Quelques Odes de Hafiz/10

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Traduction par A.L.M. Nicolas.
Ernest Leroux (Bibliothèque orientale elzévirienne, LXXIIIp. 49-51).
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X


Quel est celui qui se chargera de porter ma supplique à ma reine et osera lui dire : par égard pour ta souveraineté, ne chasse pas loin de tes regards ce pauvre mendiant ?


Je cherche constamment refuge auprès de Dieu contre mes rivaux, dans l’espoir que le Chouhab, avec sa flèche acérée, viendra au secours de la pauvre Souha[1].


Tu n’as qu’à dévoiler ton beau visage pour enflammer tous les cœurs ! Mais quel peut être ton profit, dis, à agir ainsi sans modération ?


Si tes noirs sourcils te suggèrent l’idée de ma mort, défie-toi, ô beauté ravissante, de leurs conseils trompeurs et mets fin à tes erreurs.


Je passe toutes mes nuits dans l’espoir que le zéphyr du matin m’apportera une de ces nouvelles qui, embaumées du parfum de l’amour, viennent réjouir le cœur de l’ami qui attend !


Pour l’amour de Dieu, verse une gorgée de vin à Hafiz, lui qui est si matinal, afin que sa prière du matin puisse avoir quelque effet favorable[2].


  1. Le Chouhab est une étoile filante qui s’élance du haut de l’éther pour empêcher le démon de monter aux cieux et de se mêler des choses célestes. Le Souha est une petite et mesquine étoile à laquelle, par humilité, se compare notre poète. Il espère que le Chouhab le préservera du mal que ses rivaux, qu’il compare à des démons, pourraient faire à son cœur enflammé d’amour.
  2. D’autres manuscrits donnent : « Quel est donc, ô amour de mon âme, ce trouble, ce désordre que tu as jeté dans tous les cœurs ? Tu possèdes un visage dont l’éclat éclipse celui de l’astre des nuits et avec cela tu as un cœur de pierre. »