Rêveries d’un païen mystique/Circé
Apparence
Rêveries d’un païen mystique, Texte établi par Rioux de Maillou, Georges Crès et Cie, éditeurs, (p. 123).
CIRCÉ
Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,
Pour dompter les plus forts, elle n’a qu’à sourire.
Les magiques lueurs de ses yeux caressants
Versent l’ardente extase à tout ce qui respire.
Les grands ours, les lions fauves et rugissants
Lèchent ses pieds d’ivoire ; un nuage d’encens
L’enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,
La Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.
Sous le joug du désir, elle traîne à sa suite
L’innombrable troupeau des êtres, les charmant
Par son regard de vierge et sa bouche qui ment,
Tranquille, irrésistible. Ah ! maudite, maudite !
Puisque tu changes l’homme en bête, au moins endors
Dans nos cœurs pleins de toi la honte et le remords.