Race et milieu social/L’origine des Aryens
L’ORIGINE DES ARYENS.
Les revues scientifiques ont publié une quantité d’articles qui avaient la prétention d’éclaircir la question aryenne, mais qui me paraissent avoir surtout produit le résultat inverse. Il me semble que l’obscurité vient surtout de ce qu’on ne s’entend pas sur la valeur de mots qui, détournés de leur signification primitive, sont maintenant bien près de n’en avoir aucune, tant elle devient vague. Partisan très actif de l’origine européenne et occidentale de la race blonde et de son identification avec les premiers auteurs de la culture aryenne, j’ai contribué sans le vouloir à créer cette équivoque. Je voudrais arriver à la dissiper.
Le titre d’Aryens est historiquement applicable aux Indo-Iraniens seuls. Ceux-ci étaient loin de former la partie la plus pure, au double point de vue morphologique et sociologique, de la race que nous appelons aryenne. C’est pourquoi je crois préférable de laisser le terme d’Aryen à l’histoire et à l’ethnographie, et de lui conserver son sens strict, plutôt que de continuer à l’étendre comme on l’a fait, d’abord en philologie d’un sous-groupe à un groupe entier de populations parlant des langues apparentées et pratiquant des coutumes analogues, et ensuite en anthropologie à la race qui paraît avoir joué chez ces peuples le rôle de ferment. En regardant comme démontré ce qui est encore discuté, à savoir que les langues et les idées aryennes sont nées dans une tribu où dominait la race blonde et sous l’influence de son génie propre, faire remonter, d’une partie des peuples conquis au premier noyau des conquérants, un nom ethnique plus récent d’un nombre considérable de siècles, c’est à peu près comme si l’on voulait dans dix mille ans appeler les Français d’aujourd’hui Dahoméens, parce que l’Afrique serait en grande partie devenue, c’est une pure hypothèse, française de mœurs et d’institutions.
Il conviendrait de s’entendre pour adopter désormais dans le langage précis la terminologie suivante : Aryens, les Indo-Iraniens primitifs ; langues aryennes, institutions aryennes, les langues et les institutions de ces peuples et de leurs descendants immédiats ; Indo-Européens, les peuples, d’origine quelconque, qui ont fait usage de ces langues, et de ces institutions, mais à partir seulement du moment où cet usage a commencé chez eux. La terminologie ainsi rétablie, on arrive à s’apercevoir que le problème aryen n’existe pas et qu’il y avait simplement logomachie. On se trouve en face des questions suivantes auxquelles il est plus facile de répondre dès que l’esprit n’est plus tiraillé par les acceptions multiples et discordantes des termes.
Quel a été le berceau des langues et des institutions indo-européennes ? Question d’histoire et de philologie, à laquelle on est actuellement porté à répondre : l’Europe.
Ces langues et ces institutions paraissent-elles avoir été particulièrement propres à certains peuples caractérisés par la prédominance d’une race, et laquelle ? Autre question d’histoire et de philologie à laquelle on est obligé de répondre : oui, la race dolichocéphale blonde. En effet il n’y a pas de peuple où cette race domine qui fasse usage de langues ou d’institutions non-aryennes, tandis que les peuples où cette race ne domine pas font en partie usage de langues ou d’institutions d’un autre groupe, en ont fait usage à une époque historique rapprochée (partie de la Russie et de l’Allemagne), ou paraissent en avoir fait usage dans l’antiquité (Gaule, Espagne).
L’évolution qui a produit ces langues et ces institutions a-t-elle eu pour point de départ un peuple où la race blonde avait la supériorité soit numérique, soit sociale ? et paraît-elle le fruit du génie de la race ? Question délicate, car il faut juger d’après des probabilités seulement, mais à laquelle il est permis de répondre : oui.
Quel a été le berceau de la race dolichocéphale blonde ? Question d’archéologie préhistorique et de physiologie. Réponse : c’est la région où le type ostéologiquement le plus voisin du type dolichocéphale blond s’est trouvé soumis aux conditions météorologiques nécessaires pour le réduire à un état voisin de l’albinisme.
Où doit être localisé ce berceau? Le type dolichocéphale blond se rattachant par le squelette aux races quaternaires et néolithiques de l’Europe occidentale, son berceau ne peut être cherché qu’en Europe ; les conditions nécessaires d’inactinisme et d’humidité permanente qui ont déterminé sa décoloration ne se sont trouvées réalisées que dans la région voisine de la Mer du Nord, à la fin du quaternaire, et mieux encore dans la partie de cette mer alors exondée.
On arrive ainsi aux propositions suivantes :
Le type dolichocéphale blond, H. Europaeus Linné, abusivement appelé aryen, s’est développé dans le N. O. de l’Europe, telle qu’elle était à la fin des temps quaternaires, par l’action des milieux sur les races dolichocéphales indigènes, ou sur une seule de ces races. Il s’est fixé par un long séjour dans ces régions. Il en est sorti par des émigrations successives à mesure que le sol s’engloutissait sous ses pieds.
Les langues et les institutions indo-européennes se sont formées quelque part en Europe sous l’action du génie de la race blonde. Cette formation est de date relativement récente, et si les blonds ont apporté de leur primitive patrie une langue proto-aryenne, elle était à un stade d’évolution qui ne permettrait probablement pas d’en reconnaître la nature. On sait la rapidité avec laquelle varient les langues non écrites. L’état des langues indo-européennes prouve d’autre part leur origine récente.
Les langues et les institutions indo-européennes ont été ensuite implantées dans les deux tiers de l’Europe et dans une petite partie de l’Asie, par les conquêtes des peuples qui en faisaient usage. Un peuple passé probablement d’Europe en Arménie par la mer Caspienne, ou Asiatique mais conquis par des Européens, a porté les langues et les institutions indo-européennes dans l’Inde. À ce rameau seul appartient le nom d’Aryen.
Tout s’éclaircit donc dès qu’on n’embrasse plus ensemble la question d’origine des langues aryennes et celle de la race blonde, dès qu’on ne confond plus les peuples indo-européens avec les blonds, conquérants d’abord, puis absorbés et devenus classe dirigeante chez des peuples de race différente.