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Quelques poèmes français de Louisa Paulin/Le bohème des bonheurs perdus

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Le bohème des bonheurs perdus


Non, ce n’est pas ta jeunesse
que je pleure.
J’aurais voulu t’aimer à l’heure
où la vie blesse,
à cette heure où l’on sait enfin que l’on est seul.
Oui, c’est alors que je serais venue
moi, l’inconnue
qui dormais dans ton cœur.

J’aurais eu ton regret pris au filet du rêve
quelquefois, quand tu aurais eu soif d’eau bleue,
j’aurais eu la caresse
de tes mains sur mes yeux
quelquefois, quand tu aurais eu faim de tendresse.

Assise à tes pieds, dans ton ombre
j’aurais été la timide sœur de tes songes
et tu les aurais baisés sur mon front.

J’aurais eu le secret frisson
de ta voix
prise à la magie d’un poème
alors, j’aurais su que tu m’aimes…

Et tu aurais su que je t’aime
à ma joue effleurant tes doigts…


Fin décembre 1937.