Flatteur, quand ta muse vénale
D’un maître altier fait l’objet de tes chants.
Alors que ta lyre banale
Va ramper aux pieds des tyrans ;
Sur les bords du lac de Genève,
Ma voix plus librement s’élève,
Son élan n’est point arrêté.
De l’Helvétie, ô ma patrie !
Moi, je chante la liberté.
Quand par des tyrans avilie,
L’Europe esclave agite en vain ses fers ;
Quand le despotisme en furie,
Parcourt, en grondant, l’univers ;
Du sein riant de ses campagnes,
Jusqu’au sommet de ses montagnes,
Le Suisse dit avec fierté :
De l’Helvétie, ô ma patrie !
Moi, je chante la liberté.
Liberté, reine de nos âmes,
Lorsque des rois enchaînent ton autel,
Embrase toujours de ta flamme
Les cœurs des descendants de Tell.
Accours, Déesse fugitive,
Puisse à jamais sur cette rive
Chacun dire avec vérité :
De l’Helvétie, ô ma patrie !
Moi, je chante la liberté.