Quatrevingt-treize/Notes – Manuscrit

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Texte établi par Gustave SimonImprimerie Nationale ; Ollendorff (9p. 437-450).
Notes de cette édition

LE MANUSCRIT
de
QUATREVINGT-TREIZE.


Le manuscrit de Quatrevingt-treize comprend, pour le texte publié, 416 feuillets et d’importants ajoutés, mais peu de remaniements ; les notes, nombreuses, ont servi de brouillons, et c’est presque au courant de la plume que Victor Hugo a écrit tout son roman. Il n’y a eu quelques hésitations qu’au commencement du livre premier et de la seconde partie. Les titres de chapitres sont rarement indiqués dans le manuscrit. L’écriture, large et nette, les traits de plume accusés et presque violents sont les mêmes jusqu’à la fin. Le papier de fil, grand format, est paginé par série alphabétique de A à Z, puis A2, B2, etc ; la première partie au crayon rouge, la seconde au crayon bleu, la troisième partie (moins le livre premier) au crayon noir.

NOTES EXPLICATIVES.

Dès la première page, on lit, entre parenthèses, cette note :

(Je commence ce livre aujourd’hui 16 décembre 1872. Je suis à Hauteville-House.

V. H.)
première partie
EN MER.
LIVRE DEUXIÈME. — la corvette claymore.

N. Feuillet 18. — I. Angleterre et France mêlées.

À la fin de ce chapitre il est question de la trahison d’un M. de Gélambre. Le manuscrit porte le nom de Villambre, et la note suivante nous donne la raison de ce changement de nom :

La famille Villambre existe peut-être encore. Elle est innocente de la honte de son aïeul. Pourquoi affliger cette famille ? je mettrai dans le livre publié Gélamre.

Le manuscrit étant à la Bibliothèque nationale à la disposition du public, nous avons cru pouvoir reproduire cette note malgré son caractère personnel.

O. Feuillet 19. — Tout le bas de la page est rayé et développé au feuillet suivant qui contient une description complète du costume de Lantenac.

T. Feuillet 24. — III. Noblesse et roture mêlées.

Le chiffre de ce chapitre est ajouté entre deux lignes. Les feuillets 24, 27, contenant, le premier, tout le début de la conversation de La Vieuville et Boisberthelot (voir page 22) ; le second, tout ce qui concerne le duc de Chartres et Boulainvilliers jusqu’à « Ah ! cette république ! » (voir pages 24, 25), ont été intercalés.

Q2. Feuillet 48. — VIII. 9 = 380.

Date : 1er janvier 1873.

Parmi les notes, nous avons trouvé un brouillon relatif à l’embarquement de Lantenac et du marin qui doit piloter le canot :

— Y a-t-il un homme de bonne volonté ?

— Moi, dit un matelot.

L’équipage s’écarta, interdit.

Le capitaine le regarda fixement et lui dit :

— En effet, toi seul connais les passes. Écoute. Tu es dévoué au roi. Je te connais. Tu es un bon français et un bon breton. Je te confie l’homme qui peut commander la Vendée, rétablir le trône et sauver la France. Va.

Victor Hugo a renoncé à toutes ces recommandations, trouvant sans doute plus grand et plus simple de laisser Lantenac apprendre, dans le péril, la vérité au matelot.

Sur la même feuille de papier, des notes en tous sens, et se rapportant toutes au même livre : La corvette Claymore ; puis une note spéciale : Voir s’il n’y aurait pas lieu d’appeler le vieillard : le paysan.

LIVRE TROISIÈME. — halmalo.

D2. Feuillet 62. — II. Mémoire de paysan vaut science de capitaine.

Nous reproduisons trois lignes rayées qui ont leur importance. Lantenac y dévoilait un peu son incognito :

Après les renseignements qu’Halmalo donne sur le pays, nous lisons :

Et il ajouta : — Je suis ici chez moi.

— Et moi aussi, dit le vieillard.

Halmalo le regarda, et ôta son chapeau.

Sur une page d’album, nous trouvons la raison de cet incognito. Halmalo, en apprenant plus tard le nom de celui qu’il avait sauvé, s’étonne :

— Mon seigneur ! pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ?

— Parce que je voulais que tu obéisses à Dieu et non à l’homme.

Au même chapitre, trois feuillets plus loin y un ajouté très important sur la Tourgue et son passage secret ; avant d’indiquer l’existence de cette porte tournante par laquelle, à la troisième partie, Lantenac et les siens se sauveront, Victor Hugo a hésité longtemps, car nous lisons dans ses notes :

Voir s’il ne faut pas que Halmalo et Lantenac parlent de Gauvain-la-Tour et que Halmalo dise : c’est là que je suis né, et il n’y a plus guère que moi qui connaisse la sortie souterraine.


Voir s’il ne faut pas faire dire à Halmalo qu’il connaît les châteaux, et les sorties souterraines de presque tous. Pour, plus tard, Gauvain-la-Tour.


Vers la fin du chapitre, une bonne moitié des recommandations de Lantenac à Halmalo occupe la marge du feuillet 66 et tout le feuillet 67.

LIVRE QUATRIÈME. — tellmarch.

L3. Feuillet 71. — I. Le haut de la dune.

Les onze bourgs et villages dont on parle au 6e alinéa de la page 63 étaient nommés dans le manuscrit ; les noms sont rayés, Victor Hugo ayant voulu réserver pour plus tard l’énumération des onze tocsins vus et non entendus.

M3. Feuillet 72. — La moitié de cette page est rayée et recopiée au bas du feuillet 74, après l’intercalation du passage où Lantenac entend la Flécharde et la cantinière parler au bas de la dune, en se hâtant vers la ferme d’Herbe-en-Pail où il doit le lendemain les faire fusiller.

R3. Feuillet 77. — III. Utilité des gros caractères.

Le nom de Prieur (de la Marne) remplace sur les affiches condamnant Lantenac le nom de Phélippeaux d’abord inscrit.

S3. Feuillet 78. — En marge et entre deux traits de plume cette note :

10 janvier. — La nouvelle arrive que Louis Bonaparte est mort.

X3. Feuillet 82. — IV. Le Caimand.

Dans les ratures du bas de la page, motivées par l’intercalation du feuillet 83, nous relevons quelques mots de Lantenac qui constituaient presque une promesse ; c’est sans doute pour cela qu’ils n’ont pas été conservés. Quand Tellmarch s’était nommé, le marquis reprenait :

— Je retiendrai ce nom : Tellmarch le Caimand.

Sans doute pour la même raison, ces quelques répliques de dialogue avant la séparation du marquis et du mendiant ont été biffées au feuillet 86 :

Le marquis se leva et jeta sur le lit d’ajoncs son manteau.

— Il fait chaud, dit-il, je laisse mon manteau qui n’est bon qu’à me dénoncer.

— Que Dieu soit avec vous !

— Il a été cette nuit avec moi, puisque vous étiez là. Adieu, Tellmarch.

— Adieu, monseigneur.

Le passage supprimé que nous rétablissons page 444, au chapitre Sein guéri, cœur saignant, explique ces ratures.

deuxième partie.
À PARIS.

Cette deuxième partie est, jusqu’au feuillet 175, c’est-à-dire jusqu’à l’avant-dernier chapitre, paginée par lettres alphabétiques, mais au crayon bleu, et va jusqu’à la lettre J3 (troisième série).

Pour cette partie, les titres de chapitres ont été ajoutés à l’encre rouge.

LIVRE PREMIER.— cimourdain.

A. Feuillet 104. — I. Les rues de Paris dans ce temps-là.

Ce n’est pas la première version que nous avons sous les yeux, car les deux premières lignes sont biffées et font suite à l’une des pages publiées dans le Reliquat ; il y a eu trois débuts pour cette deuxième partie, et ces trois débuts, datant du même jour, portent tous trois cette note en tête :

Aujourd’hui vingt-et-un janvier 1873, je commence à écrire cette seconde partie du livre 93.

La première de ces notes est en tête du feuillet 104 ; la seconde, biffée, au coin du feuillet iii, et la troisième au Reliquat (voir page 390).

Bbis. Feuillet 106. — Cette page semble ajoutée après les autres, en tout cas écrite avec une plume plus fine ; elle commence à ces mots : On portait des vestes bleu de tyran.

Au verso, une tête de bonhomme barbu et ces mots :

PROLOGUE. — 93.

La marge du feuillet 109 est remplie en tous sens d’ajoutés.

H. Feuillet 112. — II. Cimourdain.

Indépendamment d’un ajouté marginal important, ce feuillet offre cette particularité de s’enchaîner, six pages plus loin, au feuillet 118 ; cinq pages de détails sur le caractère de Cimourdain ont donc été intercalées.

Sous les ratures du feuillet 119 on constate une interversion du chapitre III qui devait d’abord être à la place du chapitre II.

P. Q. Feuillets 120-121. — III. Un coin non trempé dans le Styx.

Cette fin de chapitre a été recopiée d’après les ratures du feuillet 123, puis développée et mise au net.


LIVRE DEUXIÈME. — le cabaret du paon.

V. Feuillet 127. — II. Magna testantur voce per umbras.

Ce feuillet, retrouvé parmi les notes, répète à peu près textuellement les premières lignes du feuillet 127bis ; nous ne le citons que pour la note suivante :

Garder à part cette page du dialogue entre R. D. et M. écrite d’avance.

Puis, en marge, la date :

Écrit le 2 décembre 1872.


LIVRE TROISIÈME. — la convention.

R2. Feuillet 149. — I. La Convention.

Le début, rayé trois fois, en tête et en marge, puis au feuillet 150, est mis au net en marge, sous les ratures. Au coin de la page, la date : 1er février ; date répétée et rayée au feuillet suivant.

T2. Feuillet 151. — La fin de la deuxième division est en marge, et la première version ne comportait pas la troisième division ajoutée après coup, comme l’indique la première phrase (Ce qu’était la salle des séances, achevons de le dire).

Z2. Feuillet 160. — En marge des premières lignes de la cinquième division, ces notes :

(Aujourd’hui 8 février, on donne au Théâtre-Français la première représentation de la reprise de Marion de Lorme.)

(9. Les journaux annoncent que la représentation est remise au 11.)

Plus loin, en marge de la dixième division, nous trouvons la suite des notes sur Marion de Lorme :

12 février. Hier Marion de Lorme a été reprise au Français ; Paul Meurice m’envoie ce télégramme :

Paris, 11 h. du soir.

Succès immense devant un public dur de gens du monde, Favart superbe, Mounet-Sully inégal ; le reste parfait.

J3. Feuillet 175. — Après la dernière division de la Convention, nous lisons au bas du feuillet cette note :

(J’achève ces pages sur la Convention aujourd’hui 26 février, anniversaire de ma naissance. J’ai aujourd’hui soixante et onze ans.)

Feuillet 176. II. Marat dans la coulisse.

Ce chapitre a été ajouté et chiffré 1, 2, 3, 4, 5 ; il est daté en tête : 1er mars. Au deuxième feuillet, le texte a été raturé et mis au net en marge.


troisième partie.
EN VENDÉE.

LIVRE PREMIER. — la vendée.

Tout le livre premier, ajouté, est numéroté à l’encre de 1 à 16 ; la pagination alphabétique ne reprend qu’au livre deuxième qui était d’abord placé en tête de la troisième partie. Aucune division de chapitre n’est indiquée.

1bis. Feuillet 184. — Les forêts.

Ce chapitre a non seulement subi des modifications, mais il a été déplacé. Il devait, d’après une note rayée dont nous allons reproduire tout ce qui pourra en être déchiffré, commencer à cet alinéa :

À de certaines heures, la société humaine…

En marge de cet alinéa, et comme pour en indiquer la date, on lit la note suivante :

Écrit aujourd’hui 19 décembre 1872, jour où je donne à mes quarante enfants pauvres leur fête de Christmas, vêtements, linge, laine, souliers, et leurs deux arbres de Noël chargés de jouets, l’un couvert de bonshommes et de dadas pour les garçons, l’autre de poupées pour les filles. Il manque à ma petite fête mes deux petits à moi, mon Georges et ma Jeanne.

Un mois après Victor Hugo a déplacé ce chapitre et l’a fait précéder d’une page entière, puis il a écrit deux notes, l’une illisible sous les ratures, l’autre encerclée de rouge :

Cette page qui faisait partie du premier chapitre est mieux à sa place ici.

20 janvier 1873.

Puisque, définitivement, cette page est englobée dans le premier chapitre, c’est sans doute au premier livre du roman, Le bois de la Saudraie, que Victor Hugo fait allusion. Nous lisons d’ailleurs au troisième chapitre, après l’énumération des bois qui composaient le Bocage, trois mots rayés qui viennent à l’appui de notre supposition « … Le bois de la Saudraie, d’où nous sortons. »

LIVRE DEUXIÈME. — les trois enfants.

Aucun titre de chapitre sur le manuscrit.

G. Feuillet 207. — Plvs qvam civilia Bella.

Voici comment, dans la première version, finissait ce chapitre[1] :

— Combien de temps faut-il pour aller à Dol ?

À un cheval fatigué, au moins deux heures ; mais ils y sont.

— Quelle est la route ?

— Tout droit devant vous. Par Baguer-Pican vous laißerez Pleine-Fougères à votre gauche. Vous rencontrerez un chemin à droite, ne le prenez pas, il vous mènerait à Saint-Georges-de-Brehaigne, et à la mer.

Le voyageur paya, l’hôte rentra, l’auberge se referma, et quelques instants après on entendit dans les rues désertes de Pontorson le bruit décroissant du trot d’un cheval qui s’en allait vers Dol par la route de Baguer-Pican.

Tout ceci est rayé, et à la suite Victor Hugo a écrit les recommandations et les insinuations de l’aubergiste, qui éclairent le lecteur sur le caractère de Cimourdain.

K. Feuillet 211. — II. Dol.

Après le quatrième alinéa de ce chapitre vient un passage rayé dont nous reproduisons les premières lignes :

Gauvain, dans cette immense improvisation qui est la révolution française, avait été tout de suite un capitaine. Au point de vue des hommes politiques, il avait un grave défaut, la fraternité pour l’ennemi.

Suit l’énumération des actes de clémence reprochés par Cimourdain à Gauvain au chapitre : Les deux pôles du vrai. En marge de ce passage rayé, Victor Hugo a écrit ceci au crayon rouge :

Ne faut-il pas réserver ceci ? Dire plus loin (après) :

— En effet, c’est un clément.

Le fait est qu’on reprochait à G…

Puis viennent quelques lignes, non biffées, mais encerclées et accompagnées de la mention :

À réserver :

Gauvain épargnait la vie des autres, mais prodiguait la sienne. Homme de haute naissance, il avait épousé passionnément la cause du peuple, sans dépouiller pourtant le gentilhomme. Il était devenu citoyen et resté chevalier.

Nbis. Feuillet 215. — Toute cette page contient le portrait développé de l’Imânus, condensé d’abord en quatre lignes.

F2. Feuillet 232. — VI. Sein guéri, cœur saignant.

En marge du début de ce chapitre, une note encerclée au crayon rouge :

Aujourd’hui 15 mars, Julie[2]commence la copie de ce manuscrit.

H2. Feuillet 234.

Un ajouté marginal est tout entier consacré aux raisons qui empêchent Tellmarch de se renseigner sur les enfants ; cet ajouté venait en remplacement de deux pages supprimées que nous rétablissons ici en les faisant précéder des phrases employées page 196 :

Les gens du pays qu’il avait interrogés s’étaient bornés à hocher la tête. M. de Lantenac était un homme dont on ne causait pas volontiers.

Il semble qu’une idée aurait pu venir à Tellmarch. Il avait secouru le marquis dans un péril suprême ; il l’avait recueilli et peut-être sauvé ; il avait des droits sur cet homme ; le marquis était dans le pays ; la guerre était tortueuse, M. de Lantenac faisait une foule de méandres, mais il n’était pas impossible de le joindre. Pourquoi Tellmarch ne lui mènerait-il pas cette mère ? Pourquoi ne redemanderait-il pas les enfants au marquis ? M. de Lantenac lui devait bien cela.

Cela paraît simple, c’eût été insensé. Du moins dans les idées d’alors. Il y avait, dans ce temps et dans ce pays-là, entre un homme et un autre homme, des abîmes. Un service rendu était un pont jeté, mais qui devait disparaître tout de suite. Rendre service était presque une témérité. Un homme sauva la vie à une reine d’Espagne et se hâta de fuir pour n’être pas pendu. Qu’un mendiant comme Tellmarch eût rendu service à un prince comme le marquis de Lantenac, c’était déjà hardi. Oser le lui rappeler serait insolent. Il fallait attendre que le marquis s’en souvînt, et s’il ne s’en souvenait pas l’oublier soi-même. D’autant plus que vous ne sauvez pas la vie à un seigneur sans prendre avec lui quelques familiarités, et ces familiarités, qu’il a tolérées dans le moment, l’indignent plus tard. Aller jusqu’à lui demander service pour service, quelle impudence et quelle imprudence ! que dirait le marquis de cette égalité ? cela ne pourrait que l’irriter et empirer la situation. M. de Lantenac avait emmené ces trois enfants ; c’est qu’évidemment il avait un but. On avait besoin d’otages dans cette guerre-là, et évidemment il ne les avait pas pris pour les rendre. Que faire donc ? Rien, hélas ! Et puis, ajoutons ceci, que trop étreindre est malaisé à un vieillard. Il rend un service sur place ; s’il faut aller le continuer bien loin, il hésite. Il a ses habitudes, et qui a plus d’habitudes qu’un mendiant ? Un vieillard se met difficilement en route. Il se donne toutes sortes de bonnes raisons, et tâche de faire prendre le change à sa conscience ; il s’exagère son impuissance pour s’expliquer à lui-même son inaction. Ainsi est faite la nature humaine ; elle est toujours trop courte du côté du bien et ne va presque jamais jusqu’au bout d’une bonne action commencée. Tellmarch était plutôt un sage qu’un héros. Et encore était-ce un sage naïf. Il n’eût pas su dire ce que c’était que la sagesse. Tellmarch était une raison à l’état d’instinct. Il se sentait à la merci du pied de tous. La lueur qui sortait de lui ne l’empêchait pas d’être un ver de terre.

Il songeait : — Un seigneur, quand c’est dans le danger… (Voir page 197.)

En marge du premier des deux feuillets, cette annotation au crayon rouge :

Non. — Il ne peut plus marcher.

U2. Feuillet 248. — IX. Une bastille de province.

Ce chapitre, dont aucune division n’est indiquée dans le manuscrit, a été augmenté de trois feuillets intercalaires : U2bis, U2ter, U2quater ; la description de la Tourgue était loin d’être aussi complète dans la première version.

Y2. Feuillet 254. — {{T|L’enchaînement du texte rayé au bas de ce feuillet prouve que la cinquième division, La porte de fer, si importante pourtant dans la suite du roman, n’existait pas dans la première version.

E3.-F3. — Feuillets 260 et 261. — X. Les otages.

Une bonne moitié de l’ultimatum des vendéens crié par l’Imânus du haut de la tour a été ajouté en marge de ces deux feuillets.

H3. Feuillet 263. — XI. Affreux comme l’antique.

Au bas de ce feuillet, la date : 1er avril.

Au feuillet suivant, tous les souvenirs émus de Gauvain et de Cimourdain avant l’attaque de la Tourgue (voir p. 222) sont ajoutés en marge.

J3. Feuillet 265. — XII. Le sauvetage s’ébauche.

Le portrait de Guéchamp, homme de second plan, a été ajouté en marge, sans doute pour expliquer son manque d’initiative à propos de l’échelle commandée et non livrée. Quelques détails sur l’impossibilité de fabriquer au camp une échelle sont ajoutés en marge.

LIVRE TROISIÈME. — le massacre de la saint barthélemy.

Aucune division indiquée.

Rétablissons quelques lignes non rayées et qui peut-être ont été oubliées en copiant le manuscrit ; après l’extermination du grand saint Barthélemy, on lit :

Z3. Feuillet 283.

Il y eut des épisodes.

Une estampe les charma et fut un moment épargnée. Elle représentait les vaches grasses et les vaches maigres. Ceci amena une déclaration de Georgette. Gros-Alain lui demanda :

— Voudrais-tu avoir une vache ?

Elle répondit :

— Boui.

— Voudrais-tu la mener aux champs ?

— Boui.

— Avec un fouet ?

— Boui.

— En aurais-tu peur ?

— Mais non, dit-elle.

De lacération en lacération ils arrivèrent à une autre estampe au bas de laquelle on lisait : — An de Rome 739. Consulat de Livius Drusus et de Calpumim Piso. L’estampe représentait une petite Vierge Marie âgée de quatre ans. Cette figure fit rêver René-Jean, et parut éveiller en lui de tendres souvenirs. Il apostropha Gros-Alain :

— Hein, toi, tu n’as pas de bonne amie.

Et il lui tira la langue.

Gros-Alain, un peu confus, baissa la tête.

Tailler en pièces l’histoire… (Voir p. 241.)


LIVRE QUATRIÈME. — la mère.

X4. Feuillet 307. — IV. Une méprise.

Le bas de cette page et le haut du feuillet 309 sont raturés ; c’est qu’il n’y avait pas, dans la première version, de méprise ; Guéchamp ne croyait pas apercevoir au bout de sa longue-vue l’échelle, il l’attendait :

Brusquement il (Gauvain) fit signe à Guéchamp de l’approcher.

— À propos, Guéchamp, l’échelle de sauvetage ?

— Une échelle pour trois étages n’est pas facile à rencontrer. Nous n’avions pas le temps de la fabriquer, n’ayant que si peu d’heures devant nom et tant d’autres soins à prendre. On a fini par en trouver une.

Où ?

À Larchampy. Il a fallu aller jusque-là.

L’a-t-on ?

Pas encore.

Comment ?

— On l’a réquisitionnée, on l’a mise sur une charrette, elle est partie ce matin, sous bonne escorte, de Larchampy. Elle devrait être arrivée.

Et elle ne l’est pas ?

Non. Mais elle ne peut tarder.

— C’est que le temps presse. Nous ne pouvons différer l’attaque. Les gens de la tour croiraient que nous reculons.

— Mon commandant, évidemment l’échelle va arriver. Je l’attends d’un moment à l’autre. On peut attaquer.

Ce dialogue rayé, Victor Hugo a intercalé le feuillet 308, où l’attaque n’est décidée qu’après que Guéchamp croit avoir vu l’échelle à un quart de lieue du camp.

VI. Situation.

Feuillet isolé donnant une autre version du début du chapitre VI :

L’inexorable tenait l’impitoyable.

Le résultat de l’assaut qu’on allait livrer ne pouvait sembler douteux à personne.

Quatre mille cinq cents contre dix-neuf.

Cimourdain, sinistrement content, n’avait plus, il se le disait dans sa rêverie sereine et farouche, que la main à étendre pour saisir Lantenac.

Cette fois, certes, rien ne l’empêcherait d’accomplir son devoir. Il y allait du salut même de la république. Salut de la république, perdition de la Vendée : deux synonymes. Cimourdain entendait consommer, par l’anéantissement du chef, l’anéantissement de l’insurrection. Il entendait que l’effet fut décisif par la grandeur même du lieu choisi. Il entendait faire un effrayant exemple du Gauvain rebelle devant le manoir des Gauvain ; il entendait que le vieux berceau gothique vît l’échafaud républicain ; cette tour, cet immobile colosse de la guerre, cette momie de granit, c’était le passé, c’était le passé pétrifié assistant au présent terrible, et c’est en présence de la féodalité que Cimourdain voulait affirmer la révolution. C’est pourquoi il avait envoyé chercher à Fougères la guillotine. On l’a vue en route.

Voici une autre page isolée, qui aurait dû, si ce développement n’avait pas été supprimé par Victor Hugo, prendre la place de ces mots du chapitre VI :

L’Imânus, du haut de la tour, surveillait l’approche des assiégeants. (Voir p. 262.)

Le retentissement du coup de canon durait encore, et Brisebleu[3], en observation dans la guérite-vedette, l’écoutait continuer dans les profonds échos des plaines, quand brusquement une pierre s’abattit à ses pieds sur la plate-forme de la tour. Cette pierre venait du camp qui était sut la lisière de la forêt ; elle avait été lancée par une fronde, et fort adroitement, car elle était venue tomber avec beaucoup de précision sur le sommet du donjon où était Brisebleu. Brisebleu porta cette pierre à M. de Lantenac. Elle avait une enveloppe cerclée d’une ficelle ; on coupa la ficelle et l’on déploya l’enveloppe, qui se composait de deux feuilles de papier ; l’une était l’affiche de mise hors la loi lue et tambourinée en ce moment-là même par le crieur public dans tous les villages du pays de Fougères, l’autre était un placard écrit à la main et ainsi conçu :

« Camp devant la Tourgue, 18 août 1793.
« De par la loi

« Le ci-devant marquis de Lantenac sera exécuté demain 20 août.

« L’échafaud sera dressé devant la porte du ci-devant château de la Tourgue.

« Le délégué soussigné assistera à l’exécution.

Cimourdain. »

Cet envoi avait été fait par ordre de Cimourdain. Il tenait à ce que ceux qui devaient mourir fussent informés.

Le marquis de Lantenac fit clouer les deux placards sur le mur de la salle basse de la tour, et fit accrocher au-dessus une lanterne allumée, afin que tous pussent les lire.

P5. Feuillet 325. — X. Radoub.

La fin du chapitre, à partir de : « Gauvain, aussi surpris qu’eux-mêmes… », a été ajoutée après que Victor Hugo eut barré quelques lignes qu’on retrouve au chapitre suivant.

A6. Feuillet 335. — XIV. L’Imânus aussi s’évade.

La première version de la fin de ce chapitre est barrée. La rature prend après la signature de Lantenac sur la pierre tournante :

Cimourdain parut foudroyé. Il s’écria :

— Évadé ! Je croyais la Vendée morte, la voilà vivante. Lantenac sorti d’ici, c’est Pitt entré en France. Avant un mois l’Angleterre aura la Bretagne.

Et tordant et mêlant ses doigts dans ses poings crispés jusqu’à faire craquer ses jointures, il ajouta :

— Oh ! si je remets la main dessus, cette fois-là, Gauvain, mon fils, mon enfant, je le jure sur ta tête, il n’échappera pas !

Au-dessous du passage rayé, la date : 1er mai.

Le feuillet suivant, contenant la version publiée, a été ajouté.

E8. Feuillet 339. — XV. Ne pas mettre dans la même poche une montre et une clef.

C’est un ajouté en marge qui a fourni ce titre. Assez avant dans le chapitre, nous lisons dans le manuscrit cette phrase : Il remit sa montre dans sa poche ; les deux derniers mots sont rayés, et la phrase publiée page 293 est écrite en marge ; c’est en effet cette simple réflexion : la grosse clef de la porte de fer pourrait casser le verre de montre, qui, au moment opportun, rappelle au marquis de Lantenac qu’il a sur lui le moyen de sauver les trois enfants.

LIVRE CINQUIÈME. — in dæmone deus.

V6. Feuillet 357. — III. Où l’on voit se réveiller les enfants qu’on a vus se rendormir.

Vers la fin de ce chapitre, une note en marge :

10 mai. Il me survient un incident. Uns épine m’est entrée dans le talon. Je suis forcé de continuer assis ce livre que j’ai écrit debout. Je tâcherai de m’interrompre le moins possible, Deo volente.

LIVRE SIXIÈME. — c’est après la victoire qu’a lieu le combat.

La page de titre du livre sixième porte le titre du livre septième.

Le premier chapitre et la moitié du second ont été fort travaillés, les marges sont remplies de développements, mais sous les ratures, nombreuses, on lit le texte repris et utilisé plus loin ; au feuillet 371, vers le milieu du second chapitre, cette note :

Aujourd’hui 19 mai mon pied est guéri ; je me remets à écrire debout.

LIVRE SEPTIÈME. — féodalité et révolution.

En tête du chapitre iv de ce livre, la date : 1er juin.

V8. Feuillet 408. — VI. Cependant le soleil se lève.

En regard de la description de la guillotine, Victor Hugo en a esquissé le croquis.

Après le trait final, cette dernière note :

(Je finis ce livre aujourd’hui 9 juin 1873, à Hauteville-house, dans l’atelier d’en bas, à midi et demie.)


Nous avons feuilleté avec soin les volumes d’épreuves, légués par Paul Meurice à la Maison de Victor Hugo, et contenant les corrections et les bons à tirer de Victor Hugo pour Quatrevingt-treize. Nous en reproduisons ci-dessous une page où se trouve affirmée la volonté du poète :

quatrevingt-treize.

— Brûlons l’échelle, crièrent les paysans.
Et ils brûlèrent l’échelle.
Quant à la funèbre charrette qu’ils atten-
daient, elle suivait une autre route et elle était
déjà à deux lieues plus loin, dans ce village
où Michelle Fléchard la vit passer au soleil
levant.

  1. Les mots en italique sont rayés dans le manuscrit. (Note de l’éditeur.)
  2. Julie Chenay, sœur de Mme  Victor Hugo. (Note de l’éditeur.)
  3. Sur le manuscrit, en surcharge au nom de Brisebleu, vient toujours le nom de l’Imânus ; on se rappelle que c’est le même personnage. (Note de l’éditeur.)