Prenant congé de vous, dont les yeux m’ont donté

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Prenant congé de vous, dont les yeux m’ont donté
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 332).

XLII

Prenant congé de vous, dont les yeux m’ont donté,
Vous me distes un soir comme passionnée,
Je vous aime, Ronsard, par seule destinée,
Le Ciel à vous aimer force ma volonté.
Ce n’est vostre sçavoir, ce n’est vostre beauté
Ny vostre âge qui fuit vers l’Automne inclinée :
Ce n’est ny vostre corps, ny vostre ame bien-née,
C’est seulement du Ciel l’injuste cruauté.
Vous voyant, ma Raison ne s’est pas defenduë.
Vous puisse- je oublier comme chose perduë.
Helas ! je ne sçaurois, et si le voudrais bien.
Le voulant, je rencontre une force au contraire.
Puisqu’on dit que le Ciel est cause de tout bien,
Je n’y veux resister, il le faut laisser faire.