QUI PAR FORTUNE
Air : Est-il de plus douces odeurs.
Qui par fortune trouvera
Nymphes dans la prairie,
Celle qui tant plus lui plaira,
Tenez, c’est bien ma mie ;
Si quelqu’une vient à danser,
Et d’une grâce telle,
Qu’elle ne fait les fleurs verser,
Eh bien, c’est encore elle.
Si quelqu’un dit, avec serment,
Je donnerais ma vie,
Pour être aimé rien qu’un moment ;
Tenez, c’est de ma mie :
Si quelque autre fuit sans espoir
La Nymphe qu’il adore,
Content du charme de la voir,
Eh bien, c’est elle encore.
Églé vint aux jeux de Cérès,
Et fut d’abord suivie ;
Églé revint le jour d’après,
On ne vit que ma mie :
Si quelque Nymphe a le crédit
D’être toujours nouvelle,
A vos yeux comme a votre esprit ;
Tenez, c’est toujours elle.
L’autre matin, sous ces buissons,
Une Nymphe jolie
Me dit : J’aime tant vos chansons ;
Je dis : C’est pour ma mie :
Pour célébrer ses doux attraits,
Fait-on chanson nouvelle,
En y songeant, l’instant d’après
On chante encor pour elle.
Je lui sais maint adorateur,
Et n’en ai jalousie ;
Amour a mis tout mon bonheur
Dans celui de ma mie :
Que servirait de m’alarmer ?
La chose est naturelle ;
Amour l’a faite pour charmer,
Et nous pour n’aimer qu’elle.
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Moncrif.