Procès-verbaux de l’ouverture des châsses de saint Vosy (1711-1712)

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PROCÈS-VERBAUX
DE
L’OUVERTURE DES CHÂSSES DE SAINT-VOSY


1711-1712


L’époque légendaire de l’Église du Puy, c’est-à-dire la période qui va de l’ère chrétienne au IXe siècle environ, a provoqué et provoquera longtemps encore la recherche des curieux vellaves. De sérieux travaux ont vu le jour sur l’Apostolat de saint Georges et la série de ses premiers successeurs : il faut citer tout d’abord les Traditions chrétiennes sur saint Georges, du P. Matharan, de la compagnie de Jésus, le Puy, 1877, et le beau mémoire sur la Translation du siège épiscopal de Saint-Paulien au Puy, inséré par M. Aymard dans les Annales de la Société d’Agriculture, de 1869, pp. 531 et suiv. Tout se tient dans cette question si complexe de la naissance de notre ville et de l’aube de son histoire : aucun élément de contrôle ne doit être négligé. Les titres ont un droit spécial à l’attention des érudits. Il est beau de construire des systèmes sur nos origines locales ; ce qui vaut mieux, c’est le document, la pièce authentique, officielle. Or, dans toutes les controverses relatives aux débuts de notre histoire, on invoque les procès-verbaux, conservés aux archives de la mairie du Puy no GG, 6, et qui relatent l’ouverture, pratiquée en 1711 et 1712, des châsses de Saint-Vosy. Ces deux pièces donnent lieu à de nombreux commentaires. Il nous a semblé opportun de publier la plus importante, c’est-à-dire le procès-verbal de 1712, pour donner une base solide aux discussions futures. Transcrire un document essentiel et rétablir son texte avec exactitude est une œuvre qui compte peu : nous nous permettons de croire qu’il n’en est pas de plus utile.



Claude de la Roche Aymon, évêque et seigneur du Puy[1], comte du Velay, suffragant immédiat du St  Siège, conseiller du roy en ses conseils, à tous ceux qui ces présentes verront, sçavoir faisons, que le Sr Gabriel Bergonhon[2], chanoine et sindic de notre Eglise collégiale de St  Vosy du Puy, assisté des autres sieurs chanoines de la même Eglise, nous a représenté que par une tradition immémoriale, confirmée par les anciens et nouveaux bréviaires du diocèse du Puy, on avoit toujours cru que les corps de St  Vosy, St  Scutaire, St  Suacre, St  Hermentaire, St  Aurelle et St  Bénigne, tous évêques du Puy, reposaient dans le grand autel de ladite église, et que désirant de découvrir un si précieux trésor pour rendre aux reliques de ces SS. évêques l’honneur et la vénération qui leur est deue, ils se seroient adressés en notre absence à M. Girardin, notre grand-vicaire, pour faire l’ouverture dudit grand autel.

Notre grand-vicaire, acquiesçant à leurs pieux désirs, se seroit transporté dans l’église de St  Vosy, où, après avoir observé les formalités en tel cas requises, il auroit fait ouvrir en sa présence ledit grand autel, dans lequel il auroit trouvé les corps de St  Vosy, de St  Scutaire, et des autres SS. évêques, ainsi qu’il est porté plus amplement dans le verbal en date du 22e avril 1711, que le Sr Girardin notre grand-vicaire en a dressé, et qui nous a été représenté par le susdit syndic, après qu’il eut paru certain par ladite ouverture de la table de pierre du grand autel que ces corps desdits SS. évêques y étoient véritablement enfermés dans le grand autel. Ledit Sr Girardin fit fermer en sa présence l’ouverture qu’on avoit faite au-dessus de l’autel, fit mettre des ais liés ensemble et cramponnés avec des pattes de fer au-dessus de ce tombeau servant de grand autel, et mit des rubans aux jointures avec l’impression du sceau de nos armes, au nombre de seize qui devoient rester jusqu’à ce que nous puissions par nous-même faire la vérification et l’élévation de ces saints corps selon les formes de l’Eglise et les cérémonies en tel cas requises. Le susdit Sr syndic accompagné des autres Srs chanoines de l’église collégiale de St  Vosy nous a requis de vouloir faire par nous-même la vérification de leur grand autel et des reliques qui y sont renfermées afin d’en ordonner ensuite l’élévation et l’exposition à la vénération de tous les fidelles ; auxquelles réquisitions nousdit évêque ayant égard, cejourdhuy 25e février de l’an 1712, nous nous sommes transportés dans ladite église collégiale de St Vosy, où, après avoir fait nos prières devant le grand autel sous la table duquel sont contenues les saintes reliques des six SS. évêques, nos prédécesseurs, nous avons célébré la Ste  Messe sur le même autel, après laquelle nous sommes montés sur le trône qui étoit préparé au fond du chœur du côté de l’épître, où étant revêtu de nos habits pontificaux, assisté de MM. Marcellin de Beget[3] doyen de notre cathédrale, Claude Genestet prévôt, Gabriel Peyret abbé de St  Pierre La Tour, Christophle Roqueplan fordoyen, Catherin Perrin, Pierre Rome, Jacques Genestet, Joseph Rome, chanoines de l’Eglise cathédrale, Thierry Lefebvre, docteur de Sorbonne, chanoine de l’Eglise collégiale de St  Georges et St  Agrève, supérieur de notre séminaire, Jean Baud aussi chanoine de St  Georges et St  Agrève, directeur dudit séminaire, Claude Rouit curé de ladite Eglise collégiale et parroissiale dudit St  Georges et St  Agrève, et en présence des autres Srs chanoines de l’Eglise collégiale de St  Vosy, et de Nicolas de Pauches, écuyer, Sr de Cordes, premier consul, sieur André Nolhac, et des autres sieurs consuls, de Just François de Pradier d’Agrain, chevalier, seigneur baron dudit Agrain, Rochefort et autres places, Amable Albert de Pradier d’Agrain, chevalier, Sgr  baron de Mons, Volhac et autres places, Hugues de Mourgues, écuyer, Sgr  de St -Germain et autres, Jacques de Genestet écuyer, Sgr  de Séneujol, baron de Montbonnet, secrétaire du roy, Armand Bergonhon Sr de Rachas[4], avocat au parlement, conseiller des États du pays et diocèse du Velay, Sr Jacques Sahuc, marchand bourgeois, et autres notables, deuement appellez, et d’un grand nombre de personnes de toute sorte d’état et de condition, dont l’église étoit remplie ; MM. du Présidial et Sénéchal, et MM. de la commune n’y étoient pas en corps, à cause de la contestation du pas et de la préséance qu’ils ont avec M. le lieutenant du roy de la présente ville, assisté aussi de M. Pierre Nicolas Girardin, Armand Barret, nos deux grands-vicaires, et Pierre Chomel notre promoteur, tous chanoines de notre cathédrale ; le Sr Gabriel Begonhon, sindic dudit chapitre St  Vosy, accompagné des autres sieurs chanoines de cette église, ses confrères, nous a renouvellé ses réquisitions, et nous a humblement prié, tant au nom dudit chapitre que de tous les autres assistans, de vouloir procéder à la vérification des reliques des saints évêques qui sont contenues sous la pierre du grand autel de leur église, et qui ont été découvertes en notre absence par M. Girardin notre grand-vicaire, ainsi qu’il appert par le procès-verbal qu’il en a dressé et qu’il a remis entre nos mains. Sur quoy le Sr Pierre Chomel, notre promoteur, nous a requis, que la lecture dudit verbal dressé de la découverte des reliques de St  Vosy et des autres SS. évêques, présenté par ledit Sr sindic, fut faite publiquement et à haute voix.

Nous avons ordonné à notre secrétaire d’en faire la lecture, ce qui a été fait avant de procéder à la visite du lieu ou tombeau ou reposoient les reliques des SS. évêques ; nous avons député et nommé commissaires pour examiner conjointement avec nous et nous faire un fidèle rapport de l’état où toutes choses se trouveroient : MM. Marcellin de Béget, doyen de notre cathédrale, Claude Genestet prévôt, Gabriel Peyret abbé de St  Pierre-La-Tour, Christophle Roqueplan, fordoyen, Catherin Perrin, Joseph Rome, chanoines de notre cathédrale, Nicolas de Cordes de Pauches, 1er  consul, André Nolhac, 2e consul, noble Just François de Pradier d’Agrain, Amable Albert de Pradier d’Agrain, Jacques Genestet de Séneujol, secrétaire du roy, Hugues de St  Germain, Armand Bergonhon advocat, Jacques Sahuc bourgeois, à tous lesquels nous avons fait prêter le serment, suivant la forme de l’église, le plus jeune d’eux âgé de 25 ans ; après quoy, nous nous sommes approchés du grand autel, et nous étant mis à genoux sur un prie-Dieu, nous avons entonné le Veni Creator qui a été continué par le chœur, et à la fin nous avons dit les oraisons Deus qui corda fidelium et Actiones nostras ; et pendant qu’on chantoit, nous avons fait oter le tabernacle de l’autel ; ce qui étant fait, nous dit évêque, assisté des sieurs doyen, dignités et chanoines de notre cathédrale et de nos deux grands-vicaires, de notre promoteur accompagné des autres commissaires par nous députés, nous sommes approchés du tombeau de pierre qui servoit de grand autel. Nous avons aperceu sur le devant dudit tombeau ou autel, les images des six SS. évêques et celle de la Ste  Vierge au milieu, peintes à fresque d’une manière antique, et à demy-effacées, au-dessus desquelles sur un petit rebord qui terminoit la hauteur du tombeau étoît peinte certaine inscription ; nous aurions requis les susdits députés de nous rapporter ce qui étoit écrit, lesquels nous ont unanimement rapporté et attesté que sur le rebord dudit tombeau il y avoit ces paroles écrites en lettres gothiques, ainsi qu’il nous a aussi paru :

His patribus dignis urbs claruit inclita signis,
Virgine dante pia, quam signat imago Maria,
Nam Deus exaudit hos sex quos hæc petra claudit.

Nous avons trouvé le dessus du tombeau servant de grand-autel, couvert de planches, ou ais liés ensemble, arrêtés et cramponnés avec des pattes de fer ; les jointures desdites planches étoient arrêtées par des rubans sur lesquels étoit imprimé le sceau de nos armes que nous avons fait vérifier par lesdits sieurs députez, lesquels nous ont attesté que lesdits sceaux étoient au nombre de seize en leur entier et sans aucune altération. Nous avons ordonné à André Olier, md serrurier, d’enlever les pattes et crampons de fer, de séparer et ôter les planches qui couvroient le dessus de l’autel ; ce qui étant fait, nous avons trouvé le tombeau couvert de plusieurs pierres taillées, emboîtées l’une dans l’autre, soutenues par une séparation de massonnerie qui traversait le tombeau et le divisait en deux parties égales. Ledit tombeau étoit tout d’une pierre creusée dans le milieu ; nous avons fait lever les pierres qui couvroient le tombeau du côté de l’Evangile, en présence des sieurs députez et de toute l’assistance, et nous avons trouvé dans cette séparation du-tombeau deux caisses : l’une couverte d’une peau noire avec des cloux et manquant de serrure, laquelle serrure pourtant nous a été représentée par le susdit syndic avec sa clef, que nous avons présentée à l’enchassure de ladite caisse, et avons reconnu être la même qui étoit marquée dans le verbal du sieur Girardin notre grand-vicaire. Nous avons trouvé dans la même séparation une seconde caisse de bois blanc tout uni et sans serrure. Nous avons fait porter les deux caisses sur une table préparée, et placée audevant de notre trône. Nous avons fait couvrir les deux caisses d’étoffes précieuses ; ensuite nous avons fait ouvrir la partie du tombeau du côté de l’épitre. Après qu’on a eu levé les pierres qui couvroient le dessus, nous avons trouvé un linge fort blanc et en son entier, qui couvroit un grand nombre d’ossemens audessus desquels étoient cinq têtes rangées en rond, et au milieu de tout un petit calice d’étain ou de fer blanc d’un demy-pied de haut, d’une figure antique. Nous avons mis les cinq têtes sur un bassin d’argent que nous avons fait placer aussi sur la table préparée, et nous avons ordonné à deux chanoines du chapitre de St  Vosy de garder à veue le reste des ossemens qui étoient dans cette concavité. Nous nous sommes approchés de la table sur laquelle lesdites caisses et les cinq têtes étoient placées, assisté des sieurs dignités et chanoines, de notre promoteur et des autres députés qui entouroient la table, nous avons encensé les deux caisses et les cinq têtes qui étoient sur le bassin d’argent. Nous avons nommé d’office M. Joseph Hyacinthe Meyronnenc, docteur en médecine, et les sieurs Anthoine Filhol et Jacques-François Doron, chirurgiens jurés du Puy, desquels nous avons exigé et receu le serment, la main posée sur les SS. Evangiles, de fidèlement rapporter l’état des ossemens qui leur seroient exhibés. Cela fait, nous avons ouvert la caisse, couverte d’une peau noire avec des cloux, en présence desdits députez commissaires et de toute l’assistance ; nous avons trouvé dans ladite caisse une tête et plusieurs ossemens enveloppés dans un linge ou suaire fort blanc, servant d’authentique, d’environ quatre doigts de large et d’un pied de long, sur lequel étoit gravée une inscription que nous avons fait visiter par les sieurs dignités, chanoines, et commissaires députez, qui nous ont tous unanimement rapporté, ainsi qu’il nous est aussi apparu, être écrit sur le marbre ces mots : Hic requiescit corpus Sti Evodii primi ecclesiæ Aniciensts præsulis. Nous avons entonné le Te Deum laudamus pour remercier Dieu de la découverte qu’il avoit bien voulu nous faire des corps de St  Vosy, premier évêque du Puy, et des autres SS. évêques ses successeurs. On a chanté ensuite l’antienne propre pour ces SS. évêques, et nous avons dit l’oraison pro gratiarum actione, et celle de S. Vosy et des SS. évêques. Après quoy nous avons pris entre nos mains le chef de S. Vosy, nous l’avons fait voir au peuple et donné avec icelluy la bénédiction. Et d’autant qu’il étoit près de midy nous avons remis jusques à une heure de surséance la vérification des ossemens de S. Vosy, renfermés dans ladite caisse. Cependant nous avons remis le chef de S. Vosy dans ladite caisse que nous avons fait remettre aussi bien que la caisse de bois blanc et les cinq têtes dans le même endroit d’où on les avoit tirées. Nous avons aussi fait refermer ledit tombeau et fait apposer le sceau de nos armes sur la couverture qui couvroit ledit tombeau, dont et de tout nous aurions dressé le présent verbal, que nous aurions requis lesdits sieurs doyen, prévost, dignités, chanoines de notre cathédrale, consuls de la présente ville, personnes nobles et qualifiées et plusieurs autres assistans d’attester et signer avec nous.

Signé : † Claude, évêque du Puy ; Girardin, vic.-gén. ; Barret, vic-gén. ; Chomel, promoteur ; de Béget, doyen ; Genestet, prévost ; Peyret, abbé de St  Pierre-La-Tour ; Roqueplan, fordoyen ; Perrin, chanoine ; Rome, chanoine ; Volhac d’Agrain Cordes, premier consul ; André Nolhac, second consul ; de Mourgues de St  Germain, Genestet de Séneujol ; T. Lefebvre, supérieur du Séminaire ; J. Baud, chanoine de St  Georges et S. Agrève ; par monseigneur, Treveys, secrétaire ; Rouit, curé de S. Georges et S. Agrève ; Goy, Nolhac, Augier, chanoine et curé ; Ranquet, Robert, Bergonhon, chanoine et syndic ; Nolhac, chanoine ; Vandosme, chanoine ; Bergonhon, Sahuc.

Et le même jour, 25e février de ladite année 1712, nousdit Evêque, nous sommes transporté dans ladite église collégiale de S. Vosy sur les trois heures après midy pour continuer la vérification des corps saints que nous avions commencée ; assisté des sieurs doyen, prévost, dignités et chanoines de notre cathédrale, de nos grands vicaires et promoteur, des autres commissaires députés et nommés cy-devant, et des chanoines de l’église de St  Vosy, en présence de Messire Nicolas Esbrayat Sr d’Estival, chevalier de l’ordre militaire de S. Louis, lieutenant du roy, de qui nous avons exigé et receu le serment des consuls et autres personnes notables et qualifiées deuement appellées.

Après avoir fait notre prière devant le tombeau où reposoient les reliques des SS. évêques nos prédécesseurs, nous être revêtu de nos habits pontificaux, notre promoteur nous a requis de faire vérifier par les sieurs doyen, dignités et chanoines, et les autres commissaires députés, si les sceaux apposés le matin sur la couverture du tombeau étoient en leur entier, et si toutes choses étoient au même état qu’on les avait laissées. Nous avons fait examiner et vérifier par les sieurs dignités et chanoines, et les autres commissaires députez l’état du tombeau où nous avions remis les deux caisses et les cinq têtes avec le petit calice. Ils nous ont rapporté, et nous l’avons recognu par nous-même que le tombeau étoit bien fermé, les sceaux en leur entier sans aucune altération, et toutes choses de même que nous les avions laissées le matin. Nous avons ordonné qu’on ouvrit le tombeau du côté de l’évangile, d’où nous avons fait retirer la caisse couverte d’une peau noire que nous y avions déposée le matin, contenant le corps de S. Vosy. Nous l’avons fait apporter sur la table préparée au pied de notre trône, nous l’avons encensée de trois coups, et nous avons fait l’ouverture de ladite caisse en présence des sieurs doyen, dignités et chanoines, et de tous les autres commissaires cydessus nommés, et de toute l’assistance, nous avons retiré la tête et la machoire inférieure et tous les ossemens contenus dans ladite caisse ; nous les avons fait étendre sur la table préparée à cet effet, et en notre présence à la veue des sieurs doyen, prévot, dignités, chanoines et commissaires députez et de plusieurs personnes qualifiées, le sieur Meyronnenc, médecin, et les sieurs Filliol et Doron, chirurgiens, ont vérifié et visité tous les ossemens l’un après l’autre, parmi lesquels ossemens nous avons trouvé une cuiller de bois d’environ huit pouces, percée par le bout, et plusieurs pièces de bois rond vermoulues, qui paraissoient avoir été un baton pastoral, car une desdites pièces étoit recourbée par le haut, et on y trouva une pièce de fer aussi recourbée. Ledit sieur médecin nous ayant rapporté qu’il manquoit un os du bras pour former le corps entier, ledit sieur sindic de Saint-Vosy nous a alors représenté un reliquaire de bois doré en forme de bras, nous déclarant avec les chanoines dudit chapitre qu’ils avoient toujours cru, et qu’ils l’avoient appris de leurs prédécesseurs qu’il y avoit dans ce reliquaire un os du bras de Saint-Vosy. Nous en avons fait l’ouverture et nous y avons trouvé un os d’un bras que le sieur médecin a reconnu et déclaré être entièrement conforme à l’autre os du bras qui s’étoit trouvé seul dans la caisse de Saint-Vosy ; lesquels Meyronnenc, Filhol et Doron, chirurgiens, après serment prêté comme dessus, ont rapporté avoir exactement vérifié et visité lesdits ossemens et nous ont remis leur rapport signé d’eux, comme s’ensuit :

« Josephus Hyacinthus Meyronnenc, doctor almæ universitatis Monspeliensis, consiliarius et medicus a rege in urbe Aniciensi, et Antonius Filhol, et Franciscus Doron, chirurgiæ magisterii jurati, in eadem urbe, jurejurando prius obligati ab illustrissimo et reverendissimo DD. Claudio de la Roche-Aymon, episcopo et toparcha Aniciensi, Velauniæ comite, ecclesiæ romanæ speciali suffraganeo, eique immediate subdito, regis a secretioribus consiliis, fidem facimus quod hodierna die, hora tertia pomeridiana, coram illustrissimo D. episcopo, præsentibus DD. decano, præposito, abbate sancti Petri a Turre forisdecano et quam plurimis aliis etc… vidimus et discrevimus ossa gloriosissimi ac sanctissimi Evodii primi Aniciensis episcopi, a reverendissimo episcopo nobis exhibita sua compage soluta et contenta in capsula lignea vetustissimi operis pelle nigra circumtecta. Primoquidem animadvertimus et seorsim notavimus omnia calvariæ ossa cum suis suturis, utramque maxillam tam superiorem quam inferiorem dentibus molaribus constructam, maxillam inferiorem separatam aptavimus calvariæ et maxillæ superiori ; et hominis caput conforme nobis effinxit cui aliquot dentes in eadem capsula collectas alveolis suis convenientes remisimus, similiter invenimus scapulas duas, et totidem claviculas, ambos humeros, binos cubitos cum unica ulna et duobus radiis, vertebris octodecim, viginti duo costas, sacri ossis et coccygis ossa, femora duo, duo tibiarum, fibulas duas et patellas vel rotulas, calces duas, tali duo calcariæ navicularia, ossa duo tarsi demum et metatarsi, carpi et metacarpi tam ex utroque pede quam manu, quam plurima ossicula phalanges dicta ; et continuo oblata fuit nobis a D. Gabriele Bergonhon, dictæ ecclesiæ sancti Evodii canonico et syndico theca reliquiarum in forma brachii conflata, in qua deficientem in capsula, ut jam dixi unam ulnam nobis exhibuit, quam ulnam cum sua compari contulimus, et suo brachio relativam esse enunciamus quare in solemne præmissorum testimonium hoc diploma chirographis nostris munivimus Anicii Vellavorum die vigesima quinta mensis februarii anno salutis 1712. »

Meyronnenc, doctor medicius ; Filhol ; Doron.


Nous avons ensuite fait mettre lesdits ossemens de Saint-Vosy, premier évêque du Puy, dans une châsse de bois en sculpture, dorée de tous ses côtés, après avoir béni la châsse, ayant réservé la tête et la machoire que nous avons enfermé ensuite dans un buste de bois argenté, de la figure d’un évêque à demy-corps, dont nous avons scellé l’ouverture du sceau de nos armes. Nous avons aussi remis dans ladite chasse le marbre blanc dont l’inscription servoit d’authentique, une charte contenant notre vérification desdits ossemens, ensemble le rapport du médecin et chirurgiens contenant le dénombrement des ossemens de Saint-Vosy, signé de leur main ; laquelle châsse nous aurions fait fermer par le haut et traverser la couverture par une verge de fer passant dans deux boucles que nous avons fait arrêter par une clavette aussi de fer, et nous avons fait apposer sur le tout le sceau de nos armes, et comme il étoit déjà tard nous avons remis l’ouverture et la vérification de la caisse de bois blanc jusques au lendemain. Cependant nous avons fait refermer ledit tombeau qui contenoit la caisse de bois blanc et les autres ossemens, et fait apposer nos sceaux sur la couverture, dont et de tout ce que dessus, nous aurions dressé le présent verbal que nous aurions requis les sieurs doyen, prévost, chanoines, lieutenant de roy, consuls, personnes nobles et qualifiées, et plusieurs autres assistans d’attester et signer avec nous.

Signé † Claude, Evêque du Puy.

Girardin, vic. gén. ; Barret, vic. gén. ; De Beget, doyen ; Genestet, prévost ; Peyret, abbé de S. Pierre-la-Tour ; De Roqueplan, fordoyen ; Perrin, chanoine ; Rome ; d’Estival, lieutenant de roy ; Cordes, 1er consul ; André Nolhac, 2e consul ; Volhac d’Agrain ; De Mourgues de Saint-Germain ; Genestet de Seneujol ; Goy ; Nolhac, chanoine ; Ranquet ; Robert ; Augier, chanoine et curé ; Bergonhon, chanoine et syndic ; A. Nolhac, chan. ; Vandosme, chanoine ; Bergonhon, advocat.

Par monseigneur, Treveys, secrétaire.

Le lendemain, 26e jour du mois de février 1712, nous dit évêque du Puy, nous trouvant indisposé, nous avons donné ordre et commission aux sieurs Pierre Nicolas Girardin et Armand Barret, nos deux grands-vicaires, de se transporter à l’Eglise collégiale de Saint-Vosy avec les sieurs doyen, prévost, dignités, chanoines de notre cathédrale, notre promoteur, et les autres commissaires nommés le jour précédent, pour ouvrir de rechef le tombeau et mettre en état tous les ossemens contenus, tant dans la caisse de bois blanc, que dans la concavité du tombeau du côté de l’épitre. Nos susdits grands-vicaires et autres cy-dessus nommés, suivant le rapport qu’ils nous ont fait, étant arrivés au pied du tombeau, ils ont visité et vérifié ledit tombeau qu’ils ont trouvé fermé de tous les côtés, avec le sceau de nos armes apposé dans leur entier et sans aucune altération ; ils ont fait ouvrir et en ont fait retirer la caisse de bois blanc, dans laquelle ils ont trouvé une assez grande quantité d’ossemens enveloppés dans un linge, et au-dessus dans la même caisse un marbre blanc d’environ six pouces en quarré, servant d’authentique, sur lequel étoit gravé en caractère rond et fort lisible : Stus Scutarius episcopus. En présence des commissaires, nommés et de toute l’assistance ils ont fait étendre sur la table tous lesdits ossemens altérés par la chaux : ils les ont mis entre les mains du sieur Meyronnenc, médecin, et Filhol et Doron, chirurgiens, pour en faire la visite et la vérification en leur présence et celle des sieurs dignitez et commissaires, afin d’en faire et dresser leur rapport, lorsque nous serions présent. Nos deux grands-vicaires, accompagnés des susdite ont retiré de la concavité du tombeau du côté de l’épitre les têtes avec le petit calice que nous y avions remis et tous les ossemens qui y étoient renfermés, et qui étoient mêlés confusément les uns avec les autres, sans trouver aucune authentique qui put faire connoitre le nom et qualité des saints dont ils composoient le corps. Ils les ont tous fait étendre sur la table préparée, et le Sr Meyronnenc, médecin, et Filhol et Doron, chirurgiens, ont visité et vérifié tous ces ossemens, et disposé en sorte qu’ils fussent en état, quand nous serions présent, d’en faire une exacte vérification. Au dessous desdits ossemens, il y avoit de vieux linges et plusieurs parties de pièces d’étoffe de soye, tous vermoulus, mêlés avec de la terre. On a fouillé dessous et on a trouvé plusieurs autres ossemens sans aucune authentique que l’on a mis dans un bassin d’argent et séparement des autres susdits ossemens ; le tout étant ainsi disposé, nos deux grands-vicaires ont fait sortir de l’église tous les assistans sans aucune exception ; ils ont fait fermer très-exactement toutes les portes de l’église et sceller du sceau de nos armes jusque à ce que nous vinssions en personne pour faire la vérification de tous les ossemens qu’ils avoient trouvés.

Nous dit évêque du Puy, assisté des sieurs doyen, prévot, et chanoines de notre cathédrale, et de nos grands-vicaires et promoteur, et des autres commissaires nommés par nous et des chanoines de l’église collégiale de Saint-Vosy, nous sommes transporté cejourd’hui 26e février 1712, sur les deux heures après midy, dans l’église collégiale de Saint-Vosy. Nous avons trouvé toutes les portes de ladite église fermées et scellées du sceau de nos armes ; nous avons ordonné qu’on ouvrit seulement la porte qui répond à la sacristie. Nous sommes entré dans l’église accompagné des sieurs doyen, prévot, dignités, chanoines, nos grands-vicaires et promoteur, des Srs chanoines de Saint-Vosy, du Sr lieutenant de roy, des consuls et autres commissaires, et de plusieurs autres personnes qualifiées et de distinctions. Après avoir fait notre prière, nous sommes monté à notre trone, où nous nous sommes revêtu de nos habits pontificaux, et assisté des sieurs doyen, prevot, et autres cy-devant nommés, nous nous sommes approché de la table, sur laquelle tous les ossemens que nos grands-vicaires avoient retirés le matin du tombeau étoient étendus ; nous les avons encensés. Le sieur Barret, notre grand-vicaire, nous a fait tout de nouveau le rapport de tout ce qu’ils avoient fait le matin, et de quelle manière ils avaient procédé pour l’ouverture du tombeau, et comme ils avoient fait étendre et distinguer les ossemens qui étoient présens sur la table. Nous avons fait vérifier lesdits ossemens par les sieurs doyen, prévot, dignités, chanoines, et autres qui avoient été présens le matin lorsqu’on les a sortis du tombeau et étendus sur cette table. Ils nous ont tous unanimement attesté que c’étoient les mêmes ossemens que l’on avoit tirés du tombeau de pierre, et qu’ils étoient dans la même situation et le même état qu’on les avoit laissés le matin. Après quoy nous avons commencé la visite et vérification des ossemens de St  Scutaire, et du marbre portant inscription que nos grands-vicaires avoient enfermés avec le marbre dans une châsse destinée pour les mieux distinguer, notre promoteur a ouvert ladite chasse et nous a présenté d’abord un marbre blanc d’environ six pouces, sur lequel étoit gravée une inscription que nous avons fait visiter et examiner par les sieurs doyen, prévot, dignités, chanoines et par les autres commissaires. Ils nous ont unanimement rapporté, ainsi qu’il nous a paru, être gravé sur le marbre en caractère rond et fort lisible : Sanctus Scutarius episcopus. Nous avons ensuite ordonné au sieur Meyronnenc, médecin, Filhol et Doron, chirurgiens, de faire, en notre présence et celle de nos commissaires, la visite et la vérification desdits ossemens de St  Scutaire, qui étoient renfermée dans la châsse de bois blanc ; à quoy ils ont travaillé sur le champ. Lesdits sieurs, après le serment prêté comme dessus, nous ont rapporté avoir fait exactement la vérification desdits ossemens, dont ils ont dressé leur rapport, et nous l’ont remis signé de leur main, dont la teneur s’ensuit :

Eadem die XXVIa mensis februarii ejusdem anni 1712 horis serotivis, coram Illustrissimo Domino Domino Claudio de La Roche Aymon Anicii episcopo, Velaunorum comite, presentibus decano præposito, abbate sancti Petri a Turre, et aliis dignitatibus, canonicis venerabilibus tam ecclesie angelicæ cathedralis quam collegiorum, consulibus urbis et viris nobilibus, et aliis speciali nota insignibus, et populo continuo demirante, exhibita nobis fuit ab illustrissimo ac reverendissimo domino episcopo, altera capsula lignea ex parte evangelii ejusdem altaris educta, in qua continebatur corpus sancti Scutarii, episcopi. In ipsa autem capsula invenimus majorem partem cranii cum dentibus aliquot et portione maxillarum disjunctive propter calcem in particulas semiustas alteram vero partem cranii æqualiter semiusti in latere epistolæ ejusdem altaris repertam eodem tempore coram domino episcopo et aliis astantibus, aptavimus cum supradicta altera portione cranii, et caput hominis conforme effinximus et construximus, reperivimus similiter 22 vertebras, tot costas, scapularum portiones ex duabus, radi os et ulnas, ossa ischion, pubis et coccygis, femora, duo tibias, et fibulas, calcanea duo, viginti duo ossicula tam manuum quam pedum, fisa, mosdea et phalanges dicta in solemnem præmissorum fidem presens diploma chirographo nostro munivimus.

Meyronnenc D. M., Filhol, Doron.


Nous avons ensuite fait mettre lesdits ossemens de Saint-Scutaire, évêque du Puy, dans une châsse de bois de sculpture, dorée de tous les côtés, doublée en dedans d’une étoffe de soye. Après avoir béni ladite châsse, ayant réservé le crane que nous avons mis dans un buste de bois argenté de figure d’un évêque à demy-corps dont nous avons scellé l’ouverture du sceau de nos armes, nous avons aussi remis le marbre, dont son inscription servoit d’authentique, avec notre verbal de la vérification desdits ossemens, et ensemble une copie du verbal des médecins et chirurgiens, contenant le dénombrement des ossemens qu’on a trouvés dans la susdite caisse, signé de leur main. Nous avons fait fermer ladite caisse par le haut et traverser la couverture par une verge de fer passée dans deux boucles que nous avons fait arrêter par une clavette aussi de fer, et nous avons fait apposer sur le tout le sceau de nos armes.

Ensuite nous avons fait procéder à la visite et vérification des ossemens qui ont été trouvés et tirés de la concavité du tombeau du côté de l’épitre par nos grands-vicaires, nous les avons trouvés en assez grande quantité et sans aucune authentique qui put faire foy du nom et de la qualité des saints dont ils composaient les corps, nous avons ordonné aux sieurs Meyronnenc, médecin, et Filhol et Doron, chirurgiens, d’en faire la vérification et de séparer, autant qu’ils le pourroient, les ossemens qui pourroient convenir à chaque corps ; à quoy ils ont travaillé sur le champ, en notre présence et des sieurs doyen, prévot, dignités, chanoines et autres commissaires qui étoient autour de la table. Après que lesdits médecins et chirurgiens ont formé les squelettes par la présentation et jonction des membres qui pouvoient convenir à chaque corps, au moins quant aux parties principales, ils ont dressé le rapport des ossemens qu’ils nous ont présenté, et nous l’ont remis signé de leur main, dont voicy la teneur :


Eadem die et anno quibus supra, videlicet 26a mensis februarii 1712, horis pariter serotinis, inventa et educta fuere ex latere epistolæ ejusdem altaris, quam plurima alia ossa quæ a reverendissimo et illustrissimo domino episcopo Aniciensi nobis jam dictis Meyronnenc, Filhol et Doron exhibita sunt, et illa separatim in scheleton reduximus, numeravimus et nominavimus coram eodem domino episcopo et supradictis commissariis ; scilicet, caput in integrum cum maxillis, totas costas et vertebras, scapulas, claviculas, humeros, cubitos et radios, ossa ischion, femora, tibias et fibulas, ossa manuum et pedum, et demum omnia ossa a pede usque ad calvariam ; sed quod mirabile et notatu dignum, post tot sæcula invenimus duo femora vel femorum ossa cum rotulis suis adhuc pelle ligata ; qua de causa Dominus rever. episcopus nuncupavit omnia hæc ossa in scheleton reducta, ossa sancti Benigni ultimi horum sanctorum episcoporum hujusce urbis præsulis.

Item aliud invenimus caput cum suis maxillis et dentibus præter duo, costas et vertebras ad numerum, claviculas et scapulas, partem cartilaginis, xiphoides, humeros, radios et cubitos, ossa coccygis, femora duo cum rotulis, tibias, calcanea et quam plurima tam manuum quam pedum ossa ac phalanges, quæ omnia ossa sub nomine sancti Suacrii episcopi illust. et rev. Claudius de la Roche Aymon, Anicii episcopus, colenda proposuit.

Pariter invenimus aliud caput cum maxillis et dentibus aliquot, et omnia alia ossa corporis humani, scilicet, vertebras, claviculas, costas, humeros, radios et cubitos, ossa coccygis, femora, tibias et fibulas, calcanea, ac demum omnia, exceptis rotulis et ossibus tam carpi quam metacarpi, tarsi quam metatarsi, et maxillam inferiorem separatam quam calvariæ aptavimus ; quæ hæc omnia ossa coram rever. episcopo in scheleton reducta fuerunt, et ab ipso domino episcopo ossa sancti Aurelii nominata fuere.

Demum supra eamdem tabulam coram rever. episcopo et commissariis supradictis numeravimus et nominavimus ossa quæ subsequuntur, scilicet, caput humani corporis cum maxillis et dentibus præter quatuor, vertebras viginti quatuor, totidem costas, claviculas duo et tot scapulas, ossa duo humerorum, cubiti et ulnæ, ex quolibet brachio ossa duo, femora duo cum rotulis, ischion, portionem cartilaginis et xiphoides, tibias et fibulas, calcanea cum quam plurimis ossibus phalanges dictis, tam ex utroque pede quam ex utraque manu ; quæ ossa prædictus illust. ac rever. Anicii episcopus nomine sancti Hermentarii episcopi insignivit et a fidelibus honoranda proposuit.

Ossa vero superius enumerata et appellata, ex quibus quatuor sanctorum episcoporum corpora effinximus, nempe SS. Benigni, Suacrii, Aurelii et Hermentarii, ut nobis apparet, esse hominum magnæ staturæ enunciamus in solemne præmissorum testimonium hoc diploma aliena manu scriptum chirographo nostro munivimus Anicii Velaunorum, die 26a mensis februarii, anno reparatæ salutis 1712.

Meyronnenc, D. M., Filhol, Doron.


Et d’autant que nous n’avons trouvé aucune authentique qui put nous certifier du nom et de la qualité des saints dont ils composent le corps, nous avons conféré avec les sieurs doyen, prévot, dignités, chanoines de notre cathédrale et nos grands-vicaires et promoteur, sur ce que nous devions faire de ces ossemens. Après avoir pris leur avis, attendu que c’est une tradition immémoriale que cette église collégiale de Saint-Vosy est la dépositaire non seulement des corps de Saint-Vosy, premier évêque du Puy, de Saint-Scutaire, son successeur, dont nous trouvâmes hier les corps séparément avec leur authentique, mais encore que cette même église, possède les corps de St  Suacre, St  Hermentaire, St  Aurèle et St Bénigne, tous évêques de ce même siège, comme il paroit par les anciens bréviaires et propres des saints de ce diocèse, qui ont été imprimés depuis ; faisant attention aux images des six saints évêques du Puy, comme nous avons rapporté dans notre verbal, sur le rebord dudit autel, qui contenoit que cette pierre renfermait les corps des six saints évêques peints sur le devant de l’autel, et aux trois vers qui étoient écrits sur le rebord dudit autel, qui contenoient que cette pierre renfermait les corps desdits saints évêques du Puy, comme nous l’avons rapporté dans notre verbal de la première séance, et que d’ailleurs c’étoit une ancienne pratique de l’Église universelle de renfermer les reliques des saints dans les autels sur lesquels on offroit le saint sacrifice ; le tout mûrement considéré et examiné, nous avons ordonné que les quatre corps saints seroient mis dans quatre châsses différentes pour être exposés à la piété et à la vénération des fidèles, sous les noms et invocation de S. Hermentaire, S. Suacre, S. Aurèle et S. Benigne, et qu’on pourroit les porter dans les processions solennelles, avec les autres reliques de la même église[5]. Nous avons ensuite enfermé chaque corps des saints dans une châsse particulière et travaillée en sculpture dorée de tous les côtés, doublée en dedans d’une étoffe de soye que nous avons bénite, ayant-séparé et réservé les quatre chefs que nous avons mis dans quatre bustes de bois argentés, de figure d’évêque a mi-corps, dont nous avons scellé l’ouverture du sceau de nos armes. De plus, nous avons mis dans chaque châsse un verbal de l’élévation que nous avons faite de ces reliques et du nom des saints sous lequel elles seroient honorées, avec une copie du rapport du médecin et chirurgiens pour le nom et nombre de ces ossemens qui seroient contenus dans chaque châsse ; ayant remis l’original du rapport des médecin et chirurgiens signé de leur main dans la châsse de Saint-Vosy, nous avons fait fermer chacune de ces quatre chasses par le haut et traverser la couverture par une verge de fer passant dans deux boucles que nous avons aussi fait arrêter par une clavette aussi de fer, et nous avons fait apposer sur le tout le sceau de nos armes.

Et d’autant que outre les quatre corps saints qui ont été formés des ossemens que nous avons tirés de la susdite concavité du tombeau, et que nous avons enfermés dans quatre châsses, il restoit encore plusieurs ossemens que l’on avoit trouvés séparés des autres, nous avons fait remettre tous ces ossemens dans la même concavité du tombeau, d’où nous les avions tirés, pour y être enfermés jusqu’à ce que nous ayons quelque preuve authentique pour connoitre le nom du saint dont ils composent le corps, ou que Dieu ayt fait connaître par quelque autre moyen sa volonté.

Dont, et de tout ce que dessus, avons dressé notre procès-verbal, que nous avons fait triple ; dont l’un a été remis dans la châsse de Saint-Vosy, le second dans nos archives, et le troisième aux archives de l’église collégiale et paroissiale de Saint-Vosy. Nous avons requis MM. les doyen, prévot, dignités, chanoines de notre cathédrale, MM. le lieutenant de roy, consuls, personnes nobles et qualifiées, et plusieurs autres assistans duement appelés de vouloir attester et signer avec nous.

Claude, évêque du Puy ; De Beget, doyen ; Genestet, prévot ; Girardin, vicaire-général ; Barret, vicaire-général ; Peyret, abbé de Saint-Pierre-la-Tour ; de Roqueplan, fordoyen ; Perrin, chanoine ; D’Estival, lieutenant de roy ; Cordes, 1er consul ; André Nolhac, 2e consul ; Volhac, D’Agrain ; de Mourgues de Saint-Germain ; Genestet de Séneujol, etc.

Par monseigneur, Treveys, secrétaire.

Collationné sur l’original gardé aux Archives de l’église collégiale de Saint-Vosy, par nous soussigné, Robert, chanoine syndic, garde des Archives,

Robert.

Nous François de Béringhen, évêque et seigneur du Puy, comte de Velay, suffragant immédiat du saint siège, etc., certifions à tous ceux qu’il appartiendra que ledit sieur Robert est chanoine syndic de ladite église et que foy doit être ajoustée au présent écrit. En foy de quoy nous avons signé et fait contresigner par notre secrétaire, et apposer le sceau de nos armes.

Donné à Paris en notre hôtel, ce 1er octobre 1735.

François, évêque du Puy.
Par ordre de Monseigneur :
Rocher.


(Bibl. nat. Mss. Collection du Languedoc, t. XXXIX, fos 304 et sq.)


A. Jacotin.



  1. Évêque de 1703 à 1720.
  2. Gabriel Bergonhon né et baptisé le 7 mai 1676, était fils d’autre Gabriel sieur de Rachas, procureur du Roi en la Sénéchaussée du Puy, et de Magdeleine Genestet. (P. Mss.)
  3. Marcellin de Béget était fils de Marcellin I, seigneur de Flachas, capitaine d’infanterie en 1651 et maire de la ville du Puy en 1696, et de Marie de Saignard. (P. Mss. et Gallia Christ., t. II, col. 747.)
  4. Armand Bergonhon, frère aîné et parrain de Gabriel, le chanoine de Saint-Vosy, était né 6 avril 1666. (P. Mss.)
  5. Ces châsses qui avaient été déposées dans la chapelle souterraine de l’église de Saint-Vosy, furent ouvertes le 3 juillet 1791, sous l’épiscopat de Mgr  Galard de Terraube, qui en fit retirer un os de chaque saint pour être placé ensemble, dans un reliquaire, à la Cathédrale. (M. Aymard, Annales de la Société d’agriculture, t. XXIX, p. 560.)