qui est due aux Français durant leur mémorable campagne sur les rives du Nil.

Par suite de cette entreprise scientifique et militaire, des monumens égyptiens de tout genre furent transportés en France : à notre exemple, l’Europe entière s’est empressée d’encourager les voyageurs à parcourir ce sol antique ; et les productions des arts anciens de cette contrée ont bientôt afflué dans toutes nos capitales.

Parmi les monumens égyptiens que l’Europe a recueillis, se placent en première ligne la pierre de Rosette, que les hasards de la guerre ont livrée aux Anglais, et de nombreux manuscrits égyptiens sur papyrus. Ces rouleaux précieux ont fixé d’abord l’attention des archéologues ; et comme ils sont souvent écrits en caractères essentiellement différens, le premier pas à faire dans leur étude, c’était de distinguer les divers genres d’écritures qu’ils présentent, et de savoir en quoi ces écritures pouvaient différer dans leur marche, indépendamment des formes matérielles des signes.

Le texte intermédiaire de l’inscription de Rosette, dont la partie grecque désigne les caractères sous le nom d’ΕΓΧΩΡΙΑ ΓΡΑΜΜΑΤΑ, est celui sur lequel on a eu les premières notions précises. Les travaux si connus de MM. Silvestre de Sacy et Ackerblad, démontrèrent que ce texte renfermait des noms propres grecs écrits en caractères égyptiens alphabétiques ; notion précieuse qui est devenue en quelque sorte le germe véritable de toutes les découvertes faites depuis sur les écritures égyptiennes. Feu Ackerblad essaya d’étendre ses lectures hors des noms propres grecs, et il échoua complètement ; sans doute parce qu’il s’attacha trop à vouloir retrouver dans des mots que tout prouvait devoir être égyptiens, toutes les voyelles que ces mêmes mots portent encore dans les textes coptes, tandis qu’il pouvait arriver que la plupart des voyelles y fussent supprimées, comme dans les écritures hébraïque et arabe.

Un anonyme publia en 1804 un Essai[1] sur le texte hiéroglyphique de Rosette ; mais ce livre ne nous apprît absolument rien sur cette écriture sacrée ; il ne prouva que la richesse d’imagination de son auteur, qui crut retrouver dans le court fragment qui nous reste de ce texte, l’expression même de toutes les idées consignées dans la totalité de la traduction grecque.

Pendant plusieurs années, on ne vit paraître aucun ouvrage qui fît faire un pas de plus, soit sur le texte intermédiaire de Rosette, soit sur les hiéroglyphes en général. La question de savoir jusqu’à quel point on devait rapporter à un même genre d’écriture le texte intermédiaire de Rosette et les papyrus dont l’écriture diffère évidemment des textes hiéroglyphiques, était donc encore indécise.

Mais enfin l’auteur de l’article Égypte dans l’Encyclopédie britannique[2], M. le Docteur Young, qui avait déjà inséré dans le Museum criticum de Cambridge[3], une traduction conjecturale des deux textes égyptiens de l’inscription de Rosette, accompagnée de l’alphabet de M. Ackerblad, accru de quelques signes, et avec lequel il essaie, mais vainement, de lire des mots égyptiens dans le texte intermédiaire de Rosette, rendit public, en 1819, l’exposé d’un système tout nouveau sur les écritures égyptiennes en général, et il l’accompagna de planches[4] contenant la série des caractères et des groupes en hiéroglyphes ou en écriture enchoriale (du pays) sur lesquels il l’avait fondé.

Ce système sur les deux espèces d’écriture égyptienne, car M. Young n’en reconnut réellement que deux, se réduit aux propositions suivantes :

1.o L’écriture du texte intermédiaire ou enchorial de la pierre de Rosette, est la même que celle des papyrus non hiéroglyphiques[5] ; les signes du texte enchorial se sont corrompus dans la main du peuple : c’est pour cela qu’on observe dans ce texte des formes qu’on ne retrouve point dans les papyrus[6].

2.o L’écriture de ce texte intermédiaire et celle des papyrus sont purement idéographiques, comme les textes hiéroglyphiques[7].

3.o Quoique tout soit idéographique dans les papyrus et dans le texte intermédiaire de Rosette, le savant Anglais reconnaît toutefois que la plupart des noms propres de ce texte intermédiaire sont susceptibles d’une espèce de lecture avec l’alphabet d’Ackerblad ; il en conclut que les Égyptiens, pour transcrire les noms propres étrangers, se servirent, comme les Chinois, de signes réellement idéographiques, mais détournés de leur expression ordinaire, pour leur faire accidentellement représenter des sons[8].

4.o Il pense que l’écriture des papyrus n’est nullement alphabétique, comme on l’avait cru généralement[9].

5.o Il ajoute que les signes des papyrus ne sont que des abréviations des caractères hiéroglyphiques proprement dits[10].

6.o Enfin, il donne le nom d’écriture hiératique, non à celle des papyrus, mais à certains textes hiéroglyphiques que j’ai appelés linéaires, qui ne sont que des hiéroglyphes au simple trait, et qui ne forment point une espèce d’écriture à part[11].

Je dois dire qu’à la même époque, et sans avoir aucune connaissance des opinions de M. le docteur Young, je croyais être parvenu, d’une manière assez sûre, à des résultats à-peu-près semblables. Mais on verra, dans la suite de cet ouvrage, combien les résultats que je publie aujourd’hui diffèrent, pour la plupart, de ceux dont on vient de lire l’énoncé, et que j’ai abandonné mes premiers aperçus aussitôt que des faits irrécusables m’en ont démontré la fausseté. Je ne m’attacherai dans ce chapitre qu’à l’exposition de quelques points nécessaires à l’intelligence de ce qui doit le suivre.

Mes divers mémoires dont l’Académie des belles-lettres a bien voulu entendre la lecture[12], ont démontré, je crois, et conformément aux témoignages formels

des anciens, qu’il exista en Égypte trois sortes d’écritures distinctes :

L’écriture hiéroglyphique, sur la forme de laquelle il ne saurait y avoir la moindre incertitude ;

L’écriture hiératique, véritable tachygraphie des hiéroglyphes, qui est celle des papyrus non hiéroglyphiques trouvés sur des momies ;

L’écriture démotique ou épistolographique, celle de l’inscription intermédiaire de Rosette, et qui appartient à un système d’écriture distinct de la véritable écriture hiératique, avec laquelle M. le docteur Young l’a confondue.

J’ai établi dans ces Mémoires que les signes démotiques, c’est-à-dire, ceux du texte intermédiaire de la pierre de Rosette, n’étaient point une dégradation de ceux des papyrus, puisque j’ai retrouvé dans les papyrus hiératiques les mêmes signes que dans ce texte démotique de Rosette ; et qu’enfin la différence entre l’écriture hiératique et l’écriture démotique, systèmes toujours distincts l’un de l’autre, portait sur des points bien plus essentiels que ne le serait la forme seule des caractères communs à l’une et à l’autre[13].

Tous ces faits sont contraires à la première et à la sixième propositions précitées de M. le docteur Young ; la seconde et la quatrième se trouveront entièrement détruites par les résultats généraux de cet ouvrage ; mais c’est ici le lieu d’examiner la troisième, relative à la méthode suivie par les Égyptiens dans la transcription des noms propres étrangers.

Comme l’alphabet des caractères phonétiques est, selon moi, la clef principale de l’écriture hiéroglyphique, on me pardonnera sans doute la comparaison détaillée, dans laquelle je crois devoir entrer, des travaux de M. le docteur Young avec les miens, relativement aux principes d’après lesquels les Égyptiens opéraient hiéroglyphiquement la transcription des noms propres étrangers. De ce parallèle doit résulter une connaissance complète de la nature des signes phonétiques égyptiens ; leur application se montre aujourd’hui dans sa vaste étendue : le lecteur accordera donc quelque intérêt à une discussion qui décidera aussi auquel des deux en appartient véritablement la découverte.

Pour arriver à l’analyse de deux noms propres hiéroglyphiques grecs, M. le docteur Young a pris pour point de départ l’alphabet démotique des noms propres grecs d’Ackerblad, sans toutefois que le savant Anglais parût considérer les signes de ces noms comme véritablement alphabétiques, puisqu’il les a fait graver sous le titre de supposed alphabet enchorial, dans la lxxvii.e planche de l’Encyclopédie britannique (Supp. t. IV).

Un second moyen dont M. le docteur Young crut pouvoir user pour cette analyse, fut sans doute aussi la comparaison qu’il fit des manuscrits sur papyrus avec les manuscrits hiéroglyphiques, comparaison par laquelle il resta prouvé que les caractères des papyrus n’étaient que des abréviations des caractères hiéroglyphiques. Ajoutant à ces deux moyens celui que lui fournissait la langue copte, le savant Anglais procéda à l’analyse des noms hiéroglyphiques de Ptolémée et de Bérénice.

Mes travaux sur le texte démotique de l’inscription de Rosette m’avaient aussi mis à même d’accroître et de rectifier, sur certains points, l’alphabet d’Ackerblad, et la comparaison des manuscrits hiératiques avec un grand manuscrit hiéroglyphique, m’avait de même conduit facilement à reconnaître que l’écriture hiératique n’était qu’une simple tachygraphie des hiéroglyphes : l’Académie royale des belles-lettres a bien voulu entendre un mémoire sur ce sujet, que je lus en 1821 ; et je me suis convaincu, depuis, que M. le docteur Young avait publié avant moi ce même résultat, et de plus, que nous avions été prévenus de quelques années, l’un et l’autre, quant au principe de cette découverte et à sa définition, par M. Tychsen de Goettingue[14].

Usant des mêmes moyens, M. le docteur Young et moi, comment sommes-nous donc arrivés à des résultats différens ? Pourquoi le savant Anglais a-t-il été arrêté tout court après son essai d’analyse des deux noms Ptolémée et Bérénice, tandis qu’avec les résultats de la mienne, j’en ai lu une foule d’autres sans difficulté ?

Planche I, avec les cartouches de hiéroglyphes de noms de rois : Ptolémée, Cléopâtre… Lithographie de C. Motta
Planche I, avec les cartouches de hiéroglyphes de noms de rois : Ptolémée, Cléopâtre… Lithographie de C. Motta

La réponse à ces diverses questions résultera de la comparaison suivie des deux analyses de ces noms.

On ne saurait regarder comme une découverte qui serait exclusivement propre au savant Anglais, l’idée même que le cartouche hiéroglyphique de l’inscription de Rosette renfermait le nom de Ptolémée ; il y a longtemps que des savans du premier ordre avaient signalé ces encadremens elliptiques ou cartouches, comme contenant des noms propres[15] ; et pour quelqu’un qui aurait fait une longue étude du texte démotique de Rosette, il ne pouvait rester douteux, à la première inspection du texte hiéroglyphique, que le cartouche renfermait le nom de Ptolémée. Mais une découverte véritable, ce serait d’avoir réellement lu ce nom hiéroglyphique, c’est-à-dire, d’avoir fixé la valeur propre à chacun des caractères qui le composent, et de telle manière, que ces valeurs fussent applicables par-tout où ces mêmes caractères se présentent. La comparaison suivante de l’analyse des noms hiéroglyphiques de Ptolémée et de Bérénice, d’après M. le docteur Young et d’après moi, décidera auquel des deux cette découverte appartient.

Commençons par le nom hiéroglyphique de Ptolémée, gravé (n.o 1) sur la planche mise en regard de cette page.

« Le billot carré et le demi-cercle, dit M. le docteur Young[16], répondent invariablement, dans tous les manuscrits, aux caractères qui ressemblent au P et au T[17] d’Ackerblad[18], et qui se trouvent au commencement du nom enchorial » (le nom démotique de Ptolémée, voyez notre planche I, n.o 3).

Ceci est vrai seulement pour le demi-cercle ou segment de sphère ; quant au carré, je n’ai jamais vu, dans aucun des nombreux manuscrits hiératiques que j’ai étudiés, qu’il fût exprimé par un caractère semblable au P de M. Ackerblad ; sa forme constante est celle qui est gravée sur ma planche I, n.o 4, forme que j’ai retrouvée aussi, comme le premier signe du nom de Ptolémée, dans plusieurs papyrus démotiques.

J’ai avancé, de mon côté, que le carré était la lettre P, par la seule raison que le P du nom hiéroglyphique de Cléopâtre (pl. I, n.o 5), était aussi exprimé par ce même caractère, le carré ; et que le segment de sphère était la consonne T, d’abord parce que, dans tous les textes hiéroglyphiques, l’article féminin de la langue égyptienne, T, est rendu par ce segment de sphère ; et en second lieu, parce qu’il exprime la consonne T dans une foule de noms grecs ou romains hiéroglyphiques.

« Le caractère suivant, continue M. Young, qui semble être une espèce de nœud, n’est point essentiellement nécessaire, étant souvent omis dans les caractères sacrés, et toujours dans l’enchorial » (le nom démotique de Ptolémée).

J’ignore sur quel fondement le savant Anglais a cru pouvoir déclarer que ce troisième signe du nom hiéroglyphique de Ptolémée n’est point essentiellement nécessaire, et pourquoi il s’est dispensé d’en rechercher la valeur ; mais je puis assurer que je ne l’ai trouvé omis qu’une seule fois[19] dans les nombreux cartouches de Ptolémée, dessinés sur les monumens égyptiens ; seulement ce caractère est quelquefois déplacé et mis après le lion, et le caractère démotique correspondant (pl. I, n.o 6), loin d’être toujours omis, est au contraire toujours exprimé ; mais le savant Anglais a cru que ce signe faisait partie du caractère qui le précède.

Dans mon système, l’hiéroglyphe en forme de nœud que M. Young regarde comme inutile, et qui me paraît être un fruit ou une fleur avec sa tige recourbée, a été reconnu, au contraire pour être le signe de la voyelle O, parce qu’il est aussi en effet le quatrième signe du nom hiéroglyphique de Cléopâtre.

« Le lion, dit M. Young, correspond au LO d’Ackerblad ; un lion étant toujours exprimé par un caractère SEMBLABLE dans les manuscrits, où une ligne oblique croisée représente le corps, et une ligne perpendiculaire la queue : cela FUT LU PROBABLEMENT, non pas LO, mais OLE. »

Il est évident que le savant Anglais, parvenu seulement au quatrième signe du nom hiéroglyphique de Ptolémée, est déjà forcé, pour lire ce nom dont les deux premiers élémens lui ont paru alphabétiques, P et T, et en supprimant le troisième signe sans motif, de supposer que le quatrième, le lion, n’est plus un signe alphabétique comme les deux premiers, mais un caractère dissyllabique, lui attribuant la valeur OLE. Cet emploi de signes si différens de nature serait bien surprenant, à notre avis.

Pour moi, observant que le lion, troisième signe du nom hiéroglyphique de Ptolémée, était aussi le second signe du nom hiéroglyphique de Cléopâtre, je reconnus cet hiéroglyphe pour être tout simplement le signe de la consonne L.

J’ajouterai aussi que, dans aucun manuscrit hiératique, le signe équivalant au lion hiéroglyphique ne m’a paru semblable ni au caractère L ni au groupe LO d’Ackerblad : on peut voir le caractère hiératique répondant au lion, sur notre planche I, n.o 7.

L’erreur du savant Anglais, à cet égard, vient de ce qu’il a pris le quatrième signe (pl. I, n.o 6) du nom démotique de Ptolémée (pl. I, n.o 3), pour un trait essentiellement dépendant du caractère L qui précède (pl. I, n.o 8), et que ce groupe, qu’il suppose n’être qu’un seul caractère (pl. I, n.o 9), lui a semblé offrir quelque analogie avec le signe hiératique du lion (pl. I, n.o 7). Mais le quatrième signe démotique (pl. I, n.o 6) est un caractère distinct, et répond invariablement à la voyelle hiéroglyphique O, la fleur ou fruit avec sa tige recourbée (pl. I, n.o 10), soit dans le nom démotique de Ptolémée, soit dans celui de Cléopâtre (pl. I, n.o 11).

Quant au nom de Ptolémée du texte démotique de Rosette, il est orthographié ΠΤΛΟΜΗΣ, tandis que dans le cartouche hiéroglyphique du même monument il est écrit ΠΤΟΛΜΗΣ ; j’ai cité, du reste, dans ma Lettre à M. Dacier[20], des cartouches hiéroglyphiques dans lesquels ce nom se trouve aussi écrit ΠΤΛΟΜΗΣ, comme dans le texte démotique de Rosette.

« Le caractère suivant (le 5.e du nom hiéroglyphique de Ptolémée) est connu, poursuit le savant Anglais, pour avoir quelque rapport à l’idée place, lieu, en copte MA ; et il semble avoir été lu MA ou simplement M ; et ce caractère est toujours exprimé dans l’écriture courante par le M de l’alphabet d’Ackerblad. »

J’avoue d’abord que je n’ai jamais observé, soit dans l’inscription de Rosette, soit ailleurs, que le cinquième caractère du nom hiéroglyphique de Ptolémée fût employé dans un groupe ou bien seul, pour exprimer l’idée lieu ou place ; de plus, que je n’ai jamais vu dans les textes hiératiques cet hiéroglyphe remplacé par un signe semblable au M d’Ackerblad (pl. I, n.o 12). Il y est exprimé, soit par un signe tout-à-fait semblable à l’hiéroglyphe lui-même, soit par un caractère qui se rapproche de la forme de notre chiffre 3. (Voyez ces signes hiératiques, pl. I, n.o 13).

Dans mon système, j’ai reconnu ce caractère pour M hiéroglyphique, d’abord parce que tous les autres élémens qui forment le nom de Ptolémée étant bien fixés, ce signe devait en être forcément le M ; en second lieu, parce que je le retrouvais, et avec cette même valeur, dans divers autres noms gréco-romains. On verra bientôt que, dans la lecture du nom de Ptolémée, M. le docteur Young rentre dans son système syllabique en prononçant ce caractère MA.

« Les deux plumes, ajoute-t-il, quelque puisse avoir été leur sens naturel, répondent aux trois lignes parallèles du texte enchorial, et semblent, dans plus d’une occasion, avoir été lues I ou E. »

De mon côté, j’ai assigné à ces deux plumes la valeur de l’H grec, parce que je considère ces deux plumes, ou plutôt ces deux feuilles, comme un caractère complexe formé de la duplication de la feuille simple, qui est une voyelle brève. Les deux plumes répondent assez constamment en effet, dans les noms hiéroglyphiques, soit aux diphthongues grecques ΑΙ, ΕΙ, soit aux doubles voyelles ΙΑ, ΙΟ ; et, sous le premier rapport, ce groupe hiéroglyphique a la plus grande analogie avec l’epsilon redoublé, ΕΕ, des plus anciennes inscriptions grecques. Les deux feuilles répondent aussi quelquefois à l’iota de quelques noms grecs ou romains : nouveau motif pour transcrire ce groupe, vague de sa nature, par l’ητα des Grecs, dont la prononciation antique approcha aussi certainement de celle de notre I.

M. le docteur Young a observé avec toute raison que les deux plumes hiéroglyphiques répondent au caractère démotique formé de trois lignes parallèles (pl. I, n.o 14). Mais l’un n’est point pour cela un signe exactement correspondant à l’autre ; le caractère démotique précité est la forme hiératique du signe hiéroglyphique figuré (pl. I, n.o 15) ; caractère que j’ai reconnu n’être qu’un homophone des deux feuilles ou plumes dans les textes hiéroglyphiques.

« Le trait recourbé, continue M. Young, qui signifiait probablement grand, fut lu OSCH ou OS. »

Il est démontré pour moi, 1.o  que l’idée grand n’est jamais exprimée dans le texte hiéroglyphique de Rosette par ce trait recourbé, mais bien par une hirondelle placée sur le caractère bouche, groupe que M. le docteur Young a cru signifier diadème[21] ;

2.o Que ce caractère, eût-il signifié grand, n’aurait jamais été prononcé ⲟϣ par les Égyptiens, parce que ce monosyllabe a toujours le sens de beaucoup, nombreux, πολὺ, πολυς, et non pas celui de grand, idée rendue en langue égyptienne par les mots ⲛⲁⲁ, ⲛⲟϭ ou ⲛⲓϣϯ ;

3.o Enfin, que ce trait recourbé représente simplement la consonne S, et non pas les syllabes OSCH ou OS, puisqu’il termine sans cesse les noms propres grecs ou romains dont la dernière lettre est un Σ, ς, et que, dans le milieu de ces mêmes noms, il ne représente jamais que cette seule consonne Σ.

Ce rapprochement du système et des procédés de M. le docteur Young, et du système et des procédés que j’ai employés de mon côté, pour parvenir à la lecture et à l’analyse du nom propre hiéroglyphique de Ptolémée, prouve déjà à lui seul que nous avons suivi l’un et l’autre une route différente : cette vérité est mise dans la plus entière évidence par la comparaison même de son analyse totale du nom hiéroglyphique de Ptolémée, avec les résultats tout autres que j’ai moi-même obtenus.

« Rapprochant tous ces élémens les uns des autres, dit en effet le savant Anglais, nous avons précisément ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΣ, le nom grec lui-même. »

Et moi, qui ai considéré chaque caractère hiéroglyphique comme une simple lettre, et non pas comme pouvant représenter chacun une ou deux syllabes, je n’ai pu et dû obtenir que ΠΤΟΛΜΗΣ, squelette du nom grec Πτολεμαιος.

Il est clair que la théorie du docteur Young s’éloigne en elle-même aussi essentiellement de la mienne, que les résultats obtenus par l’application de l’une et de l’autre diffèrent entre eux.

Selon le système du savant Anglais, les Égyptiens écrivaient hiéroglyphiquement les noms propres étrangers, par le moyen de caractères proprement idéographiques qu’on employait accidentellement à représenter, soit une simple lettre, soit une syllabe, soit même deux syllabes. Selon mon système, les Égyptiens transcrivaient ces noms au moyen de caractères dont chacun ne représentait simplement qu’une consonne ou une des principales voyelles de ces noms étrangers.

D’après M. le docteur Young, les Égyptiens auraient eu une espèce d’alphabet idéographico-syllabique mixte, à-peu-près comme les Chinois lorsqu’ils transcrivent des mots étrangers à leur langue.

D’après moi, les Égyptiens transcrivirent les noms propres étrangers par une méthode toute alphabétique, semblable à celle des Hébreux, des Phéniciens et des Arabes, leurs voisins.

On ne saurait donc élever une question de priorité entre M. le docteur Young et moi sur la découverte du véritable alphabet phonétique égyptien, comme voudrait le faire l’auteur anonyme du Quarterly Review, puisque nos deux systèmes n’ont à très peu près rien de commun.

L’auteur de cet article eût donc dû examiner d’abord s’il y avait parité entre les deux systèmes, en prenant la peine d’en étudier les détails, et de les juger ensuite d’après leurs conséquences réelles et leurs applications positives.

Après le nom propre hiéroglyphique de Ptolémée, M. le docteur Young essaie ensuite de lire celui de Bérénice, qui se trouve sculpté deux fois au plafond de la grande porte du sud à Karnac. (Voy. ma pl. I, n.o 16.)

« Il nous semble y avoir dans ce nom, dit le savant Anglais[22], un autre exemple d’écritures syllabique et alphabétique, combinées d’une manière qui ne diffère pas extrêmement de ce mélange badin de mots et de choses avec lequel on amuse quelquefois les enfans ; car, quoique l’indignation de Warburton pût être excitée par cette comparaison, il est parfaitement vrai que parfois du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas. »

« Le premier caractère de ce nom hiéroglyphique a précisément la même forme qu’une corbeille représentée à Byban-el-Molouck, et appelée, dans la Description de l’Égypte, panier à anses ; et une corbeille se dit en langue copte BIR. »

« L’ovale, qui ressemble à un œil sans prunelle, signifie ailleurs À (préposition), qui en copte se dit E. »

« La ligne ondée signifie de, et peut être rendue par N. »

« Le petit marche-pied semble être superflu. »

« L’oie, c’est KE ou KEN : Kircher nous donne le mot KENESÖU pour oie…… »

« Donc, nous avons à la lettre BIRENICE, ou, si le N doit être inséré, l’accusatif BIRENICEN. »

Dans mon système, au contraire, le premier caractère, qui n’est point une corbeille, mais bien la cassolette dans laquelle on brûlait l’encens, n’exprime pas la syllabe BIR, mais seulement la consonne B ; car ce même hiéroglyphe est aussi le B du titre Σεβαστος, comme le B du nom propre Τιβεριος ;

Le second caractère, qui est une bouche, et non pas un œil sans prunelle, équivaut par-tout à la consonne R, et non pas à la voyelle E ; et je ne l’ai vu, dans aucun texte hiéroglyphique, répondre à la préposition copte .

Je reconnais aux deux autres signes, le troisième et le quatrième, la même valeur que leur attribue M. le docteur Young.

Mais le cinquième caractère, le marche-pied, loin d’être superflu, comme le croit le savant Anglais, est une des formes les plus constantes de la consonne K dans les noms hiéroglyphiques.

Enfin, l’oie représente la consonne Σ, S, et non pas la syllabe ΚΕ ou ΚΕΝ ; l’oie tient en effet la place du sigma dans la transcription hiéroglyphique du nom de l’impératrice Sabine.

Je trouve enfin le nom hiéroglyphique de la reine Bérénice orthographié ΒΡΝΗΚΣ, et non pas ΒΙΡΕΝΙΚΕ ni ΒΙΡΕΝΙΚΕΝ, comme le savant Anglais.

Mais arrivons au fait décisif entre les deux méthodes.

Le nom de Bérénice est le seul sur lequel M. le docteur Young ait essayé d’appliquer les valeurs phonétiques qu’il avait voulu déduire de son analyse du nom hiéroglyphique de Ptolémée. Tous les autres noms propres hiéroglyphiques, en si grande abondance sur les monumens égyptiens, ont absolument résisté à cette application.

Et si cette application de son système et du mien aux autres noms propres hiéroglyphiques est, comme il ne saurait y avoir aucun doute, la véritable pierre de touche qui doit décider de la valeur intrinsèque de l’un et de l’autre, la vérité de mon système est incontestablement démontrée par les faits, puisqu’en appliquant aux monumens les simples valeurs alphabétiques que j’avais attribuées à chacun des signes formant les noms propres hiéroglyphiques de Ptolémée et de Cléopâtre, j’ai considérablement accru mon alphabet hiéroglyphique ; j’ai assuré la valeur de chaque caractère en le montrant dans une foule de cas avec la même force représentative ; j’ai lu enfin, sans effort, dans les cartouches sculptés sur les édifices égyptiens, les noms hiéroglyphiques d’Alexandre, de son père Philippe, de Bérénice et d’Arsinoë ; ceux des empereurs Auguste, Tibère, Caius, Claude, Néron, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin ; celui de l’impératrice Sabine ; les surnoms Alexandre, Néocesar, Germanicus, Dacicus ; les titres Σεβαστος ; et Σεβαστη ; le titre ΑΥΤΟΚΡΑΤΩΡ (empereur), que M. le docteur Young a cru être, selon toute probabilité, dit-il[23], le nom propre Arsinoë, parce qu’un des signes qui le composent peut représenter une lentille, en copte ⲁⲣϣⲓⲛ arschin, ce qui eût suffi, dans son système, pour caractériser ce nom. J’ai lu le titre César, qui se trouvant pour l’ordinaire rapproché du titre αυτοκρατωρ, a paru à M. le docteur Young exprimer le surnom d’Évergète, ayant déjà supposé que le premier αυτοκρατωρ pouvait être Arsinoë.

Page 33, planche II
Page 33, planche II

Si l’on compare maintenant les valeurs phonétiques assignées par le savant Anglais à quelques hiéroglyphes, avec les valeurs que je leur ai attribuées moi-même (voyez ma planche II en regard de cette page), il est difficile de comprendre, en jetant les yeux sur ces valeurs de signes comparées, comment M. le docteur Young, qui ne se rencontre évidemment avec moi que sur quatre ou cinq signes seuls[24], a pu s’en attribuer quinze dans mon alphabet qu’il vient de réimprimer, en l’abrégeant, dans son nouvel ouvrage[25]. On voit au contraire que, sur les dix signes des noms propres Ptolémée et Bérénice qu’il a essayé de lire, l’hiéroglyphe qu’il prononce BIR n’est pour moi que B ; que son E est un R, son KE ou KEN une S, son MA un M pur, son OLE un L, son OS ou OSCH un S ; que les deux signes qu’il regarde comme inutiles et dont il n’a point fixé la valeur, sont l’un un K, et l’autre un O ; que, sur les trois signes qu’il a pris hors de ces noms propres, son OU est pour moi le Ϧ khéi copte, et son ENE un T. Ainsi, dans quinze signes, nous nous rencontrons sur la valeur de cinq seulement qui répondent aux lettres I, N, T, P et F.

Quant aux quatre autres nouveaux caractères numérotés 1, 2, 3, 4, au bas de ma planche II, et dont le savant Anglais prétendrait avoir reconnu la valeur avant moi, je ne crois point qu’il puisse les réclamer légitimement, puisqu’il ne s’attribue le premier, qui est le N de mon alphabet, que pour avoir dit que ce signe, qu’il croyait idéographique, était, dans les textes hiéroglyphiques, le signe équivalant aux prépositions coptes ⲛⲧⲉ, et , de ; et le n.o 2, parce qu’il avait remarqué, comme moi, que ce signe s’échangeait dans les textes avec celui qu’il prononçait ailleurs OSCH ou OS : mais M. Young n’a dit nulle part que ce signe n.o 2 fût un caractère phonétique.

Il réclamerait le n.o 3, parce qu’il a d’abord cru que l’oiseau qui le figure répondait, à lui tout seul, à un groupe composé de la feuille et de la chouette, ou du carré et d’un oiseau, groupes qu’il regarde comme exprimant en hiéroglyphes l’idée respectable, vénérable[26] : en conséquence, ayant mis le mot copte ⲙⲡϣⲁ digne, comme équivalent parlé de ces groupes idéographiques selon lui, il mit aussi dans la planche la lettre initiale du mot ⲙⲡϣⲁ, comme l’équivalent de la chouette seule, abrégé du prétendu groupe idéographique. Mais le savant Anglais ne dit nulle part que la chouette soit un caractère phonétique, répondant à la lettre copte (m). Aussi n’a-t-il donné le même oiseau (n.o 172, pl. 72, Encyclop. britannique) que comme le signe idéographique des prépositions coptes ϧⲉⲛ (khen) et ⲉϧⲟⲩⲛ (ekhoun) dans.

Enfin M. le docteur Young voudrait réclamer le n.o 4, parce qu’il aurait remarqué que, dans l’inscription de Rosette, par exemple, ce signe se montrait à la place de la chouette, et cela dans des passages qu’il considérait toutefois comme idéographiques.

Il résulte donc de ces discussions, que M. le docteur Young n’a reconnu nulle part, à aucun de ces quatre signes, une valeur proprement phonétique, et qu’il ne nous les a montrés dans aucun nom propre dont il ait même essayé la lecture ; tandis que, de mon côté, j’ai déduit la valeur de chacun d’eux, de plusieurs noms propres grecs ou romains comparés, noms dont j’ai donné la lecture complète. Le savant Anglais ne peut donc point les revendiquer ; aussi ne les avait-il point insérés dans son petit recueil de treize signes hiéroglyphiques exprimant des sons, qu’il fit graver dans l’Encyclopédie britannique, pl. 77, du n.o 206 au n.o 218.

Les prétentions de M. le docteur Young doivent donc se réduire à ce qui lui appartient réellement, à avoir indiqué la véritable valeur phonétique de cinq caractères, valeur que mon travail seul a réellement démontrée.

On peut maintenant juger, avec pleine connaissance de cause, cette assertion au moins singulière du savant Anglais, qui affirme, page 48 de son dernier ouvrage, qu’il a découvert neuf lettres égyptiennes, auxquelles je n’ai fait qu’en ajouter trois autres, ou quatre à la rigueur.

Et cette conclusion est fondée sur un bien étrange abus de mots : il ne s’agissait point en effet de découvrir si les Égyptiens eurent, dans leur langue et dans leurs écritures, les sons Α, Β, Γ, Δ, &c. ; mais il s’agissait uniquement de savoir par quels signes ce peuple représenta ces mêmes sons. La découverte à faire consistait seulement à reconnaître, dans les textes hiéroglyphiques, les signes qui étaient affectés à l’expression de ces sons ; et cette découverte devait être d’autant plus importante, qu’on aurait fixé la valeur d’un plus grand nombre de signes. Or, sous ce rapport, le travail du savant Anglais, comparé avec le mien, perd encore plus qu’il ne le laisse apercevoir, puisque mon alphabet hiéroglyphique publié dans la Lettre à M. Dacier, offre la détermination de la valeur positive, et appuyée sur des faits, de soixante caractères hiéroglyphiques au moins, et que les signes dont la valeur a été indiquée par le savant Anglais se réduisent à cinq.

En résumant cette longue discussion, en ce qui concerne la nature générale du système phonétique égyptien, il reste prouvé, ce me semble,

1.o Que M. le docteur Young, en essayant d’analyser deux noms propres seulement, a cru et voulu établir que les anciens Égyptiens transcrivaient les noms propres étrangers, en employant simultanément, et dans la transcription du même nom, des caractères qui, quoique idéographiques de leur nature, exprimaient, dans ces occasions seules, les uns des syllabes, les autres des dissyllabes, et quelques-uns même de simples lettres ;

2.o Que, de mon côté, j’ai le droit de croire avoir démontré que le système phonétique des Égyptiens était infiniment plus simple, et que ce peuple transcrivait les noms propres et les mots étrangers, au moyen d’un véritable alphabet dont chaque signe équivalait à une simple voyelle ou à une simple consonne.

Il serait facile maintenant, si l’on devait y revenir ; d’apprécier la justice et la bonne foi de l’anonyme du Quarterly Review, qui s’est hâté d’élever une question de priorité entre M. le docteur Young et moi, avant d’avoir examiné d’abord s’il peut se trouver quelque parité entre un système imparfait, complexe, fondé sur un essai de lecture de deux noms propres seulement, et un système simple, homogène dans toutes ses parties, fondé sur une foule d’applications qui s’enchaînent et se prouvent mutuellement ; entre un système enfin qui ne s’applique à rien, et un système qui s’applique à tout.

On sera peut-être surpris de l’étendue de cette dernière expression ; aussi dois-je me hâter de l’appuyer sur un développement de faits assez nombreux pour la légitimer. J’espère d’abord, que tous les anonymes trouveront dans les chapitres qui suivent celui-ci, une réponse péremptoire à cette assertion anglaise répétée dans le journal précité avec le plus de complaisance, savoir, que par mon alphabet « nous ne sommes pas avancés, même d’un iota, dans la connaissance du sens d’un seul de ces caractères sacrés, hors des noms propres étrangers ; » et de plus, que les mêmes faits prouveront jusqu’à quel point cet anonyme est dans l’erreur, lorsqu’il déclare, et M. le docteur Young avec lui, ne pouvoir penser avec moi que les anciens Égyptiens aient fait usage d’un alphabet pour représenter les sons et les articulations de certains mots, avant la domination des Grecs et des Romains. Les résultats généraux de cet ouvrage vont répondre à ces propositions irréfléchies, et que l’étendue et la certitude de mon alphabet phonétique auraient pu prévenir. Du reste, je ne saurais me plaindre de ce qu’on m’a réservé le soin de donner au public tous mes travaux dans leur intégrité., et avec toutes leurs applications aux monumens et à l’histoire du peuple de l’antiquité le plus célèbre, jusqu’ici le moins bien connu, et peut-être le plus digne de l’être ; je puis espérer que la suite de cet ouvrage y contribuera sous

des rapports du plus haut intérêt.

Notes du Chapitre I.er
  1. Analyse de l’Inscription en hiéroglyphes du monument trouvé à Rosette ; Dresde, 1804, in-4.o
  2. Supplement to the fourth and fifth editions of the Encyclopœdia Britannica. Edinburgh, 1819, vol. IV, part, i.re (de la page 38 à la page 74).
  3. N.o VI, Mai 1816.
  4. Suppl. Encyclop. britan. pl. 74 à 78.
  5. Ibid. pag. 54.
  6. Ibid. pag. 54, 55.
  7. Ibid. pag. 54.
  8. Ibid. pag. 54, 62, 63 (n.os 58, 59, 66).
  9. Encyclopédie britannique, Supp. IV, pag. 71, &c.
  10. Ibid. et pag. 55, 71, &c.
  11. Voyez mon Mémoire sur l’écriture hiératique, lu à l’Académie en 1821.
  12. Ibid.
  13. Si l’on doutait encore de la différence marquée de ces deux systèmes, je pourrais citer plusieurs beaux manuscrits hiératiques dont les divisions principales ont été indiquées, soit au scribe, soit au dessinateur chargé d’exécuter les peintures, par le moyen de petites légendes tracées en écriture démotique.
  14. Voy. Magasin encyclopédique, année 1816, tom. II, pag. 287, note i.re.
  15. L’abbé Barthélémy, dans le Recueil d’antiquités du C.te de Caylus, tom. V, pag. 79 ; Zoëga, de Origine et Usu obeliscorum, pag. 374, 465, &c.
  16. Encyclop. brit. Supp. IV, pag. 62.
  17. On emploie ici, et dans la suite de la discussion, les lettres capitales de l’alphabet latin.
  18. Voyez notre pl. I, n.o 2.
  19. Inscript. de Rosette, texte hiéroglyphique, ligne 14, et par un oubli du graveur.
  20. Planche I, n.os 30, 40, 41.
  21. Encyclopéd. britannique, Supp. vol. IV, part. I.re, pl. 75, n.o 92. — An Account of some recent discoveries, &c. pag. 155, n.o 92.
  22. Encyclop. britannique, Supp. IV, pag. 62 et 63, article 58.
  23. Encyclop. britannique, Supp. IV, pag. 63, n.o 59.
  24. Marqués d’un * sur la planche II.
  25. An Account &c., Alphabet of Champollion, pag. 121.
  26. Encyclop. britan., Suppl., vol. IV, pag. 66 et 67. À mon avis, ces groupes n’ont jamais signifié vénérable ni respectable, en écriture hiéroglyphique. Le carré suivi de l’oiseau n’est qu’une abréviation d’un groupe tout phonétique, et qui se lit ⲡⲩⲓ, ⲡⲃⲓ, ⲡϥⲓ gardien, soutien, groupe dont on peut voir toutes les variations et les abréviations dans mon Tableau général, du n.o 413 au n.o 416, à la fin de cet ouvrage : la chouette n’entre jamais dans ce groupe.