Répertoire national/Vol 1/Le Juste Milieu

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Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 275-277).

1835.

LE JUSTE MILIEU.

L’on exagère en ce bas monde,
Et l’homme est entier dans son goût :
L’un ne voit de beau que la blonde,
Pour un autre la brune est tout.


L’un singeant la philosophie,
Se rengorge dans son savoir,
Prétend que femme n’est jolie,
Que méditant un livre noir.
        Je préfère à tous ces systèmes,
        Le plus grand, le plus précieux :
        Amis ! évitons les extrêmes…
        C’est toujours bien moins périlleux !

Si l’on voit se faisant la guerre
Les ultras et les libéraux,
Du moins on ne me verra guère
Disputer avec ces héros.
C’est différent près d’une belle,
J’aspire à pouvoir me trouver
Ultra, dans mon amour pour elle,
Libéral, s’il faut le prouver.
        Je préfère à tous ces systèmes,
        Le plus grand, le plus précieux :
        Amis ! évitons les extrêmes…
        C’est toujours bien moins périlleux !

Le classique et le romantique
Doivent ennuyer Apollon ;
L’incrédule et le fanatique >
Font souvent rougir la raison.
Et morale et littérature,
Cela même est exagéré ;
Je crois que jusqu’à la nature
Ce siècle a tout dénaturé !
        Je préfère à tous ces systèmes,
        Le plus grand, le plus précieux :
        Amis ! évitons les extrêmes…
        C’est toujours bien moins périlleux !

Le pauvre n’est jamais tranquille,
Le riche est rarement joyeux,
Un ignorant est inutile,
Un savant peut être ennuyeux.
Le vrai bonheur, suivant Horace,
Est dans la médiocrité ;
C’est là que j’ai trouvé ma place ;
Aussi j’y suis toujours resté.

Je préfère à tous les systèmes
Le plus grand, le plus précieux :
Amis ! évitons les extrêmes…
C’est toujours bien moins périlleux !

N. Aubin..