Principes de la musique et méthode de transposition, 4e édition/appendices/1
Hachette et Girod, (p. 175-177).
DE L’EXPRESSION ET DES NUANCES DANS L’EXÉCUTION.
263. Nous connaissons maintenant tous les éléments du langage musical, et les signes divers employés pour sa notation ; nous savons donc lire et écrire la musique. | |
Mais le pouvoir magique de cette langue des sons est tout entier dans l’âme même de celui qui l’écrit et qui la parle ; dans ce sentiment instinctif de l’exécutant qui, par les inflexions de la voix, l’accent, les nuances de douceur et de force, sait donner à la phrase, au morceau entier, le caractère, la couleur et la vie. | |
On appelle expression cette manière de dire par laquelle le musicien émeut ceux qui l’écoutent. | Expression. |
264. Les nuances, suivant le sens technique de ce mot, sont les modifications dans l’intensité, dans l’accent, dans l’articulation et l’émission du son ; en un mot, les moyens matériels par lesquels se traduit le sentiment de l’artiste. | Nuances. |
L’auteur peut indiquer les nuances, mais il ne peut donner ni même indiquer le sentiment qui les a dictées et qu’elles doivent exprimer. | |
Aussi les signes de nuances, écrits quelquefois avec profusion dans la musique moderne, ne sont-ils que d’un faible secours à celui qui, ne possédant pas le sentiment inné de l’art, ne peut les rendre qu’à la façon d’un automate. | |
C’est pourquoi les anciens compositeurs marquaient peu de nuances ; ils préféraient s’en rapporter, pour l’interprétation de leur pensée, au goût et à l’intelligence musicale de l’exécutant. | |
Toutefois, quand il s’agit de musique d’ensemble, il est indispensable que les nuances soient marquées avec précision ; sans cela, chacun des exécutants s’abandonnant à ses impressions personnelles, il n’y aurait que confusion là où doit régner l’unité la plus parfaite. | |
265. C’est encore à la langue italienne qu’on emprunte généralement les termes servant à marquer les nuances. |
Voici les expressions les plus usitées : |
Piano. . . . . | par abréviation | p. . . . . | (faible) ; | |||
Pianissimo . . | — | pp. . . . . | (très-faible) ; | |||
Dolce . . . . | — | dolc . . . . | (doux) ; | |||
Diminuendo. . | — | dimin. . . | (en diminuant) ; | |||
Smorzando. . . | — | smorz. . . | (en éteignant le son) ; | |||
Morendo. . . | — | mor . . . . | (en mourant) ; | |||
Decrescendo. . | — | decresc. . . | (en décroissant) ; | |||
Perdendosi. . . | — | perd. . . | [en se perdant (le son) ] ; | |||
Mezza voce. . . | — | mez. voc. |
| |||
sotto voce. . . | — | sot. voc. | ||||
Sforzando. . . | — | sfz. . . . . | (en forçant) ; | |||
Rinforzando. . . | — | rfz. . . . . | (en renforçant) ; | |||
Crescendo. . . | — | cresc. . . | (en croissant) ; | |||
Mezzo forte. . . | — | m. f. . . . . | (demi-fort) ; | |||
Forte. . . . . | — | f. . . . . . . | (fort) ; | |||
Fortissimo. . . | — | ff. . . . . . . | (très-fort) ; | |||
Calando. . . | — | cal. . . . . | (en calmant) ; | |||
Piano forte. . . | — | p. f. . . . . | (faible et fort successivement) ; | |||
Forte piano. . . | — | f. p. . . . . | (fort et faible successivement). |
EXEMPLE :
268. L’effet contraire, désigné par le mot staccato (détaché), est marqué au moyen de points allongés, placés au-dessus ou au-dessous des notes. Les sons doivent être alors attaqués avec une sorte de sécheresse, et détachés avec la plus grande légèreté possible. |
EXEMPLE :
269. Un staccato moins prononcé serait indiqué par des points ronds. |
EXEMPLE :
270. Enfin, pour des sons faiblement détachés, mais avec une certaine lourdeur, les points ronds seraient associés à la liaison[1]. |
EXEMPLE :
- ↑ On marque aussi de cette dernière manière, dans la musique de chant, le staccato exécuté sur une seule syllabe par des articulations successives du gosier.