Quoique nous le voyions fleurir devant nos yeux

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Mercure de France (p. 11-12).

II


Quoique nous le voyions fleurir devant nos yeux

Ce jardin clair où nous passons silencieux,
C’est plus encor en nous que se féconde
Le plus candide et doux jardin du monde.

Car nous vivons toutes les fleurs,
Toutes les herbes, toutes les palmes
En nos rires et en nos pleurs
Le bonheur pur et calme.

Car nous vivons toutes les transparences
De l’étang bleu qui reflète l’exubérance
Des roses d’or et des grands lys vermeils,
Bouches et lèvres de soleil.


Car nous vivons toute la joie
Dardée en cris de fête et de printemps,
En nos aveux, où se côtoient
Les mots fervents et exaltants.

Oh ! dis, c’est bien en nous que se féconde

Le plus joyeux et doux jardin du monde.