Premières poésies (Évanturel)/Le tableau

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Augustin Côté et Cie (p. 43-44).



LE TABLEAU



DANS le salon, parmi les portraits de famille,
Pensifs et suspendus par des clous d’or au mur,
Aux lueurs que projette un brasier qui pétille,
Regardez ce tableau dans ce beau clair-obscur.

L’artiste a voulu peindre une sainte mourante,
À genoux sur son lit et priant, les pieds nus,
Les mains jointes, la lèvre ouverte et suppliante,
Et levant vers le ciel ses beaux yeux ingénus.


Ô sainte convertie ! ô ma belle malade !
Comme ta pauvre sœur Madeleine au désert,
Entr’ouvre, entr’ouvre encor tes lèvres de grenade !

Ton âme va sortir et le ciel est ouvert.