Puérilités

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Les Baisers
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 11-12).




II.


PUÉRILITÉS.




 
O polkas ! — Je devins son esclave ordinaire
Un soir de « sauterie : » Amo, dis-je, ergo sum !
Depuis lors, en l’honneur de cette pensionnaire,
Tu fus fleuri de vers, Gradus-ad-Parnassum !

Une étoile daignait sourire au ver de terre !…
Deux nattes frétillaient, châtaines, sur son dos.
Un bonbon, une fleur, donnés avec mystère,
Étaient pour nos cœurs neufs les plus tendres cadeaux.


Tandis qu’elle écorchait, avec foi, les sonates
De quelque malheureux pianiste européen,
Je baisais du regard ses lèvres incarnates ;

Et, parfois, me baissant, — bonheur élyséen !
J’effleurais le ruban pommadé de ses nattes
De ma bouche d’imberbe et maigre lycéen.