Ravensnest/Note de l’éditeur

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Ravensnest ou les Peaux-Rouges
Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Perrotin, Pagnerre (Œuvres, tome 27p. 357-358).

NOTE DE L’ÉDITEUR.


Ici se termine le manuscrit de M. Hughes-Roger Littlepage-Junior. Des motifs de convenance l’ont probablement empêché de raconter les événements plus récents qui ont suivi. C’est donc à nous d’ajouter quelques mots.

Jaaf est mort il y a environ dix jours, déclamant jusqu’à la fin contre les Peaux-Rouges, et parlant de ses jeunes maures et maîtresses tant qu’il a respiré. Quant à ses propres descendants, on ne l’avait pas entendu s’en occuper depuis une quarantaine d’années.

Susquesus vit encore, mais les Indgiens ont disparu. L’opinion publique a enfin anéanti cette tribu ; et il est à présumer que leurs masques de calicot ont été transmis à de certains hommes politiques parmi nous, qui les trouveront utiles pour cacher leurs figures lorsque viendront les regrets et la honte qui doivent être la conséquence nécessaire de leur conduite.

Littlepage et Mary Warren ont été mariés, il y a peu de jours, à l’église Saint-André. Nous avons rencontré notre jeune héros dans le cours de ses visites de noces, et il nous a assuré qu’avec une telle compagne, il était prêt à fixer son domicile dans quelque partie que ce fût de l’Union ; et qu’il avait choisi Washington, afin d’être plus favorablement situé pour essayer la validité des lois des États-Unis vis-à-vis de la capricieuse législature de New-York. Il a l’intention formelle de soulever et de faire résoudre toutes les questions qui se rapportent aux contrats de louage, aux baux et aux droits des propriétaires. Nous ne pouvons que faire des vœux pour qu’il réussisse, car nous sommes profondément convaincus que les plus précieuses de nos institutions ne peuvent être sauvées de la destruction que par l’anéantissement total de cet esprit de cupidité qui menace d’éteindre en nous tout sentiment de droit et de morale.

À nos yeux, l’Orégon, le Mexique et l’Europe réunis contre nous, n’offriraient pas à notre nation la moitié autant de dangers que ceux dont la menace un ennemi qui est au cœur de l’État, et qui poursuit ses funestes projets au nom de la liberté, tandis qu’il jette en effet les fondements de la plus atroce tyrannie.

J’oubliais d’ajouter que M. Littlepage me dit en nous séparant, que s’il échouait à Washington, il se retirerait à Florence, où il pourrait résider parmi les autres victimes de l’oppression, avec l’avantage d’être admiré comme un proscrit de la tyrannie républicaine.


fin de ravensnest.