Quinze centimes

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Chez Léon Vanier, éditeur (p. 65-66).


QUINZE CENTIMES



Lœil vairon et le nez de pustules fleuri,
Sous l’effrayant amas de son bonnet à coques,
La buraliste, au seuil de l’odorant abri,
Exhale sa douleur en mornes soliloques :

— « Injuste sort ! Devant cet Odéon banal.
Me faudra-t-il, sans cesse, aux heures taciturnes,
Offrir aux vieux messieurs des carrés de journal,
Ô Casimir ! tandis que sonnent tes cothurnes !


Moi qui connus Ponsard et feu Scribe, ô regrets !
Dois-je rincer l’amphore où le client s’épanche ?
Malpropres les bourgeois autant que des gorets !

Et cuire ma boubouille au fond des lieux secrets
Sans connaître jamais l’espoir d’un beau dimanche ?
« Dieux ! que ne suis-je assise à l’ombre des forêts ! »