Rational (Durand de Mende)/Volume 2/Quatrième livre/Chapitre 28

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 2p. 174-175).


CHAPITRE XXVIII.
DE L’ABLUTION DES MAINS.


I. Avant que le prêtre offre le corps et le sang du Christ, il se lave une seconde fois les mains, quoique déjà une première fois il se les soit lavées en revêtant ses habits, comme on l’a dit au chapitre iii de ce livre. Il se les lave encore après le second encensement, afin que, de plus en plus purifié, il offre à Dieu une hostie immaculée, sainte et agréable. Car le Psalmiste, après avoir été purifié, demandait à être encore purifié davantage, en disant : « Lave-moi de plus en plus de mon iniquité « et purifie-moi de mon péché. »

II. Et il lave toujours ses mains au côté droit de l’autel, car le côté droit signifie la prospérité, et le gauche l’adversité. Or, on pèche plus dans la prospérité que dans l’adversité, selon cette parole du Psalmiste : « Mille tomberont à ton côté (le côté gauche), et dix mille à ta droite. » C’est donc à juste titre que le prêtre se lave les mains plutôt à droite qu’à gauche.

III. Donc, le prêtre qui va offrir l’hostie se lave les mains pour marquer qu’il doit laver et purifier sa conscience par les larmes de la pénitence et de la componction, selon cette parole : « Je laverai toutes les nuits mon lit de mes pleurs, j’arroserai de mes larmes le lieu où je suis couché. » C’est pour cela que le prêtre dit encore : « Je laverai mes mains, c’est-à-dire mes actions, dans la compagnie des innocents. » Et Isaïe : « Lavez-vous et purifiez-vous. » Car le Christ, avant d’offrir, sur l’autel de la Croix, le véritable et unique sacrifice, plein de commisération, versa des larmes pour ressusciter Lazare, au témoignage de l’Evangéliste : « Jésus, dit-il, frémit en son esprit, se troubla lui-même et pleura. » Le prêtre lave encore ses mains pour ne pas se rendre coupable du corps et du sang du Seigneur, selon cette parole : « Mes mains sont pures du sang de cet homme. » Et lui, c’est afin que ses mains soient pures du pain terrestre ou des désirs de la terre, après avoir reçu l’offrande du peuple.