Répertoire national/Vol 1/Le Canadien

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Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 205-207).

1832.

LE CANADIEN.

CHANSON.


Air : Mon père était pot.


Le Canadien traître à sa foi
        Aurait-il la manie,
D’oublier les mœurs et la loi,
        De sa belle patrie ?
        Non que la gaité
        Et l’urbanité
Règnent sur nos rivages :
        Que chanson d’amour,
        En ce joyeux jour,
        Rappellent nos usages.

Parlerais-je de ces écrits,
        Qui remplissent la presse,
Et ne font qu’aigrir les esprits,
        Dans ces jours d’allégresse ?

        Que nos marguilliers,
        Ou nos tenanciers
Gouvernent les fabriques ;
        Cela m’ennui’ fort,
        Et souvent m’endort ;
        La peste des rubriques !

Qu’un autre vante les attraits
        Des filles d’Hybernie ;
Ou que l’anglaise, de ses traits,
        Le mène à la folie ;
        Pour moi le maintien,
        Le doux entretien
De ma concitoyenne ;
        Ses yeux, sa douceur,
        Enchaînent mon cœur :
        Vive la Canadienne !…

Le sol a produit ses héros,
        Il est peuplé de braves :
Il n’est sur terre aucuns drapeaux
        Pour nous tenir esclaves.
        Dans plus d’un endroit,
        Plus de maint exploit
En est preuve brillante ;
        Et de Chateaugay
        Le jour signalé
        Le souvenir m’enchante.

Honneur à nos législateurs !
        Que de travaux utiles…
Enfin nous voilà donc vainqueurs
        De tous ces imbéciles,
        Dont le fiel malin,
        Et l’orgueil hautain,
Voulaient sous leur domaine,
        Et nous asservir,
        Et nous abrutir :
        Leur espérance est vaine.

Ô mon pays ! sois florissant,
        Que tes jours soient prospères…
Ne pli’ jamais ton front naissant,
        Sous les mœurs étrangères…

        Sans soins, sans soucis,
        Les jeux et les ris,
Feront notre partage ;
        Et que nos neveux
        Soient toujours joyeux,
        Jusqu’à leur dernier âge.